V O Y A G E D E L ’A S T R O L A B E .
Pi. C C .
que je perdis l’espoir de gagner au v e n t, et je crus
qu’il valait mieux relâcher à Caïeli, où nous pourrions
trouver toutes sortes de rafraîchissemens pour nos
malades, que de continuer à lutter péniblement contre
un vent contraire.
En conséquence, je laissai porter sur la pointe
Rouba; nous donnâmes dans la rade, et, à une heure
après midi, nous laissâmes tomber l’ancre par trente-
cinq brasses, fond de sable vasard, devant le fort
Défense. Au même instant, M. Jansens, résident de
Bourou, montait à bord. Sa figure, d’abord soucieuse
et contrainte, se dérida en voyant nos lettres de re commandation
, et devint tout-à-fait radieuse à l’aspect
de la traduction en hollandais des mêmes lettres
faite à Amboine et visée par le gouverneur. Après
nous avoir félicités sur notre arrivée et nous avoir
offert ses services, il ne nous dissimula pas que, sans
ces deux pièces, il eût été fort embarrassé de notre
présence, et peut-être obligé de nous signifier l’ordre
de remettre à la voile sur-le-champ. Cet aveu ne
nous surprenait pas : car nous n’avions pas oublié la
peine que son prédécesseur avait eue à nous souffrir
sur sa rade en 1824, malgré la lettre de son souverain.
Bien que iVI. Jansens ne parle que le hollandais, ce
qui rend nos communications difficiles et bornées,
j ’ai compris dans ce qu’il m’a dit que M. Merkus
était de retour à Amboine depuis le mois de février
dernier, mais qu’il allait en repartir incessamment.
M. Paape était résident à Hila, M. Vauturs à Banda,
M. Pietermatt à Manado. Une colonie composée de
vingt-cinq soldats, avec leurs femmes, venait de mettre
à la voile pour s’établir sur un point de la Nouvelle
Guinée. M. Jansens administre Bourou et Ara-
blou. Cette dernière île ne compte que cinq cents
habitans, et la petite-vérole y causa tout récemment
de tels ravages, que tous ceux qui n’en furent pas
atteints s’enfuirent à Bourou pour l’éviter. Le rajah
et toutes les personnes de sa famille se trouvaient encore
en ce moment chez M. Jansens. On compte à
Bourou sept mille huit cents habitans, dont deux mille
sont des Harfous. Ceux-ci habitent l’intérieur et les
montagnes, tandis que tous les Malais sont établis
sur le rivage. Les deux peuples sont très-doux et
très-faciles à gouverner. Quatre ou cinq mosquées
avec leurs minarets pointus annoncent à l’instant
l’influence de l’islamisme chez les Malais.
1828.
Juin.
Pl. cxc.
Toute la matinée fut consacrée à nous haler plus i juillet.