lâchement fit autour plusieurs décharges de mousqueterie pendant
que la corvette .saluait de vingt-un coups de canon. Les
habitans effrayés se retirèrent dans leurs villages et s’armèrent
de leurs arcs. Mais bientôt les deux principaux vinrent à bord,
non sans avoir quelques craintes qui furent promptement dissipées.
Ils s’avancèrent d’un air soumis, prirent la main du
commandant qu’ils flairèrent en signe d’amitié et semblaient
dire : Que voulez-vous de nous? M. d’Urville leur fil dire
par l ’interprète que ce petit édifice était en l’honneur de notre
Dieu , A to u a . (Jamais on ne put leur en faire concevoir le vrai
b u t); qu’il le plaçait sous la sauve-garde des chefs du v illa g e ,
et que, s’il était détruit, on viendrait les punir de cette mauvaise
action.
{E x tra it du Journal de M . Quoy.)
Le i 5 février 1828, à n eufheures et demie du m alin ,
VAstrolabe naviguant paisiblement en vue de Vanikoro ,
M. d’Urville expédia sur cette île le grand c an o t, armé en
guerre, sous les ordres de MM. Lottin et Paris. Le commandant
me chargea spécialement de prendre des renseignemens
sur la position précise de Vanou, de Pa you , et du mouillage
d’O c ili, dans la haie de Té v ai, où était venu le navire du capitaine
Dillon. I l me recommanda également de m’informer
du lieu du naufrage de Lapérouse et de la direction dans laquelle
se trouvait l’île de Taumako.
A midi et demi, uous étions au milieu de l’entrée de la baie.
Lorsque nous eûmes pénétré plus avant, une pirogue vint vers
nous, en agitant un pavillon blanc. Nous répondîmes de la
même manière, et bientôt six pirogues, chargées de co co s , de
bananes, de taros, e tc ., et montées chacune par trois ou
quatre hommes armés d’arcs et de flèches , vinrent nous
trouver.
Nous avions pour interprètes l ’Anglais Hambilton et Brini-
Warou , natif de Houvéa, île située près de Tonga-Tabou.
A peine la première pirogue nous a-t-elle accostés, qu’un vieil
Yinsulaire
, dont la tête était couverte de feuillages, nous dit
être le chef de Vanikoro, et.se nommer Néro. M. Lottin et
moi nous lui fîmes présent de deux mouchoirs; il en mit un
à son cou, et l ’autre autour de sa tête. Nous lui donnâmes
aussi des hameçons, des pendans d’oreilles et une hache que
le commandant lui envoyait. Il nous dit que le village de
droite, nommé T é v a i, était le lieu de sa résidence. Nous l’engageons
à venir dans notre canot, ce qu’il fait sans difficulté.
Où est Ocili? lui demandai-je aussitôt. H nous indique une
petite anse, à notre gauche.
Où a mouillé le capitaine Dillon? A gauche , dans ce même
endroit, nommé Ocili. Il ajoute que le second mouillage a eu
lieu dans le fond d’une b aie , à droite.
Où est Payou? T)c Vautre côté , en nous montrant la montagne
du fond, nommée Mon-ba-Néfou.
Où est Vanou? Même réponse : de l’autre côté de la montagne,
sur la partie occidentale de l ’île.
Où est Taumako? Il dirige sa main vers le N. N. E.
La réponse à ces diverses questions était on ne plus .satisfaisante.
Elle prouvait que nous étions arrivés dans le véritable
mouillage du capitaine Dillon.
Le vieux Néro nous donne encore quelques renseignemens.
Il nous montre à gauche les montagnes de Miroua et de Néri ;
celle-ci est la plus voisine de Mon-ba-Néfou. La hiontagne,
qui est à droite, est désignée par lui sous le nom de Tan-
baroa.
Il nous dit de plus qu’autrefois le chef de Vanou a été tué
par les blancs, et que depuis lors on n’aime pas les blancs
dans cette île ; que Dillon a trouvé des débris du naufrage à
Vanou ; qu’il existe sur l’île trois chefs, nommés Bo a , Valié
et Oumou.
L ’Anglais et Brini-Warou ayant demandé en riant au vieux
Néro s’il y avait beaucoup de femmes à Vanikoro , celui-ci
répondit aussitôt d’un air très-grave et presque fâché : Tabou —
c ’est défendu.
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