que coûta le fameux zodiaque qui n’eut qu’à paraître
dans nos musées pour être to u t- à -c o u p dépouillé
de ce prestige d’antiquité dont il avait été
revêtu , et se trouver condamné à l’oubli le plus complet.
Mais je n’en finirais pas , si je voulais énumérer
toutes les dépenses qui ont eu lieu et qui se renouvellent
tous les jours pour des objets plus frivoles
encore.
Toutefois, soyons ju ste , il me semble que le ministère
de la marine n ’est point tenu de publier à ses
frais tout ce qui est étranger à l’histoire même du
voyage et aux observations nautiques. Il peut laisser
à l’Académie des Sciences et à l’administratioiqdu Muséum
le soin de s’entendre avec les ministères dont ces
corps dépendent, pour la publication des documens
d’histoire naturelle et de physique , s’ils en méritent
la peine. C’était ainsi que je l’entendais à mon retour
en France, et je ne m’attendais point à ce que la marine
fît encore une fois les frais considérables de la ‘
gravure des planches de zoologie et de botanique.
D ’après les raisons queje viens de déduire, raisons
fondées en droit et en fa it, je pense que tout homme
de sens et de bonne foi conclura avec moi que les
voyages de découvertes, loin d’être inutiles, sont
au contraire du plus haut intérêt pour la marine, et
même pour rhonneur national, et qu’ils doivent être
encouragés par tous les moyens possibles. Aussi, je
ne doute nullement qu’aussitôt qu’un homme vraiment
éclairé viendra reprendre les rênes de la marine,
on ne voie bientôt le nouveau pavillon des Français
¡Íiíri !k
M S .Ik ,
flotter au milieu des îles de TOcéanie, et reprendre
le cours des opérations qui ont été exécutées durant
une dizaine d années, sous un autre drape au, avec
une distinction vraiment remarquable '. Un navire au
moins sera sans cesse employé à ce genre de travaux,
et d ICI à un demi-siècle le monde savant devra à la
France la connaissance approfondie de toutes les peuplades
et de toutes les îles disséminées sur TOcéan-
Pacifique , en meme temps qu’elle formera une pépinière
de marins , auxquels ces parages seront aussi
familiers que les mers aujourd’hui les mieux connues
du globe.
Puisque nous en sommes arrivés à cette conclusion,
on me permettra sans doute encore quelques conseils
dictes par ma vieille expérience, et qui seront peut-
être accueillis par le ministre éclairé que j’attends, et
qui sera étranger à la morgue et à la présomption
trop ordinaires dans les chefs militaires de notre
arme.
Sans nuire en rien au service , un bâtiment de la
■ Si m . C h . Diipin fût resté au ministère qu’il n ’a fait qu’en trevo ir , il
est probable q u ’il eût réalisé une pa rtie de ces prévisions. Quelques jou r s de
p lu s , et du moins il aurait fait rendre une tardive justice à M. J acquin ot,
ainsi qu’il m’en témoignait l ’Iiouorable désir par sa lettre du 20 novembiri
IS 34. T an t il est vrai que les marins eux-mêmes doivent p b c e r une toute autre
confiance dans un homme instruit que dans leurs propres ch e fs ! .... E n gén
éra l, ceu.x-ci ont toujours fait plus de mal que de bien au corps de la man
n e . En e ffe t, pour être un bon ministre de ce département, il ne suffit pas
d 'être m a r in , il faut avoir acquis des connaissances étendues et variées; et
cette condition est cent fois plus impórtame que la première. A g ir autrement,
c e s t à peu près comme si Ton se contentait de prendre un bon
maçon pour en faire un ministre des travaux publics.
TOME V . 3 ^
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