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 1828. 
 Oclobro. 
 de singuliers renseignemens  touchant M. Dillon dont  
 il  a beaucoup  entendu  parler  à  Calcutta.  Comme  ils  
 pourraient  bien  être  l’effet de haines  particulières, je  
 crois  devoir m’abstenir  de  les  rapporter. 
 J ’ai  diné  avec  M.  Jacquinot  chez  M.  Barbé;  on  a  
 beaucoup parlé du naufrage d’un navire marchand de  
 quatre cents tonneaux,  de Bombay,  qui s’est perdu la  
 nuit  dernière  sur  les  récifs  au  nord  de  l’île Mapou.  
 Il  paraît  que  le  capitaine  a  fait  preuve  en  cette  circonstance  
 d’une  ignorance  et  d’une  maladresse  si  
 étonnante,  que  quelques  personnes  sont  tentées de  
 l’accuser  de malveillance. 
 Une chambre a été louée près  du bassin,  pour servir  
 de salle de travail  à MM. Jacquinot, Lottin, Gressien, 
   Guilbert  et  P â ris,  pour  leurs  travaux  hydro-  
 graphif^ues.  Pleins de  zèle  pour  l’honneur  de la mission, 
   ces  officiers  consentent  à  prendre  sur  leurs  
 loisirs pour avancer les constructions  de leurs cartes,  
 de manière  qu’à leur  arrivée  en  F ran ce,  elles  soient  
 presque  toutes  prêtes à  donner à la gravure.  Tant de  
 dévouement  ne méritait-il  pas  une autre  récompense  
 de  la  part du ministère!... 
 A  cinq  beures  et  demie  du  soir,  cédant  aux  instances  
 réitérées de M. Telfair,  j’ai consenti à l’accompagner  
 à  sa  campagne  nommée  Bon-Espoir,  située  
 dans le quartier de la rivière du Rempart. La douceur  
 et  l’humanité  avec  laquelle  les  esclaves  sont  traités,  
 la  belle  tenue  des  établissemens  et  des  plantations,  
 m’ont donné l’opinion  la plus avantageuse  de l’Indien  
 Telmoudi,  copropriétaire  de  cette  belle  habitation, 
 et  de  plus  spécialement  chargé  de  sa  direction. 
 Après le déjeuner, M. Telfair m’a  conduit  à  sa  sucrerie, 
   où Telmoudi m’a expliqué avec beaucoup d’intelligence  
 tous  les  procédés employés  à  la fabrication  
 du sucre. J ’ai admiré la belle machine à vapeur de cet  
 établissement,  qui,  avec  un  pouvoir  de  six  chevaux,  
 fournit  à  deux  batteries  à  la  fois,  et  peut au  besoin  
 expédier  quinze  ou  seize  milliers  de  sucre  par jour.  
 M.  Telfair  a  eu  la  complaisance  de  la  faire marcher  
 pour m’expliquer  son mécanisme. 
 Bon-Espoir  est  une  habitation  exploitée  par  trois  
 cents  noirs,  et  qui  produit  dans  les  bonnes  années  
 jusqu’à  douze  ou  quinze  cents  milliers  de  sucre.  Au  
 moment où je me trouvais  dans  la  colonie,  cette denrée  
 ne valait  que cinq  piastres  le  quintal,  tandis  qu’à  
 Bourbon  elle  s’élevait  à  sept  piastres;  ce qui  provenait  
 des droits  imposés  par  le  gouvernement français  
 sur  les  sucres  étrangers,  et  de  la  concurrence  des  
 sucres  des  colonies  occidentales  pour  l’importation  
 en Angleterre.  Aussi  les  colons  de  Maurice se  plaignaient 
 ils  vivement  de  cette  dépréciation  de  leurs  
 sucres,  d’autant  plus  qu’il  arrivait  souvent  qu’ils  ne  
 pouvaient  pas  même  les  écouler  au  prix  de  cinq  
 piastres. 
 M.  Telfair m’a  conduit  chez  M.  Staube,  l’un  des  
 forts  planteurs  de son voisinage; il  a  deux machines,  
 l’une  à  vent  et  l’autre  à manège;  mais  tout  cela  est  
 bien  inférieur  aux  machines  à  vapeur.  Aussi  les  colons  
 opulens s’empressenL-ils  de  faire  l’acquisition  de  
 ces admirables machines. 
 18 28 . 
 5  octoîjre. 
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