VOYAGE
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expédier en Europe. Ce navire partira incessamment
pour L ondre s, où il se rend directement par la route
du cap Horn.
Deux mois de solde ont été payés aujourd’hui à
tous les hommes de l’équipage, afin que chacun d’eux
puisse se procurer, dans la colonie, le tabac et les
antres menus objets dont ils peuvent avoir besoin.
Toute la jo u rn é e , les rafales ont été si violentes,
qu il a été impossible d ’envoyer la chaloupe à l’e a u ,
m de faire des observations. Des tourbillons de poussière
s élevcnt des rues de la ville et remplissent l’atmosphère.
C était aujourd’hui dimanche, jour rigoureusement
consacré par les Anglais au rep o s, ce qui a emiiècbé
nos propres ouvriers de travailler. Je l’ai passé tout
entier à bord pour travailler à ma correspondance.
Enfin, le vent a passé à l’e s t, ce qui a ramené le
beau temps pour la journée et nous a délivrés de ces
tourmentes fatiganics dont nous étions assaillis depuis
notre arrivée à Van-Diemen.
J ’ai reçu la visite du capitaine Welsch et du docteur
R o s s , éditeur et rédacteur de la gazette d ’Hobart-
Town , qm m’a donné la plupart des derniers numéros
de son jo u rn a l; par là , j ’ai pu me mettre promptement
au courant des nouvelles du jour. Il m’a demandé
une notice sur le voyage de l ’Astrolabe, et j ’ai prié
M. Gaimard de donner ces renseignemens ; c’est le
moyen de l'aire parvenir promptement et d’une manière
sure des nouvelles de l’expédition en France;
cent jours suffisent communément pour tenir Londres
DE L’ASTROLABE. 21
au courant de ce qui se passe dans celle colonie.
Une nouvelle que m’a donnée M. Ross a vivement
excité toute mon attention. Le bruit court que M. Gel-
lihrand vient de recevoir, par un navire arrivé d’hier
de la Nouvelle-Zélande, une lettre de M. Dillon,
datée de la baie des Iles, où il lui annonce qu’il est
oblige de renoncer à son voyage pour s’en retourner
à Calcutta. M. Welsch, voyant tout l’inlérèt que j ’attachais
à vérifier la source de ce b r u it, a eu la complaisance
de me conduire chez M. Gellibrand qui avait
été l’avocat de M. Dillon, dans son procès contre le
docteur Tytler, et qui se trouvait encore son fondé de
pouvoir à Hobart-Town. M. Gellibrand m’accueillit
avec la plus grande politesse et eut la complaisance de
me communiquer toute la partie de la lettre en question
, relative à la mission du Research. Elle était en
effet écrite de la baie des I le s , en date du 18 juillet.
M. Dillon mandait en substance qu’à Sydney il n’avait
j)u sc procurer le naturaliste qu’il se proposait
d’y cmbarcjucr ; il avait été surpris et consterné de voir
qu’à Hol)arl-Town on n’avait point remplacé l’eau
consommée. 11 s’étendait cri doléances sur la conduite
do M. Blakc, son ancien second, et de l’équipage on
général; il terminait enfin en déclarant (jue la saison
trop avancée et la mousson contraire ne lui permel-
laient plus de sc rendre à Tikojiia, et qu’il sc voyait
contraint de reprendre immédiatement la route du
Bengale.
Bien ({lie j ’eusse moi-même une faible opinion des
lalcns de M. Dillou, d’après les données que j’avais
1S27.
Décembre.