1828.
Février.
senti d’aulanl plus volontiers qu’ils parlaient, surtout
le premier, passablement la langue du pays. Ces
hommes m’ont avoue par la suite que la principale
raison qui leur faisait quitter Tikojiia était l’abstinence
forcée de viande à laquelle ils étaient réd u its,
attendu que les naturels n ’ont pas d’autres alimens
que les fru its, les racines, le poisson et les coquillages.
Naguère ils avaient eu des cochons, mais ayant
remarque que ces animaux faisaient un grand tort à
leurs plantations, un beau jour ils les égorgèrent tous,
et depuis celte époque ils n ’ont plus voulu en nourrir
dans leur ile '.
A sept heures du soir la baleinière a été de retour à
bord. Les Français ont été parfaitement reçus à leur
Pl. CLxxiu. arrivée par les naturels qui les ont conduits dans une
de leurs cases publiques, et leur ont offert des rafraî-
ri. CLXxiv. cbissemens. Bushart a annoncé son départ à sa femme
et aux chefs qui en ont paru fort contrariés, notamment
la femme dont le dépit était visible ; cependant
Bushart a déclaré aux officiers qu’il passerait encore
cette nuit à te r r e , et que le jour suivant, de bon
matin, il se rendiait à bord. Bien que ces MM. ne
paraissent aucunement douter de sa bonne volonté,
ce retard de sa part me semble d ’un mauvais augure,
et je commence à craindre que de nouvelles réflexions
ne l’aient décidé à rester dans son île. Certes je n ’ai
aucun droit de contraindre cet homme dans ses actions
, mais je lui sais mauvais gré de n ’avoir pas été
plus sincère avec moi.
* Voyez note 8.
Les officiers ont appris de Bushart que M. Dillon
avait aussi passé à Tonga-Tabou , où son navire avait
failli être enlevé par les, naturels. Ce navigateur avait
eu connaissance de notre échouage et de nos combats
contre les insulaires; il avail* vu Simonel et Reboul,
et il avait même racheté le fusil à piston et la gibecière
enlevés à M. Dudemaine par son ami Moe-Agui.
Toute la nuit le calme a persisté entremêlé de faibles
risées d’E. Plusieurs feux brillaient à terre. Au
point du jour nous n’étions pas à plus de quatre cents
toises de la plage occidentale de Tikopia, mais le courant
continue de nous faire dériver dans l’ouest.
Aucune pirogue ne s’est dirigée vers nous avant
sept heures du matin ; mais dans l’espace d’une heure,
à partir de ce moment, il en est arrivé douze ou
quinze montées chacune par quatre ou cinq hommes.
Des quatre arih's, on premiers chefs de file , trois
vinrent me faire leur visite, et chacun d’eux m’offrit
un présent consistant en trois ou quatre noix de coco,
autant de bananes vertes et de mauvaise qualité, et
un ou deux poissons volans. C’était une preuve de
leur extrême pauvreté ; j’eus soin de répondre à leur
politesse comme si leurs présens eussent été d’un plus
grand prix.
Un de ces hommes, que je pris au premier abord
pour un insulaire, s’appi-ocha de moi avec timidité,
et me présenta un pli soigneusement enveloppé de papier
; en retour je lui donnai un collier et un couteau
qui le comblèrent de joie. Ce pli contenait une lettre
de M. Dillon, qui me faisait simplement part de l’ob-
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F évrier.
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