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 Février. 
 senti d’aulanl plus volontiers qu’ils  parlaient,  surtout  
 le  premier,  passablement  la  langue  du  pays.  Ces  
 hommes  m’ont  avoue  par  la  suite  que  la  principale  
 raison  qui  leur  faisait  quitter  Tikojiia  était  l’abstinence  
 forcée de viande  à  laquelle  ils  étaient  réd u its,  
 attendu  que  les  naturels  n ’ont  pas  d’autres  alimens  
 que  les  fru its,  les  racines,  le  poisson  et  les  coquillages. 
  Naguère ils avaient eu des cochons, mais ayant  
 remarque  que  ces  animaux  faisaient  un  grand tort à  
 leurs plantations,  un beau jour ils  les égorgèrent tous,  
 et depuis  celte  époque ils  n ’ont plus voulu en  nourrir  
 dans  leur ile  '. 
 A sept heures du soir la baleinière a été de  retour à  
 bord.  Les  Français  ont  été  parfaitement reçus  à leur  
 Pl. CLxxiu.  arrivée par les naturels  qui les ont conduits  dans  une  
 de  leurs cases publiques,  et leur ont offert des rafraî-  
 ri. CLXxiv.  cbissemens.  Bushart a annoncé son départ à sa femme  
 et aux  chefs  qui  en  ont  paru  fort  contrariés,  notamment  
 la  femme  dont  le  dépit  était  visible ;  cependant  
 Bushart  a déclaré  aux  officiers  qu’il  passerait  encore  
 cette  nuit  à  te r r e ,  et  que  le  jour  suivant,  de  bon  
 matin,  il  se  rendiait à bord.  Bien  que  ces  MM.  ne  
 paraissent aucunement  douter  de  sa  bonne  volonté,  
 ce  retard de sa part me semble d ’un  mauvais  augure,  
 et je commence  à craindre que de nouvelles réflexions  
 ne l’aient  décidé  à  rester  dans  son  île.  Certes je n ’ai  
 aucun  droit  de  contraindre  cet  homme  dans  ses  actions  
 ,  mais je  lui sais  mauvais  gré  de  n ’avoir pas  été  
 plus  sincère avec moi. 
 *  Voyez  note  8. 
 Les officiers  ont  appris  de  Bushart  que M.  Dillon  
 avait aussi passé  à Tonga-Tabou ,  où  son  navire  avait  
 failli être enlevé  par les, naturels.  Ce  navigateur  avait  
 eu connaissance de notre échouage et de  nos  combats  
 contre  les insulaires; il avail* vu  Simonel  et  Reboul,  
 et il avait  même  racheté  le  fusil  à piston  et  la  gibecière  
 enlevés  à M. Dudemaine par son  ami Moe-Agui. 
 Toute  la  nuit  le  calme a persisté  entremêlé  de  faibles  
 risées  d’E.  Plusieurs  feux  brillaient à terre.  Au  
 point du jour nous n’étions  pas  à plus  de  quatre cents  
 toises de la plage occidentale de Tikopia,  mais  le courant  
 continue de  nous faire dériver dans l’ouest. 
 Aucune  pirogue  ne  s’est  dirigée  vers  nous  avant  
 sept heures  du matin ; mais dans l’espace d’une heure,  
 à  partir  de  ce  moment,  il  en  est  arrivé  douze  ou  
 quinze montées  chacune  par quatre ou cinq  hommes.  
 Des  quatre  arih's,  on  premiers  chefs  de  file ,  trois  
 vinrent me faire  leur visite,  et  chacun  d’eux  m’offrit  
 un présent consistant en trois ou quatre noix de coco,  
 autant  de  bananes  vertes  et  de mauvaise  qualité,  et  
 un  ou  deux  poissons  volans.  C’était  une  preuve  de  
 leur  extrême  pauvreté ;  j’eus  soin  de répondre  à  leur  
 politesse comme si leurs présens eussent été d’un plus  
 grand  prix. 
 Un  de ces hommes,  que je  pris  au  premier  abord  
 pour  un  insulaire,  s’appi-ocha  de  moi  avec  timidité,  
 et me  présenta un pli soigneusement enveloppé de papier  
 ; en  retour je  lui  donnai  un collier et  un couteau  
 qui le comblèrent de  joie.  Ce pli  contenait  une  lettre  
 de M. Dillon,  qui me faisait simplement part de  l’ob- 
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 F évrier. 
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