NOTES. NOT E S . 313
Cônes, des Buccins, des Mitres, des Colombelles, des P o u r pres,
des Fuseaux, des Strombcs, etc.
( E xtrait du Journal de M. Gaimard. )
Lorsque le commandant eut entretenu quelque temps le
Prussien Martin Butchert, il fit armer un canot pour le reconduire
à terre, et je fus désigné avec MM. Gaimard,
Guilbert et Lesson, pour l ’y accompagner. La corvette se tint
sous petites voiles , et nous portâmes sur le point le plus rapproché
de la côte. Après plus d’une heure de traversée, nous
rencontrâmes le banc de corail qui s’avance à une grande
distance dans la mer, et le canot s’y trouva arrêté. Beaucoup
de naturels s’étaient assembles sur ce récif , e t, dès que nous
sautâmes à l’e au , chacun de nous se trouva environné et soutenu
par trois ou quatre indigènes. Cette politesse empressée
nous fatigua d’abord ; mais nous en ressentîmes bientôt les
bons effets. Le corail était fort in égal, et les eaux cachaient
ç.à et là de grands trous qu’il était difficile de distinguer à
travers les couleurs éblouissantes du fond. Malgré la précaution
de nos guides, nous ne laissâmes pas de tomber quelquefois
avec eux dans ces pièges sous-marins, et chacun s’en
retirait avec de grands éclats de rire.
Lorsque nous touchâmes le sable d e là p la g e , ce fut autour
de nous une véritable foule, curieuse, empressée, mais
dont tous les visages re.spiralent la joie et la douceur. C’était
a qui nous toucherait la main en signe de bienvenue, à qui
surtout remplacerait nos officieux gardes-dn-corps q u i, mouillés
comme nous des pieds à la tête, n’avaient pas abandonné
leur poste et nous soutenaient toujours avec la même sollicitude
, bien que notre marche sur le sable uni fût alors très-
assurée.
Au détour d’une roche immense qui s’élève à pic sur la
cô te , nous nous trouvâmes au milieu de quelques cases, sur
une petite place de verdure autour de laquelle une riche
végétation répandait un agréable ombrage. Les chefs de l ’î l e ,
rassemblés en ce lie u , étaient assis, les jambes croisées, sur
de longues nattes, et la population se tenait respectueusement
derrière eux. Arrivés à quelques pas de ce vénérable conseil,
nous fûmes invités à nous asseoir; nous obéîmes aus.sitôtet
formâmes devant l’assemblée un cercle dont Butchert, en qualité
d’interprète , occupa le milieu. Le Prussien déposa nos
présens aux pieds des chefs ; c’étaient des haches et des étoffes;
puis il entama un assez long discours qui fut écouté avec un
calme parfait. Les chefs nous firent répondre qu’ils souhaitaient
que notre navigation fût heureuse et qu’ils nous reverraient
avec plaisir si nous revenions à Tikopia. Celte cérémonie
de présentation accomplie, nous devînmes libres de
nous promener et nous nous levâmes à notre grand contentement;
car le Prussien s’était laissé entraîner un peu lo in , en
traduisant notre courte harangue.
Autant que nous le permit l ’heure avancée , nous parcourûmes
les environs et nous fumes ravis de la fraîcheur et de
la richesse des ombrages à l ’abri desquels ces peuples paisibles
ont bâti leurs simples habitations. L ’île paraît être un ancien
cra tère, dont un des côtés se serait éboulé dans la mer ; c’est
par cette brèche qu’on y aborde. L ’intérieur du cratère* est
couvert d’une admirable végétation ; vers le milieu de l’île ,
un lac limpide et que les naturels disent très-profond occupe
la place où probablement bouillonnait le volcan. Nous
vîmes dans cette course rapide très-peu d’oiseaux, une charmante
espèce de canards sur le lac , et sur le récif différentes
variétés de poissons faciles à saisir, mais que les naturels
fuyaient avec horreur. Ces poissons étaient des Dieux, des
atouas qui piquent impitoyablement les pieds de leurs adorateurs,
quand ils vont sous les eaux du ré c if chercher quelques
coquillages pour leur nourriture.
Les indigènes qui nous escortaient nous rappelaient, par
leur douceur et leur prévenance, les moeurs paisibles des
ries des Amis. Nous étions étonnés de voir des hommes si bien
constitués, d’une si haute taille, donner carrière à leur joie à