nommé leur gouverneur particulier, sous la haute
surveillance de Blfll. Quoy et Gaimard. Ce brave
homme n ’d pas tardé à se concilier de la part de ses
pupilles tous les sentimens d’affection et de soumission
dont ils sont susceptibles.
Aujourd’hui M. Pietermat m’a montré un sapi-outang
tout jeune, pris avec le dernier individu qui nous
a été envoyé et qui était sa mère. Ce petit animal ressemble
étonnamment à un jeune veau; il est fort
d o u x , et avec du son et du lait on réussira probablement
à l’élever.
Dans la matinée, le second maître de manoeuvre
Vignale a expiré; chez lui la dyssenterie la plus grave
avait succédé aux longues fièvres de Vanikoro; en
outre, il s’était permis dans son régime de nourriture
divers excès à Amboine, où il s’était trouvé très-bien
durant quinze jours.
Le Bantjar, qui était allé faire un tour dans un des
ports du sud, est venu mouiller, à onze heures, près
de nous, et a porté une amarre sur la corvette. Mais
à cinq heures du soir, une risée de terre a entraîné
au large le B a n tja r, qui ne s’est plus trouvé retenu
que par l’amarre de F Astrolabe. L’effoiT des deux
navires a pesé en entier sur notre grelin de gomotou ;
la corvette a été entraînée elle-même au large, ce qui
nous a fait craindre que l’ancre mouillée par soixante-
dix brasses ne vînt enfin à déraper. Heureusement,
avec un peu d’activité, nous avons eu le temps de porter
une des ancres du Lucifer sur le récif de la côte,
et un grelin nous a permis de tenir bon à notre poste.
Vers minuit, le vent a brusquement sauté à l’ouest
avec des torrens de pluie; la lame du large s’est
promptement soulevée, et m’a causé de nouvelles inquiétudes
d’un genre tout opposé. Il est vrai que ce
vent a été de peu de durée, et il a repassé à FE. N. E.
Cependant c’en est assez pour faire voir q u e , même
en cette saison, il ne faut pas trop compter sur les
brises constantes de terre, et qu’il est bon de se précautionner
contre les rafales du large, surtout à bord
d’un gros navire dont Féchouage pourrait entraîner
les suites les plus funestes.
J e comptais mettre à la voile dans la matinée, mais
les manoeuvres nécessaires pour draguer et relever
l’ancre à je t, sur laquelle se trouvait le grelin de gomotou,
nous ont conduit jusqu’au milieu de la journée;
alors le vent a encore soufflé à la partie de
Fouest, et il a bien fallu ajourner le départ.
Enfin, vers sept heures et demie du matin, nous
levons l’ancre et faisons route le long de la côte de
Célèbes. Vers midi, la brise mollit et varie au N. E.
et N. N. E. Heureusement le courant nous favorise
et nous pousse rapidement dans l’E. Nous rangeâmes
de très-près le cap nord. A deux heures et demie, la
brise soufflant du S. E ., il nous fallut louvoyer dans
le détroit, et, à six heures, nous mouillâmes par dix
brasses, fond de sable et gravier, à un mille au N.’N.
E. du village de Likoupang. La nuit fut douce et
tranquille, et j ’observai un singulier effet de phosphorescence
: c’étaient de larges étincelles d’un bleu brillant,
qui se divisaient tout-à-coup en des milliers d’é1828.
Août.