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17 ,
VOYAGE
M. Gressien n ’esl rentré qu’à six heures et demie
du so ir, et m’a annoncé qu’il a enfin découvert une
troisième passe courant presque droit au n o r d ,
meilleure que les deux autres, attendu qu’elle conduit
directement au large; seulement il y a près de son
entrée, et en dedans de ses b risan s, deux ou trois
bancs dangereux à éviter. Cette passe est sans doute
celle qu’a suivie M. Dillon, et je suis décidé aussi à la
prendre, d’autant plus que M. Gressien se fait fort
de pouvoir y servir de pilote à l ’Astrolabe.
Quoique la pluie soit bien apaisée au jo u r, le temps
est encore si incertain, que je n ’ai pas osé faire toucher
aux ancres, dans la crainte de tomber sur les
récifs. Car, si cet accident arrivait, l’équipage est désormais
si faible, qu’il nous deviendrait impossible
d’exécuter les manoeuvres nécessaires pour nous re lever.
On doit juger tout ce qu’une pareille attente
avait de douloureux.
Les naturels sont revenus dans l’après-midi vendre
du poisson à bord. Leurs démarches, leurs dispositions
deviennent de plus en plus suspectes; ils déguisent
à peine la joie que leur fait éprouver notre
affaiblissement progressif, et tout annonce qu’ils
nourrissent de perfides espérances.
La fièvre m’a plus cruellement tourmenté qu’elle
ne l’avait encore fait jusqu’alors. A minuit, une rafale
assez fo rte , accompagnée d’une pluie violente, m’a
causé une vive inquiétude.
Quarante personnes sont hors de service, et si
nous laissons passer cette journée sans bouger, demain
peut-être il ne sera plus temps de vouloir quitter
Vanikoro. En conséquence, je suis décidé à tenter un
dernier effort. A six heures du matin, on commence
a virer sur les ancres, et on les relève les unes après
les autres, manoeuvre longue et pénible, attendu que
e cable, la chaine et le grelin s’étaient entortillés
es uns avec les autre s, et que nous avions peu de
bras valides.
Sur les huit heures, tandis que nous étions le plus
occupés à ce travail, j ’ai été fort étonné de voir venir
a nous une demi - douzaine de pirogues de Tevai,
d autant plus que trois ou quatre habitans de Manevai
qui se trouvaient déjà à b o rd , ne paraissaient
nullement effrayés à leur approche, bien qu’ils m’eussent
encore dit, quelques jours auparavant, que ceux
de Tevai étaient leurs ennemis mortels. Je témoignai
ma surprise aux hommes de Manevai, qui se contentèrent
de rire d’un air équivoque, en disant qu’ils
avaient fait leur paix avec les habilans de Tevai, et
que ceux-ci m’apportaient des cocos. Mais je vis bientôt
que les nouveaux venus n’apportaient rien que
des arcs et des flèches en fort bon état. Deux ou trois
d ’entre eux montèrent à bord d ’un air déterminé, et
s’approchèrent du grand panneau pour regarder dans
l’intérieur du faux pont, et s’assurer du nombre des
hommes malades. Une joie maligne perçait en même
temps dans leurs regards diaboliques. En ce moment,
quelques personnes de l’équipage m’ont fait observer
que, deux des trois hommes de Manevai qui se trouvaient
à bord, faisaient ce même manège depuis trois
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Mars.