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16i VOYAGE
1828.
Févrie r.
suiTout quand elles ont atteint un certain âge. Leurs
mamelles sèches, plissées et pendantes, rcssctnblent
à de vieilles besaces, el comme si elles étaient jalouses
d ’imprimer plus vite à leur gorge cet aspect dégoûta
n t, elles ont adopté la coutume de la serrer fortement
avec une ceinture au-dessus du mamelon. Leurs
cheveux sont laineux , et le plus souvent tondus ras.
Un court tablier couvre leurs parties naturelles, et
ces malheureuses créatures ont contracté pour la plupart
une attitude gauche et contournée, par l’habitude
qu’elles ont de porter les fardeaux. Quelque
hideuses que soient ces femmes, leurs maris en sont
très-jaloux et ne permettent qu’avec une extrême ré pugnance
à nos hommes d ’approcher d’elles.
Les hommes, qui paraissent avoir fait leur toilette.
DE L’ASTROLABE. )G6
sont armés de leurs arcs et de leurs flèches. Les premiers
, longs de cinq ou six pieds, sont d’un beau bois
rougeâtre, fort et flexible. Les flèches sont des bambous
adroitement travaillés, garnis d’une pointe en
o s , fort déliée et très-aiguë, soudée au corps de la
flèche avec une résine tenace. Ces sauvages afürment
d’une voix unanime que ces flèches causent des blessures
mortelles ; mais les expériences faites à bord
sur des animaux n ’ont point confirmé cette assertion.
11 est vrai que ces mêmes sauvages conviennent
que, toutes mortelles qu’elles sont pour l’homme, ces
armes ne font point le même effet sur les animaux ni
sur les oiseaux , ce qui paraît peu croyable. Comme
les pointes qui garnissent ces flèches sont faites avec
des os humains, ilestprobablequela superstition entre
pour beaucoup dans leur conviction à cet égard. En
oulre ces pointes étant, comme je l’ai dit, très-déliées,
doivent se rompre le plus souvent lorsque la flèche
pénètre assez avant, et, en restant dans la plaie, leur
présence doit occasioner des accidens funestes pour des
sauvages qui ignorent le moyen de les extraire. De là
peut-être le préjugé qui leur fait considérer ces flèches
comme em[)oisoimées. Quoi qu’il en soit, ils tiennent
tellement à ces armes, que jusqu’à ce moment
ils ont formellement refusé d’en céder une seule,
même pour du di'ap rouge dont ils sont si avides ; à
toutes les propositions qu’on leur fait à cet ég a rd , ils
sc contentent de dire que ces armes sont Laboas
comme nos fusils.
On a a})pris aujourd’hui de ces hommes (ju’ils sont
1828.
Février.
Pi.
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