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cée au milieu de l ’île; les nuages qu’elle attire et fixe à son
sommet y ont décompose les substances volcaniques, et produit
une bonne terre, seul point où la végétation ait pu s’établir.
C’est de ce lieu qu’on embrasse parfaitement l ’ensemble
géologique de l’île , et qu’on voit que tous ces pitons plus ou
moins élevés furent des centres d’action, lorsque l ’île était dans
une conflagration générale. Plusieurs d’entre eux ont encore
leur sommet découpé en cratère plus ou moins bien conservé.
Un entre autres présente un accident fort remarquable. Vu de
haut, ses bords, parfaitement arrondis, ressemblent à la place
d’un vaste manège qui aurait été nouvellement foulé. On y
aperçoit jusquà la différence des lignes concentriques. Ce cratère
a très-peu do profondeur, et n’offre qu’une concavité.
Cette disposition est certainement due à ce qu’il a autrefois
contenu des eaux pluviales qui se seront insensiblement évaporées
en laissant les traces que nous venons d’indiquer. Ce lieu,
que les Anglais nomment, je crois, le Cirque du Diable, a été
visité, dans un précédent voyage, par M. d’Urville qui, lorsqu’il
était dedans, ne pouvait plus apercevoir la régularité de
sou ensemble par la grandeur des reliefs.
De cette hauteur encore, on se rend parfaitement compte
de celte appai-ence de tas de scories relevées. C’est qu’après
qu’elles furent formées, la nature des irruptions fut principalement
de cendres qui remplirent tous les vallons, les égalisèrent
en forme de plaine, en ne laissant d'apparent que les
sommités ou tas. Tout le sommet du piton central et une partie
même de ses flancs ne sont formés que de ces cendres agglomérées
en morceaux de la grosseur du doigt, contenant des scories
légères, des ponces et de petites obsidiennes ; c’est ce que
les Italiens nomment rapillo. On creuse dans ces massifs, avec
la plus grande facilité, des chemins, des excavations, dans
lesquelles les habitans se logent momentanément. On remarque
dans ces coupures des nuances de diverses couleurs,
toujours dans le brun et le noir, et quelquefois des veines d’obsidiennes
de quelques lignes d’épaisseur. Elle semble avoir
coulé et s’être étendue sur du sable. Il y existe des localités qui
contiennent de gros blocs d’obsidiennes noires. Je ne les ai pas
vues.
Les contours de l ’île sont très-déchiquetés; il n’y a point de
port proprement dit, et l ’on mouille sous le vent. Les plages de
•sable sont exclusivement formées de débris testacés de coquilles
et de madrépores ; et dans quelques localités où ont coulé autrefois
des ruisseaux d’eau douce, il „ ’y en a plus maintenant.
I l est résulte des agglomérations de ce sable , qui forment une
bonne pierre à bâtir, blanche et très-facile à tailler.
Ces madrépores n’existent plus vivans ; s’il en existait, on les
retrouverait dans la rade, à l’endroit même où l ’on débarque :
ils ont été recouverts par les irruptions, et il n’est demeuré que
quelques lisières que la mer a pulvérisées , et qui forment les
plages sur lesquelles les tortues viennent déposer leurs oeufs. Ce
sont ces animaux qui ont rendu cette île chère aux navigateurs.
Elle n’a commencé d’étre habitée qu’en i 8i 5 , lorsqu’on
^ transporta Napoléon à Sainte-Hélène. Les Anglais y mirent
un lieutenant de vaisseau avec vingt-cinq hommes, pour empêcher
que d’autres puissances ne vinssent s’y fixer, et qu’on
ne pût de là faire quelques tentatives pour enlever Napoléon
de sa prison. Si vraiment tel a été le motif de l’Angleterre
pour s’emparer de cette île, il paraîtra toujours mal fondé , et
même pusillanime, à ceux qui ont vu Sainte-Hélène et ses fortifications
pour ainsi dire imprenables.
Deu a peu le nombre des babitans s’est augmenté, et à l ’é poque
où j ’y étais il étaitde 224 individus, tous hommes seulement.
Ce sont des soldats de marine commandés par leurs officiers
; le gouverneur est un capitaine ; l ’état-major est formé de
huit ou dix personnes. On a loué, en Afrique, des hommes de
couleur qui servent pendant un temps convenu , mais qui ne
sont point esclaves. Des officiers, des soldats y ont leurs fem-
mes et toute leur famille.
Tous les matériaux propres aux constructions, moins les
pierres, sont apportés d’Angleterre ou du cap de Bonne-Espé-
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