La place de deuxième médecin en chef à Roche-
fort avait été donnée au professeur Quoy, uniquement
par suite des besoins du service et de son mérite
spécial, nullement en considération de l’Astroü
n e décoration avait été accordée à M. Gaimard ,
pour ses travaux sur l’üranie, au même titre qu’elle
avait été donnée à MM. Quoy et Gaudichaud.
M. Lesson avait été nommé chirurgien de deuxième
classe. MM. Paris et Faraguet, élèves de première
classe, avaient été promus au grade d’enseigne de
vaisseau à leur tour d’ancienneté, et parce que les
réglemens l’exigeaient d’une façon impérieuse.
F n définitive, on voit que ces faveurs qu’on a fait
sonner bien haut se réduisaient uniquement à la promotion
de M. Lesson, et l’on doit bien penser qu’elle
était loin de me satisfaire, d’autant plus que M. Lesson,
tout estimable qu’il e st, ne figure point au nombre
des personnes qui ont rendu à la mission les
services les plus importans. J e pourrais d’ailleurs
ajouter que M. Lesson reçut cette faveur au début
même du voyage, plus de deux ans avant que
j ’eusse jugé à propos de rien demander pour lui. File
n était donc nullement accordée à mes réclamations.
Les autres n avaient obtenu tout juste que ce qu’ils
auraient eu en restant à te r r e , c’est-à-dire ce qu’on
ne pouvait leur refuser.
Aussi, je réclamai sur-le-champ avec la chaleur et
l’énergie que donne le sentiment intime de la justice
et du bon droit :
Le grade de capitaine de frégate ¡)our M. Jacquinot;
La-croix d’honneur pour M. Lottin;
Le grade de lieutenant de vaisseau pour M. Guilbert
;
Le grade de commis de la marine en tre ten u , pour
MM. Bertrand et Sainson ;
Enfin, trois décorations pour l’équipage; savoir,
pour Collinet, Nivière et Delanoy.
C e rte s, je ne me montrais point trop exigeant,
et toutes ces récompenses avaient été mille fois méritées
par ceux pour q u ije les réclamais. Cependant
je n ’obtins rie n , absolument r ie n !... que des re proches.
Au ministère de la marine on se montra presque
indifférent aux travaux de l’Astrolabe. On n’eut pas
même la curiosité de m’interroger sur les accidens et
les opérations de notre pénible campagne, et de s’assurer
de ma propre bouche jusqu’à quel point mes
prétentions en faveur de mes compagnons pouvaient
être fondées. Les bureaux et l’Institut, qui ne voyaient
en moi ni un favori, ni même une créature, se montrèrent
très-froids, très-insoucians. Seuls, M. de Rossel,
par un sentiment d équité qui lui était naturel,
et par intérêt pour les progrès de la navigation, et
M. Tupinier, dont l’esprit éclairé pouvait mieux apprécier
l’importance de nos travaux, firent quelques
démarches actives en faveur de l’Astrolabe. Sans
eux, il est probable que, dès le principe, nous eussions
été écartés, et cette masse immense de faits