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 J a n v i e r . 
 i5. 
 une suite naturelle  de  la position  de ma  chambre qui  
 se trouvait  être la  partie  du  navire  la  plus  exposée  à  
 l’invasion  des  eaux  de  la mer.  Une  grande  partie  de  
 mes  livres  et  de  mon linge  se  trouvait dans  le même  
 cas  que  les  insectes. 
 Nos  babiroussas  continuent  de  se  porter  à  merveille. 
   Leur  caractère  farouche  s’est  même  adouci  
 d’une manière sensible.  Ce matin,  leur  gardien Berre  
 avait  oublié  de  fermer  la  porte  de  leur  cage,  de  sorte  
 qu’ils ont pris leurs  ébats  dans  la  cale,  et  nous  commencions  
 à nous  inquiéter sur  la manière dont  il leur  
 plairait  d’user  de leur liberté;  mais au bout  d’un certain  
 temps  de  promenade,  ils  ont  été  assez  raisonnables  
 pour reprendre d’eux-mêmes le chemin de leur  
 cage  où on  les  a  renfermés  de  nouveau. 
 Le  15 janvier,  à  neuf heures un quart,  nous  aperçûmes  
 droit devant nous, dans l’ouest,  les  deux pointes  
 de  Sainte-Hélène;  une  brume  fort  épaisse  nous  
 cachait  tout  le  reste  de  l’île.  Bien que j ’eusse pu passer  
 seulement  devant  Sainte-Hélène  sans  y  toucher,  
 le temps était si beau et l’occasion si  favorable,  que je  
 ne voulus  point  priver  plusieurs  personnes de l’état-  
 major  du  plaisir  qu’elles  se  promettaient  de  visiter  
 cette  île  désormais  célèbre  par  les  cendres  illustres  
 quelle  renferme.  J ’étais  bien  aise  d’ailleurs  que  
 MM.  Sainson  et  Lauvergne  pussent  ajouter  à  leurs  
 riches porte-feuilles  quelques  vues  de  ces  lieux intéressans. 
 Ainsi, je mis le cap sur la pointe N.  de l’île;  à  deux  
 heures  et  demie  après  midi,  comme  nous  nous tro u vions  
 à  un mille  au  vent du Pain-de-Sucre, M.  Gres-  1829.  
 sien alla répondre aux questions ordinaires qu’adresse  
 la  batterie  de  ce  cap.  Le  médecin  et  le  pilote  arrivèrent  
 à   bord  vers  trois  heures  vingt  minutes,  et  le  
 dernier nous lit mouiller  devant Jame’s-Town,  à  trois  p i.  c c x x x i .  
 beures  quarante-cinq  minutes,  par  vingt  brasses,  
 fond de sable noir  et  vasard. 
 M.  Gressien fut sur-le-champ expédié à  terre pour  
 annoncer  au  gouverneur  l’arrivée  de  F Astrolabe,  et  
 lui présenter les lettres du gouvernement anglais. Cet  
 officier  fut  reçu  avec  beaucoup  de  politesse  par  le  
 gouverneur,  qui  l’invita  à  se  rendre  le  jour  suivant  
 avec  moi  dans  son  habitation  de  Piantation-House,  
 ajoutant que nous  irions ensuite tous  ensemble  à  une  
 course de chevaux, Race-Horse,  qui  devait avoir lieu  
 sur le plateau  de Long-Wood. 
 Dans la soirée, je descendis moi-même dans la ville  
 avec MM. Gressien, Guilbert et Dudemaine,  où nous  
 fûmes reçus par M. Solomon, riche négociant de l’île,  
 qui  nous offrit ses  services,  et nous accompagna dans  
 la  promenade  que  nous  fîmes  au  jardin  de  la  Compagnie. 
   Ce  jardin  est  bien  te n u ,  et  offre  plusieurs  
 plantes  curieuses  de  l’In d e ,  que  l’on  est  étonné  de  
 retrouver au milieu des rochers  arides  de Sainte-Hélène; 
   toutefois  il  est bien  loin  de  valoir  les  délicieux  
 bosquets  de Plantation-House,  que j ’avais  parcourus  
 en tous sens quatre ans auparavant. 
 La ville était  à  peu près  déserte,  tous  les  habitans  
 étant  partis  d’avance  pour  le  lieu  de  la  coui’se.  On  
 sait que  les Anglais sont passionnés  pour ce genre depi.ccxxxii. 
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