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1S28.
Fovi’ii'r.
VOYAGE
gisement dc Vanikoro, lorsqu’on lour demandait de
quel côte de l’horizon il était siluc. Certaines étoiles
leur servaient à reconnaître leur position.
An jour nous vîmes oncoi'c Ircs-distiuclcmenl Tikopia,
dans l’e s t, comme un pel it navire sur la surface
de la mer, et nous la perdîmes de vue de dessus
le pont, à sept heures dix minutes, à une distance de
plus de quarante milles. Je gouvernai ensuite ])lus au
n o rd , afin de prendre connaissance de 'raumako, île
rcmanjuabic par la mention que Qiiiros en lit pour la
première fois, (pic (juelqucs géographes modernes
ont cru retrouver dans Rotouma, et dont les babitans
de Tikopia venaient de me certilicr l’existence dans
leur voisinage. Nous n’ajiciTÙmcs rien du tout dans
la partie du no rd ; mais au coucher du soleil, dans la
partie de l’horizou éclairée par le disque de cet astre ,
des barres de iicrroquet, nous avons pu distinguer
dans rO . 5° S ., les sommités de Vanikoro sous la
forme de trois moudrains ajilatis cl isolés comme autant
d’îles distinctes. Nous eu étions alors à soixante
milles de distance.
A cet aspect nos coeurs furent agités par un mou-
• vcmcnt indéfinissable d ’espérance et de reg re ts , d(5
douleur el de satisfaction. Knfiii nous avions sous les
yeux le point mystérieux qui avait caché si longtemps
à la F ran c e , à l’Europe cnlitîre les débris d'une
noble et généreuse entreprise ; nous allions fouler ce
funeste so l, interroger ses plages, et (jucstionucr ses
babitans. Mais ([ucl allait être le résultat de nos efforts?
Nous serait-il possible seulement de payer notre
tribut de larmes à la mémoire de nos malheureux
compatriotes? Telles (haicnt les tristes réflexions qui
nous laissèrent plongés dans une morne rêverie__
Toute la journée nos Tikopiens ont été fort joyeux,
et ils paraissaient s’occuper entre eux de ce qu’ils
allaient faire à Vanikoro. Us m’ont expliqué, par l’organe
de llambilton, qu’ils iraient sc promcucr durant
le jour à IciTC, mais (|u’ils reviendraient passer la
nuit a bord de la corvette, altciidii ([u’ils mourraient
s’ils dormaieiu à terre. Parmi ces cinq individus,
llambilton m’eu fil remarcjuer un cjui sc disait na-
til de llouvca , de siiiice à deux journées de Tonga-
Tabou. Il sc trouvait avec trois de scs compatriotes
dans une petite pirogue, quand la brise rcnlraîna sous
le vent de son île. Gcs malheureux furent obli{;cs de
rester trente jo u is à la mer, n’ayaul que dix cocos
pour toute ressource. Ils étaient à l’extrémité quand
ils abordèrent à Tikopia, oi’i ils furent accueillis avec
hospitalité, et ou ils s’établirent. Celui qui sc trouvait
a bord de l A strolabe avait reçu de scs nouveaux
coiiqiatriotcs le nom de Brini-Warou.
Nous passâmes une partie de la nuit en panne. A
([uatre hcui'cs nous fîmes voile à l’ouest. Le ciel se
couvrit, et nous eûmes (|uclques grains. A six heures
Yanikoro se remonti’a encore à une grande distance.
Toute la journée nous limes roule pour en approcher,
mais la brise lut conslammeni, si faible et sî incer-
laiuc, qu’à six beiues du soir nous en étions encore
à |)liis de vingt milles. Mais ses terres s’étaient bien
élevées au-dessus de l’iiorizoïi ; elles se prcscnlaietil
iSiS.
J'Évricr.
i3.
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