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1828.
Octobre.
i 3.
i5.
mener mademoiselle Broudou l’aînée, qui habite encore
aujourd’hui l’île Maurice, où ses amis tâchent
de rendj'e sa vieillesse moins pénible malgré les re vers
de la fortune.
N ’ayant pas encore reçu de réponse à ma lettre au
gouverneur de Bourbon, j’autorise M. Bertrand à
traiter pour l’achat des vivres de campagne, attendu
que le temps finirait par nous manquer pour leur préparation,
surtout pour la cuisson des biscuits ; car je
ne veux point prolonger indéfiniment mon séjour à
l’Ile-de-France. Le matelot Guérin, que la fièvre avait
épargné, a été attaqué par la dyssenterie, et est allé à
l’hôpital. C’est le seizième homme de notre équipage
qui prend ce chemin depuis notre arrivée.
Le colonel Lestranges, chez quije dîne aujourd’hui,
s’entretient avec moi des colonies de Port-Jackson et
d’Hobart-Town. Il m’apprend que le traitement de
gouverneur de l’Ile-de-France rapportait à M. Lowry-
Cole près de 10,000 livres sterling par a n , à cause
des supplémens fournis par la compagnie des Indes.
On est heureux de servir un gouvernement qui VDus
traite aussi généreusement.
J ’expédie de nouveaux rapports au ministre par le
navire anglais F Ad v en tu re, qui part dans trois ou
quatre jours et se rend directement à Ylarseille.
M. Faillafé vient me trouver durant mon dîner,
puis je fais avec lui un tour de promenade près de l’ile
aux Tonneliers. Le bonhomme babille long-temps de
choses insignifiantes, puis il finit par me m ontrer deux
petits nuages minces et fugitifs, comme l’indice assuré
de deux navires ; mais il convient qu’il faut être exercé
en nauscopie pour les re connaître, et qu’il arrive
souvent que ces indices sont plus significatifs.
Plus j ’examine et plus j ’interroge cet homme, plus
je le crois de bonne foi ; c’est une espèce de monomane
qui croit réellement voir des navires dans les
n uage s, tandis qu’au fond il n’y a rien du tout. Il
existe aussi à l’Ile-de-France une dame Dufailly, élève
de Boutinot, le grand nauscope avant Faillafé. Jadis
il y avait aussi une demoiselle Ribourdin bien plus
savante que tous ceux-là, attendu qu’elle voyait par
un organe tout différent de celui de la vue. Tous ces
contes paraissent devoir se placer sur le même rang
que les oracles de certaines sorcières, les miracles de
Paris et de Hohenlohe, les merveilles du somnambulisme
magnétique, les illusions de la seconde vue, etc.
J ’étais invité à dîner aujourd’huichez M. Blackburn
à six heures précises. Je m’y suis rendu à cette heure;
mais ayant appris qu’on était à table déjà depuis une
h eu re , je suis allé dîner tranquillement chez moi, à
ma grande satisfaction. C’est, en effet, une vraie fatigue
de siéger à table en habits de drap, durant des
heures entières, sous un climat aussi brûlant que celui
de Maurice. Les Européens auraient bien dû renoncer
à cette triste étiquette, et se contenter des
vestes légères de toile blanche qu’ils portent habituellement
dans leur intérieur, et qui forment aussi
notre costume ordinaire à bord.
La veille , il nous était rentré quatre des hommes
qui étaient à l’hôpital, parfaitement guéris, savoir :