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 388 V O Y A G E 
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 de ces naturels montèrent  sur-le-champ  à  bord.  Par  
 leur gaieté,  leur confiance  et leur amabilité,  ils  nous  
 rappelaient  parfaitement  les  habitans d’Hogoleu, lors  
 du  voyage  de  la  Coquille.  Ils  nous nommèrent  plusieurs  
 fois,  et  avec  une  grande  complaisance,  toutes  
 les îles  qui composent leur petit archipel,  au  nombre  
 de dix-huit  ou vingt ; mais, comme il faisait nuit, nous  
 ne pûmes profiter de ces renseignemens. Aussi,  sur la  
 carte dressée  par M. Guilbert, je me  suis contenté de  
 distinguer  ces  îlots  par  des  numéros  d’ordre.  Seulement, 
   comme  le  nom  àlElivi  revint  plus  souvent  
 dans  la  bouche  des  insulaires  que tous  les  autres,  je  
 fa i  imposé  provisoirement  au  groupe entier. 
 Quand  nous  leur prononçâmes  le  nom de Yap,  ils  
 l’indiquèrent  sur-le-champ  dans  fouest ;  ils  avaient  
 aussi  connaissance de Satawal,  Feïs, Mougmoug, La-  
 mourek,  louli,  etc. Mais le nom d’Egoï leur était parfaitement  
 inconnu;  et  quand  nous  prononçâmes  ce  
 mot  en  montrant  leurs  îles,  ils  faisaient  un  signe  de  
 dénégation,  en disant ;  E liv i i. Le mol lamouel, pour  
 chef,  est aussi de leur  langue,  et mamaï  parait signifier  
 pour  eux  ;  bon,  c’est  bien. 
 Ces  bons  sauvages  m’auraient  encore  donné  de  
 grand coeur  une foule  d’autres renseignemens,  car ils  
 étaient  fort  communicatifs,  et même  loquaces,  mais  
 nous  n’entendions  point leur langue,  et,  comme nous  
 étions  dans  fo b scu rilé ,  leurs  gestes  étaient  même 
 T  Ce  groupe  est bien  certainement  identique  avec  celui  qui  a  reçu  le  nom  
 de Uîuthii  du  capitaine  Lü lk e,  et  qui  se  prolonge plus  loin  au  nord  que  nous  
 n ’avons  pu  le  voii^. 
 DE  L ’A ST R O LA B E . 
 perdus  pour  nous.  Au bout  d’une  heure,  je  leur  fis  
 observer  que  nous  nous  écartions  de  leurs  îles.  Ils  
 nous  quittèrent  avec  un  regret marqué,  et  en  nous  
 promettant  à  diverses  reprises  de  revenir  le  lendemain  
 matin  à  bord  et  de  nous  apporter  de  beaux  
 poissons. 
 Nous avons passé  la nuit à courir des bordées sous  
 les îles  dans  une mer  très-calme  et  très-unie. Malgré  
 cette  précaution,  quand le jour  revint,  j’eus  le regret  
 de  voir  que  le  courant  nous  avait  entraînés  de  près  
 de  sept  milles  dans  fouest.  J ’eus beau serrer le vent  
 tribord  jusqu’au  N.  '/»  E . ,  nous  étions  déjà  à  dix  
 milles  sous  le  vent  des  îles  les  plus  occidentales.  
 Ainsi,  pour  ne  pas  retarder ma  route,  M.  Guilbert  
 ayant terminé  son  travail  à  sept heures, je mis le cap  
 à  fO . S. O.  pour me rapprocher d’Yap. A six heures  
 du  soir, la vigie f a   signalée droit  devant nous,  et,  un  
 moment  après,  nous  l’avons  aperçue  de  dessus  le  
 pont sous  la forme  de  trois mondrains  peu élevés. 
 J e  m’en estimais  à  dix-huit  ou  vingt  milles  de distance; 
   e t,  comme  je  devais  compter  sur  vingt  ou  
 vingt-quatre  milles  de  courant  en  vingt-quatre  heures, 
   dès six  heures  et  demie  je  fis  carguer les basses  
 voiles  el restai  aux  petits bords sous les huniers. La  
 brise  fraîchit  beaucoup,  et  nous  reçûmes  quelques  
 grains de pluie. Mais, à deux heures, le temps se chargea  
 tout-à-fait ;  il  survint  de  fortes  rafales  avec  une  
 pluie  de  déluge.  Comme  je  tenais  à  l’exploration  
 d’Yap,  j ’ai  voulu  laisser  passer  ce  mauvais  temps  
 avant  de  me  rapprocher  davantage  de  la  terre.  Ce'\ 
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