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de ces naturels montèrent sur-le-champ à bord. Par
leur gaieté, leur confiance et leur amabilité, ils nous
rappelaient parfaitement les habitans d’Hogoleu, lors
du voyage de la Coquille. Ils nous nommèrent plusieurs
fois, et avec une grande complaisance, toutes
les îles qui composent leur petit archipel, au nombre
de dix-huit ou vingt ; mais, comme il faisait nuit, nous
ne pûmes profiter de ces renseignemens. Aussi, sur la
carte dressée par M. Guilbert, je me suis contenté de
distinguer ces îlots par des numéros d’ordre. Seulement,
comme le nom àlElivi revint plus souvent
dans la bouche des insulaires que tous les autres, je
fa i imposé provisoirement au groupe entier.
Quand nous leur prononçâmes le nom de Yap, ils
l’indiquèrent sur-le-champ dans fouest ; ils avaient
aussi connaissance de Satawal, Feïs, Mougmoug, La-
mourek, louli, etc. Mais le nom d’Egoï leur était parfaitement
inconnu; et quand nous prononçâmes ce
mot en montrant leurs îles, ils faisaient un signe de
dénégation, en disant ; E liv i i. Le mol lamouel, pour
chef, est aussi de leur langue, et mamaï parait signifier
pour eux ; bon, c’est bien.
Ces bons sauvages m’auraient encore donné de
grand coeur une foule d’autres renseignemens, car ils
étaient fort communicatifs, et même loquaces, mais
nous n’entendions point leur langue, et, comme nous
étions dans fo b scu rilé , leurs gestes étaient même
T Ce groupe est bien certainement identique avec celui qui a reçu le nom
de Uîuthii du capitaine Lü lk e, et qui se prolonge plus loin au nord que nous
n ’avons pu le voii^.
DE L ’A ST R O LA B E .
perdus pour nous. Au bout d’une heure, je leur fis
observer que nous nous écartions de leurs îles. Ils
nous quittèrent avec un regret marqué, et en nous
promettant à diverses reprises de revenir le lendemain
matin à bord et de nous apporter de beaux
poissons.
Nous avons passé la nuit à courir des bordées sous
les îles dans une mer très-calme et très-unie. Malgré
cette précaution, quand le jour revint, j’eus le regret
de voir que le courant nous avait entraînés de près
de sept milles dans fouest. J ’eus beau serrer le vent
tribord jusqu’au N. '/» E . , nous étions déjà à dix
milles sous le vent des îles les plus occidentales.
Ainsi, pour ne pas retarder ma route, M. Guilbert
ayant terminé son travail à sept heures, je mis le cap
à fO . S. O. pour me rapprocher d’Yap. A six heures
du soir, la vigie f a signalée droit devant nous, et, un
moment après, nous l’avons aperçue de dessus le
pont sous la forme de trois mondrains peu élevés.
J e m’en estimais à dix-huit ou vingt milles de distance;
e t, comme je devais compter sur vingt ou
vingt-quatre milles de courant en vingt-quatre heures,
dès six heures et demie je fis carguer les basses
voiles el restai aux petits bords sous les huniers. La
brise fraîchit beaucoup, et nous reçûmes quelques
grains de pluie. Mais, à deux heures, le temps se chargea
tout-à-fait ; il survint de fortes rafales avec une
pluie de déluge. Comme je tenais à l’exploration
d’Yap, j ’ai voulu laisser passer ce mauvais temps
avant de me rapprocher davantage de la terre. Ce'\
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