
 
        
         
		;  :  ■ I 
 Mi l i 
 plication  que  je  leur  donne.  Mais  Védévéré  ue  reparaît  
 pas.  Je  suis  disposé  à  croire  que  c’est  par  jalousie  qu’il  était  
 ainsi  en  colère:  il  était  persuadé  que  j ’avais  donné  ce  mouchoir  
 à  un  autre  qu’ à  lui  ,  tandis  que  j’étais  logé  dans  sa  cabane. 
   Peut-être  aussi  est-il  fâché  de  ce  que  j ’annonce  toujours  
 l ’arrivée  du  canot  pour  le  lendemain  ,  et  que  le  canot  ne  
 vient  pas.  En  effet,  ce  matin  même  Védévéré  m’a  dit  p lu sieurs  
 fois  d’un  air  sombre,  auquel  je  n’ai  pas  fait  grande  
 attention:  Naoué nogolomdi  ichidi —   le  canot  ne  vient  pas. 
 Quoi qu’il  en  so it,  la  colère  de  ces  hommes  noirs  est  terrib 
 le;  et  lorsque  toute  une  population  ressemble  à  ceux  qui  
 étaient  irrités,  le  spectacle  ne  doit  pas  être  rassurant,  si  l ’on  
 n est  pas  en  nombre  suffisant  pour  opposer  une  résistance  
 énergique,  et  si  l’on  n’a  au  moins  une  chance  de  succès.  
 Ici  le  sang-froid  est  la  seule  arme  que  je  doive  employer.  Je  
 tiens mon  fusil  sous  le  bras  et je  trace ces  lignes au moment où  
 le  trouble  existe encore  à  un  haut  degré. 
 Bientôt Védévéré  reprenant  son  humilité ordinaire  vient me  
 donner  du  fruit  à  pain  et  du  poisson  cuit.  Je  demande  des  
 ibiés,  le  chef Tan-Halaou  va  aussitôt  m’en  chercher  dans  sa  
 cabane  et vient  lui-même me  les  ouvrir. 
 Je me  proposais  de  commencer  aujourd’hui  la  distribution  
 des  présens  que  je  destine  aux  habitans  de  Nama.  L a   scène  
 qui  vient  d’avoir  lieu  m’engage  à  la  différer  jusqu’à  l ’instant  
 du  départ.  Je  ne  veux  pas  céder  à  leurs  c r is ,  car  de  pareilles  
 scènes pourraient  se renouveler alors même que je n’aurais plus  
 rien  à  leur  offrir,  et peut-être  précisément à cause  de cela. 
 Comme  je  me  promenais  avec  Hambillon,  Védévéré  vient  
 me  dire  que  le  lieu  dans  lequel  nous  sommes  est  tabou,  et  que  
 Hambilton  doit  quitter  ses  vêtemens;  que  pour m o i,  étant  
 aligui, j’en  suis  dispensé. 
 Notre  repas  du  soir  consiste  en  ibié  et  en  café.  Je  fus  pendant  
 toute  la  nuit vivement incommodé  par  les moustiques. 
 Parmi  les  pleureuses  q u i,  matin  et  so ir ,  venaient  régulièrement  
 se  désoler dans  une  cabane  voisine  de  celle  que j’habitais, 
   s’en  trouvait une jeune  et assez gentille, que  l’on  nommait  
 Bilo,  parce  q u e ,  disait-on ,  elle  avait  été  la maîtresse du Prussien  
 Bushart,  que  les  insulaires  connaissent  sous  le  nom  de  
 Bilo  (de B ill  son  nom  de baptême  en  anglais). 
 Hambilton ,  à mon insn,  demanda  à  cette jeune  fille  si  elle  
 voudrait  rester avec moi pendant mon  séjour à Nama.  Elle répondit  
 affirmativement  et  d’une manière  fort  gracieuse;  elle  
 ajouta même  qu’elle m’attendrait  le  lendemain  dans la  cabane  
 de mon  ami  le  chef T an-Ha laou.  Je  ne crus pas  devoir refuser  
 une  pareille  occasion  d’ étudier  les moeurs  des  insulaires au milieu  
 desquels  je me  trouvais;  et  mon  exactitude  fut  d’autant  
 plus grande que  c’était une circonstance véritablement extraordinaire, 
   chez  une  femme  de  la  race  noire  océanienne,  qu’un  
 rendez-vous  donné  avec  l ’approbation  des  hommes,  qui  sont  
 presque  tous,  sans  exception,  d’une  jalousie  brutale.  J’arrive  
 au  moment  indiqué.  Tan-Halaou me  reçoit  avec  les  égards  
 qu’il n’a  cessé  d’avoir pour  m o i,  et  il me  dit que la  belle  Bilo  
 est à  la pêche  avec  sa  femme. Le   jour d’après, même  visite.  La  
 femme  de Tan-Halaou,  qui  est  à  la  cabane  aujourd’hui, m’annonce  
 que la jeune  fille  est  à Vanou.  Bilo  té Vanou,  Le  surlendemain, 
   Bilo  té P ayo u ,  me  dit-on. —   Bilo  est  à Pavou. —   Je  
 ne  pus m’empêcher de  rire de ce  singulier désappointement qui  
 d’ailleurs me  fut  peut-être  très-favorable.  J’aurais  abandonné  
 à  cette jeune  fille  la plupart  des  objets  qui  devaient  me  servir  
 de  présens;  les  chefs  eussent  été  ainsi  frustrés,  et  cette  c ir constance  
 aurait  pu  entraîner ma  perte. 
 Lors  de  ma  promenade  militaire  à  Vanou  ,  le  chef  Tan-  
 H alaou,  pour m’engager  à  revenir promptement  à Nama,  me  
 répétait  souvent  :  Bilo  té N am a ,  Kabélé  té  N am a  —   Bilo  est  
 à  Nama,  allons  à Nama 
 Les chefs de Nama  ou Hama  sont  les  suivans :  Tan-Halaou,  
 Abdio,  N a r o ,  Oumou,  Outéka,  L a va k i,  M aïo,  Tcloka,  
 Oouma,  V aïanbou,  Kondabouéné  et  Kondéabali.  Les  autres  
 principaux habitans sont Védévéré,  Pouamiéné,  Okéa, Avobi,  
 Pan o go ,  Manléléka,  Ounéné,  Abali,  Bégaï  et Naro.