iSaS.
J u i l l e t .
racière de grandeur et de simplicité bizarre tout-à-
fait étrange aux yeux de l’Européen. D ’énormes escaliers
en bois massif, saiilans en dehors de la maison
et recouverts par un to it, donnent accès dans les
appartemens.
La campagne ne nous offre que très-peu de terres
défrichées et cultivées; mais la route, large et commode,
bien qu’elle ne soit terminée que depuis quatre
ou cinq ans, traverse d’immenses forêts. Nous franchissons
de rapides torrens encaissés dans des ravins
très-profonds; les ponts en bois jetés sur leur lit sont
abrités par des toitures bien entretenues, ce qui de
loin leur donne l’aspect de ponts chinois.
Souvent nous laissons nos chevaux se livrer à
toute leur ardeur, et leur galop léger nous entraîne
rapidement au travers de cette nature riche et sauvage.
D’autres fois M. xVIerkus et moi nous les ramenons
à une allure plus modérée, et nous causons
paisiblement sur divers sujets de politique, de littérature,
d’arts ou de sciences ; et je fais la réflexion
que c’est probablement la première fois que de pareils
sujets ont été traités sur cette partie du globe.
La beauté du ciel, l’air frais du matin et les cris de
joie des naturels, semblaient donner à notre caravane
l’aspect d’une marche triomphale.
Notre première halte a lieu à huit beures et demie
à Tawangan, beau village éloigné de cinq milles de
5Ianado, et situé dans le district de D aris, dont le
kapala-balak fait partie de notre suite. Les principaux
habitans viennent nous souhaiter la bien-venue aux
portes du village. Nous montons chez le hokkoum ou
chef de la justice, où nous trouvons un fort bon déjeuner
préparé par les soins du kapala-balak. Stimulés
par la course que nous venons de faire et par l’air
frais et piquant du matin, nous y faisons tous honneur.
Je me régale surtout avec des poissons délicieux
et de superbes chevrettes de rivière; cependant
il ne manquait pas d’autres mets, entre autres de volailles
bouillies ou rôties.
Nous remontons à cheval et nous galopons sur un
terrain inégal, mais qui s’élève assez régulièrement;
et le Klobat, avec son immense piton, commence à
fuir derrière nous, à mesure que nous cheminons vers
le sud. A dix heures, nous traversons Passan-Gou-
lang, petit village tout neuf sur la limite du district
de Tondano-Touliang. Une lable servie nous attendait
encore en cet endroit, mais nous ne nous arrêtâmes
que deux ou trois minutes pour boire quelques verres
d ’eau de coco, puis nous poussâmes jusqu’à un demi-
mille plus loin, au petit village de Paoun-Nereng,
situé sur le district deTondano-Touli-Mambot. Celte
fois le repas était préparé dans un petit pavillon au
rez-de-chaussée. Ce fut aussi le premier endroit où
les n a tu re ls, au nombre de vingt ou trente, habillés
de toile blanche, et rangés des deux côtés de la route
sur une file, nous reçurent en figurant diverses évolutions
et combats avec des sabres et des boucliers en
bois peint.
Bien que le terrain avoisinant, dont une partie est
défrichée, paraisse susceptible des plus riches pro-
1828.
Juillet.