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réchal, dont M. Desjardins a épousé la fille, de me reposer,
et de jouir de l’agrément d’une campagne embellie par de
belles eaux. Mais le moyen de demeurer tranquille au milieu
de la plus jolie bibliothèque scientifique qu’on puisse désirer;
an milieu d’un cabinet naissant, recelant une foule d’objets
nouveaux et à déterminer; de livres récemment arrivés de
France , et qui nous disaient les progrès que faisaient les
sciences? Aussi travaillai-je plus que jamais ; je dessinais
lejour toutes ces productions, et lisais la nuit; nous ne nous
interrompions, M. Desjardins et moi, que pour aller manger
assez a la bâte. Le souvenir des quinze jours que j’ai passés
dans celte agréable solitude me rappellera toujours un calme
d’existence dont j’ai joui assez rarement dans ma vie, et surtout
les politesses de M. Maréchal et de sa famille.
M. Desjardins et moi entreprîmes une course sur les récifs
du grand port, distant de plusieurs lieues de Flacq. Quoique
nous la fissions à cheval, par eau, et un peu à pied, je ne tardai
pas à ressentir qu’elle était au-dessus de mes forces physiques.
Arrivés à la grande rivière, et voyant que les brises
qui régnaieut uous empêcheraient de distinguer les zoopbytes
que uous allions chercher au milieu des récifs, nous terminâmes
là notre voyage, en nous rabattant sur les Ilots-aux-
Chèvrcs, sur la plage desquels nous trouvâmes plusieurs mollusques
nouveaux, et dont j’ai rempli une vingtaine de planches.
La quantité de choses que recèle cette île tant explorée
est étonnante, surtout parmi les mollusques et les zoopbytes.
J’ai dessiné plusieurs de ces animaux entièrement inconnus et
ornés des plus belles couleurs. Si j’avais eu à ma disposition
une embarcation à Port-Louis, j’aurais très-certainement doublé
les planches coloriées que j’y ai faites. Mais M. Desjardins
suppléera facilement à ce que je n’ai pu faire, et dans quelques
années il possédera à la campagne toutes les productions de
son île. Nous vîmes ensemble diverses particularités d’histoire
naturelle , tel que le sol argileux, mélangé de galets de terre,
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qui recèle une grande quantité d’os de tortue. C’est au milieu
des terres, à deux lieues au moins des bords actuels de la
mer.
Il sera toujours très-difficile de dire comment s’est opérée
dans un même point la réunion d’une si grande quantité d’os-
semens de ces animaux, qui ne vont jamais en troupes nombreuses,
et dont nous n’avons point rencontré de grands débris
entassés sur les plages que nous avons eu occasion de visiter
dans divers points du globe.
Nons examinâmes le puits dit des Hollandais, soupirail très-
circonscrit de quelques toises de diamètre, profond de plus de
quatre-vingts pieds, et rempli jusqu’au bord d’eau saumâtre.
Il est à un quart de lieue de la mer, avec laquelle il communique,
tandis que tout à côté est une vaste mare, débris d’un
ancien cratère, remplie de poissons, et qui ne reçoit point
d’eau salée.
Dans ce voyage, j'eus occasion d’examiner le système volcanique
de cette île. Il est partiel, et entre les deux montagnes
sont d’assez grandes plaines, qui ont aussi subi l’action du
feu; car toute cette terre fut jadis un volcan. Le foyer le plus
considérable, comme je l’ai dit ailleurs, se trouve avoir été à
Port-Louis, bati au fond d’un cratère immense, de plusieurs
lieues de diamètre, dont on voit encore une portion des parois
dans les montagnes de Piter-Boot et du Pouce. Le reste se
trouvait dans la rade qu’occupe maintenant la mer. La montagne
longue et la petite montagne se sont développées dans
ce cratère même, etc., etc.
On a douté qu’il y eût des serpens à l’Ile-de-France. Ils
n’habitent pas la grande terre, mais les îles voisines. M. Desjardins
en a dans sa collection qui proviennent du Coin-de-
Mire, ainsi que des gros lézards du genre scinque. Ces premiers
ne m’ont pas paru venimeux. Ce rocher a encore de remarquable,
qu’il recèle une si grande quantité d’une espèce
de lièvre, qu’on l'y tue à coups de bâton. Étant au Mapou,
a 1 habitation de M. Telfair, nous voulûmes nous donner ce