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oreilles, leui's bras et leurs jambes étaient ornés d ’anneaux
en coquille ou en écaille de tortue. Les oreilles
surtout portaient des paquets de ces ornemens, ce qui
leur donnait un aspect extraordinaire.
Le (ils de Nelo monta snr-le-champ à bord en demandant
VAriki. Tout en affectant beaucoup de confiance
et de courage, on voyait facilement qu’il était
vivement ému : un sentiment très-marqué d’inquiétude
et d’effroi se décelait dans ses gestes et dans tous ses
mouvemens. Je l’accueillis de mon mieux, et lui fis
des présens, ce qui parut le mettre plus à son aise et
le rassurer complètement sur la nature de mes intentions.
C’était un jeune homme de vingt-quatre à vingt-
cinq ans en apparence, aux formes grêles , à la taille
élancée; sa stature était médiocre, et sa peau très-lisse
et foncée en couleur sans être lout-à-fait noire ; il
était d’ailleurs bien pris dans ses petites proportions.
Sa figure était agréable, ses manières douces, timides
el modestes ; il se montra fort réservé dans sa conduite
et dans ses actions, tant qu’il fut à bord. Il
m’indiqua Taumako dans la direction du n o rd , ce qui
paraît indiquer que cette île serait plus près de Santa-
Cruz queje ne le pensais, et confirmer son identité avec
Kennedy; il me fit comprendre aussi qu’il y avait de
l’eau douce et des cochons à Vanikoro. Lnfm ce jeune
homme m’indiqua les positions des îles Tikopia, W a ro
u k a , Nation, Toupoua, Nitendi, avec beaucoup
d’intelligence. J e lui aurais encore adressé d’autres
questions , si le courant qui continuait de me porter
sur les récifs ne m’eût forcé d’augmenter de voiles.
Malgré le désir que j’aurais eu de garder plus longtemps
mon jeune h ô te , je fus obligé de l’inviter à re gagner
son île , à cause de la faiblesse de sa pirogue et
des dangers qu’il eut courus , en nous suivant plus au
large. Deux aunes d’étoffe à grandes fleurs, dont je
lui fis présent à son d ép a rt, parurent en faire l’homme
le plus heureux du monde.
A trois h eu re s , nous avons commencé à voir le
grand canot qui revenait à bord ; mais il était près de
cinq heures quand il a pu nous rejoindre, attendu la
distance où nous étions de terre. Cette fois, M. Lottin
a sondé avec soin toute la baie et en a dressé un
croquis assez exact ; son travail me mettra à même
d’atteindre avec plus de sécurité le mouillage d’Ocili.
M. Lottin a même pénétré dans un bassin intérieur
qui offrirait un mouillage excellent, s’il ne fallait y pénétrer
par un canal fort re s s e rré , sinueux et obstrué
de coraux. Il s’est assuré que ce bassin intérieur
communique aussi à la mer par un canal dirigé
vers le n o rd , de sorte que la partie N. L. de Vanikoro
forme une île distincte, tout-à-fait isolée du reste
des terres, mais cernée par le brisant commun.
Les naturels ont encore montré des dispositions
pacifiques. Brini-Warou est allé dîner avec le chef
Nelo, mais il n’a pas voulu coucher à te rre , et il s’est
empressé de rallier le canot dans une pirogue, quand
il a vu nos gens reprendre le chemin de la corvette.
Déjà les Tikopiens qui étaient restés à bord n ’avaient
nullement goûté l’invitation que je leur avais faite d ’accompagner
le fils de Nelo à terre : ils n’avaient d ’abord
182S.
Février.
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