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132 VOYAGE
1828.
F évrier.
courir une longue bordée au N. E . , et chercher avec
soin la position de l’île Taumako, indicpiée par les
babitans de Vanikoro, comme par ceux de Tikopia,
dans leur voisinage commun. Retrouver celte île ,
fixer sa position, et étudier ses peuples pour la première
fois visités par Quiros , me paraissait une opération
digne de tout l’intérêt des géographes.
Tonte la journée, nous cinglâmes au N. E. N.
sans avoir autre chose que les terres de Vanikoro
derrière nous, terres qui, au coucher du soleil, se
montraient à peine au-dessus de l’horizon, éloignées
déjà de nous de près de cinquante milles.
Nos passagers de Tikopia sont fort tranquilles et
d’un excellent caractère ; ils passent presque tout leur
temps sous une tente qu’on leur a élevée sur l’arrière
du grand canot. Deux d’entre eux veillaient ce matin
à l’émerillon laissé à la traîne et attaché sur la poupe
du navire, et ils ont réussi à capturer un requin ; ce
qui les a enchantés. Il était amusant de voir le ravissement
peint sur tous leurs traits, et la surprise qu’ils
éprouvaient d’avoir pu se rendre maîtres aussi facilement
de ce monstrueux poisson.
Malgré le calme et les folles brises, j ’ai tenté de
continuer à m’avancer dans le N. E. Nous avons eu
fréquemment des grains ; mais, dans les intervalles,
il y a eu des éclaircies qui nous eussent certainement
permis de découvrir une terre haute à plus de dix
lieues de distance. A six heures du soir, me trouvant
déjà à trente lieues au N. E. de Vanikoro, et à la
même distance au N. N. O. de Tikopia, sans avoir
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rien aperçu , j’ai jugé qu’il était temps de gagner vers
le S.
Au point du jour aucune terre ne se montrait à nos
regards, et la brise s’était rétablie au N. E. De mon
infructueuse recherche j’ai conclu queTaumako, dont
l’existence ne pouvait plus être révoquée en doute ,
devait se trouver plus loin vers le n o rd , et qu’elle
pouvait très-bien être la même terre que file Kennedy,
du Nautilas. Cette hypothèse paraît, il est
v ra i, de prime a b o rd , contradictoire avec la déposition
unanime des babitans de Tikopia , qui affirment
que Taumako n ’est situé qu’à deux jours de marche
de leur île, tandis qu’il y en a trois de Taumako à
Vanikoro. Mais cette différence de temps dans les
deux traversées doit peut-être s’expliquer par la différence
des routes à faire, plutôt que par leur longueur
effective. En effet dans le premier cas, ou de Tikopia
à Taumako, ce serait à peu près le N . O. qu’on aurait
à faire ou vent arrière; tandis que de Vanikoro à Taumako
ce serait le N. N. E ., l'oule beaucoup plus rapprochée
du vent régnant et beaucoup moins facile
pour de simples pirogues.
En tout cas, je jugeai qu’une recherche plus exacte
de Taumako devait être ajournée après nos opérations
sur Vanikoro, et je remis le cap sur celte dernière
île. Mais le veut fut très-faible, et nous fîmes peu de
chemin.
A neuf heures quarante-cinq minutes du matin, les
sommités de Vanikoro reparaissent à quarante-cinq
milles d’cloignemenl ; et à quatre heures du soir nous
1828.
Février.
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