temps chargé de faire la géographie de cette contrée. S’il s’en
acquitte avec zèle, il déterminera le contour de la Nouvelle-
Guinée , et fera ce que les circonstances ne nous ont pas permis
de faire ; il a avec lui un naturaliste et plusieurs peintres pour
le seconder. Ce naturaliste est un Allemand au service de la
Hollande, avec un traitement de 34,000 francs, de plus 4o,ooo
francs de crédit et toutes les facilités possibles.
V o ilà comme on doit entreprendre de faire de l ’histoire
naturelle dans les Indes. Le professeur Reinwart, qui avait
précédé M. Maklot, avait 70,000 francs d’appointemens, et
une suite de cent personnes pour faire l’histoire naturelle des
possessions hollandaises dans ITnde. Quel a été pour les
sciences le résultat de semblables dépenses? Nous n’en connaissons
encore rien. Après ce la , nous n’ osons point parler de
ce que la France donne aux naturalistes qu’elle fait voyager.
Nous ue voulons point parler de nous, puisque nous n’avons
absolument rien comme tels.
Avant de quitter Amboine, nous dirons que l ’expédition
a dû , à l’obligeance du capitaine Lang , un jeune hahi-
roussa, qu’il a eu la complaisance de nourrir pendant un an
pour nous; et ce qui est mieux encore, il a résisté aux instances
de M. Maklot qui le désirait vivement. Nous n’avons
eu à offrir à M. Lang qu’un assez joli fusil à deux coups, le
dernier qui restait à l ’expédition.
PA G E 4 7 0 .
Mes forces sont encore bien incomplètes, et j ’ai besoin
de grands ménagemens.
La rade de Manado est vaste, mais peu sûre pendant certains
temps de l ’année où les vents, battant en côte, occasionent
un ressac qui peut entraîner les navires à la côte,
d’autant plus facilement qu’ils sont mouillés par de grande.»
profondeurs. Célèbes a , dans celte partie, plu.sieurs petites
î le s , mais disposées de manière à ne point abriter la rade.
La plus remarquable est un énorme piton volcanique éteint
placé au large, vers l ’entrée de gauche. Le village de Manado
est assis sur le bord de la m er , entre deux montagnes très-
éloignées : celle de droite forme une chaîne ondulée dont un
rameau se termine à la mer, à une ou deux lieues du mouillage;
la montagne de gauche , isolée de la précédente, est un
grand piton volcanique nommé Clab a t, semblable à celui dont
nous venons de parler. L ’Intervalle qui se trouve entre ces
deux montagnes forme une sorte de plaine ondulée.
Les maisons s’étendent à droite et à gauche du fort hollandais.
Elles diffèrent de celles que nous avions vues dans les
Moluques, et tiennent d’un genre d’architecture propre à
Célèbes, et probablement aux grandes îles de cet archipel
dont les Européens n’ont pu trop modifier les coutumes; elles
sont grandes, très-élevées sur d’énormes pieux équarris et solidement
construites ; elles sont en planches, avec des fenêtres
et très-souvent ornées de sculptures. Celles des chefs sont de
vrais édifices, ayant en avant une sorte de péristyle ou appartement
quadrilatère , dans lequel on pénètre par de grands
escaliers qui ont le défaut d’être trop raides; le faîte est très-
élevé, en pente raide et couvert de chaume. Les Hollandais se
sont conformés à l’usage du pays en élevant ainsi leurs demeures;
c’est ce que l’on voit par celle du résident, qui habite
dans le fort un appartement qui domine la. rad e , et dans.lequcl
on jouit de la fraîcheur agréable des brises de ces contrées.
La population du village de Manado est formée de Malais,
d’indigènes d’autres îles et de ceux de Célèbes; mais pour voir
les vrais babitans de cette grande î le , ou les Alfours proprement
dits, il faut aller dans l ’intérieur et sur les montagnes qu’ils
habitent. Là on est tout surpris, comme nous l ’avons é té , de
voir une race d’hommes différente de la malaise, remarquable
d’abord par plus de blancheur dans la peau et par la coupe
arrondie de son visage. H y a fort peu d’ exceptions pour ce
dernier caractère. Leurs yeux sont ovales, bien faits et ne