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propre, au milieu des bois dont Tombrag’e nous abritait de
l ’ardeur du soleil ; les points de vue les plus agréables variaient
à chaque instant. Pendant environ deux lieues, le terrain ne
présenta que la plaine ondulée dont j’ai déjà parlé ; nous traversâmes
divers ruisseaux sur des ponts de bois couverts et
parfaitement entretenus; nous passâmes dans des villages dont
les chefs venaient recevoir le gouverneur. Dans un nous trouvâmes
un excellent déjeuner que M. Pietermat avait fait préparer
: tout y avait été porté de chez lu i, jusqu’à du v in, qui
ne manqua jamais pendant tout le voyage. Là nous changeâmes
de porteurs, et une nouvelle suite commença une route
q u i, entrant dans les monlagnes, devenait très-pénible pour
les hommes. J’avoue que ma philanthropie fut plus d’une fois
en souffrance, lorsqu’il fallut monter par de vrais escaliers,
et des plus raides, pratiqués dans la montagne. Aussi descendais
je le plus souvent que je le pouvais, afin d’alléger ma
chaise. Ce petit inconvénient diminuait beaucoup du plaisir
que j ’éprouvais à contempler si commodément d’aussi beaux
paysages. Les descentes étaient tout aussi pénibles pour ces
pauvres hommes; je les faisais reposer souvent; les chevaux
souffraient également beaucoup dans ces endroits scabreux.
A environ une heure de distance du lieu du déjeuner, nous
en trouvâmes un autre préparé par les babitans. Le gouverneur
et sa suite avaient passé sans s’arrêter. Les chefs vinrent
au-devant de nous et nous saluèrent à l ’européenne, en nous
prenant par la main. Je me laissai conduire, et montai par une
échelle dans l ’appartement où était préparé le repas. Je n’y
trouvai qu’une seule personne, c’était mon collègue Gaimard,
convalescent, assis a une table de vingt couverts, et se faisant
servir comme quelqu’un qui avait oublié qu’il avait déjeuné
une heure auparavant. A mesure que nous montions, le ciel
se couvr it, le tonnerre gronda, el nous essuyâmes une averse
que u eurent point nos compagnons, qui nous avaient devancés
il cheval heureusement pour e u x , car je ne sais comment les
chevaux auraient pu se retirer des chemins inondés et instanta.-
iiément salis et glissaus. P ou r nous, nous étions à l ’abri dans
nos chaises couvertes : on y est assis si commodément qu’on
peut y lire, y dormir et même y empailler des oiseaux, comme
je le fis presque constamment au retour.
Sur les deux heures après m id i, nous étions au haut de la
montagne, sur un terrain rougeâtre, profond en terre végétale,
presque entièrement dépourvu des forêts épaisses que nous
venions do traverser : nous étions dans un nuage transparent
qui ne donnait point de p lu ie , et il faisait frais. Nous traversions
de vastes champs de r iz , dont le chaume et les épis
étaient de la plus grande dimension. Pour la première fois,
nous vîmes des plantations de café régulièrement alignées et
fort bien entretenues. Quelque temps après, nous entrâmes
dans 1 ondano. Le gouverneur y avait fait son entrée au milieu
des chefs à cheval qui étaient venus au-devant de lui. Il avait
traversé deux longues haies d’habitans régulièrement vêtus à
1 orientale et armés de boucliers et de sabres; ils exécutèrent
des saints et des évolutions militaires avec beaucoup d’ordre et
d’ensemble en jetant certains cris propres à ces peuples. Quoique
nous vinssions une heure après le gouverneur, ils demeurèrent
également sous les armes pour nous recevoir. Les chefs
vinrent au-devant de nous, e t , dans de légers costumes de
naturalistes, qui ne sont cependant pas faits pour en imposer,
nous reçûmes à peu près les mêmes honneurs que M. le gouverneur.
Malgré nous, nous étions forcés de nous donner
quelque air d’importance, en saluant avec nos chapeaux de
paille à droite et à gauche.
Un coup-d’oeil tout nouveau s’offrit à nous en entrant dans
cette sorte de ville dont une partie est encore bâtie sur le lac
La forme des maisons, de belles eaux vives, des ponts couverts,
une température fraîche sous u.i ciel couver t, nous transportaient
brusquement des chaleurs et de l ’éclat de la lumière
propres a l’equateur dans un pays aussi tout nouveau. La maison
du gouvernement est majestueuse, dans sa construction ,
par épaisseur et l ’équarrissagc des poutres qui la soutiennent;
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