V O Y A G E
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4 mars.
successivement à cent, cinquante, vingt-cinq et dix
brasses. Tandis que la température de l’air se maintenait
à 26°, 9, et celle des eaux superficielles à 27°, 2 ;
on eut tour à tour, à ces diverses profondeurs, 19“, 6;
21“, 6; 26“, 4 , et 26“, 8. Toutes ces expériences
prouvent d’une manière victorieuse la loi de décroissement
dans la température des couches sous-marines.
Il en résulte aussi que les eaux de la mer dans
ces parages n ’offrent point de couches intermédiaires
dont la température soit supérieure à celle de la surface;
ce qui ne pourrait avoir lieu) en effet que par
des causes purement accidentelles. Ces expériences
eurent toutes lieu du 2 au 3o de latitude septentrionale,
et sous le méridien de 21“ 30' à l’ouest de Paris.
Par 5“ lat. N. et 22“ long. O ., nous échappâmes
enfin aux calmes désespérans de la ligne, et nous
commençâmes à nous acheminer lentement avec de
légères brises du N. N. E. Mais ce ne fut que le 15 février,
par 6“ 30' lat. N., que nous eûmes le véritable
vent alisé, et que nous pûmes filer cinq, six, et même
sept noeuds au plus près. Ce vent nous accompagna
jusqu’au tropique, oû il nous abandonna aux brises
variables.
Par 25“ lat. N. seulement, nous vîmes flotter des
paquets de sargassum (vulgairement raisin du trop
iqu e ) à la surface des eaux, et cela dura jusqu’au
35“ de latitude, où ils disparurent tout-à-fait.
Dans un calme parfait, par 27“ lat. N. et 34“ long.
O ., le thermométrographe fut envoyé à cinq cents
brasses parfaitement à pic sans qu’on trouvât le fond.
A l’air libre, le thermomètre indiquait 20°, 0; à la
surface des eaux, 20“, 7 ; et à cinq cents brasses, la
température de ces eaux n ’était plus que de 10“, 6.
A peine l’instrument était de retour à bord, que le
vent de N. O. se déclara, et nous permit enfin de gouverner
en route vers le détroit de Gibraltar. Il nous
poussa rapidement dans les journées du 6 et du 7,
comme dans celle du 10; il fut même forcé. Mais
nous courions grand largue, et nous prenions facilement
notre parti.
Nous courions à l’est avec une belle brise d’O.
S. O. De six à sept heures du matin, nous aperçûmes
deux navires, le premier à bonne distance dans le
N. O ., courant bâbord amures sous ses basses voiles
et huniers; le second, qui était un beau bâtiment à
trois mâts, tenait la cape bâbord amures sous le grand
hunier et le perroquet de fougue, ayant tout le reste
serré. A sept heures précises, il ne passa qu’à un
mille au plus de nous sans mettre en panne. Comme
il ne paraissait avoir aucune avarie, une pareille manoeuvre
en ces parages me parut bizarre. Je supposai
qu il attendait quelque autre navire pour faire voile
de conserve avec lui. Nous étions alors à cinquante
lieues environ au N. N. E. de Madère.
Au coucher du soleil, je cherchais à découvrir
dans l’E. S. E. les terres du cap Saint-Vincent, au
travers des brumes épaisses qui couvraient cette partie
de l’horizon, lorsqu’il se montra tout-à-coup dans
le S. E. ■//, S. à dix-huit ou vingt milles de distance.
Cela me prouva que, contre l’ordinaire, le courant
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