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La brise, très-fraîche dans la journée, mollit dans
la soirée, et nous laisse presque en calme, à sept
milles dans le S. E. de Pililew. Elle varie même au
S. E. et S. S. E ., ce qui me force h manoeuvrer sans
cesse toute la nuit pour nous soutenir au vent, dans
la crainte d’etre entraînés sur les récifs par les cou-
rans.
Le jour vint calmer mes inquiétudes , en me démontrant
que toute la nuit j ’avais réussi à me maintenir
presque au point où nous étions restés la veille
au soir. A sept heures trente-sept minutes du matin,
nous trouvant précisément à six milles au sud de la
pointe méridionale d’Angour, on a observé des angles
horaires, qui ont lié immédiatement la position
des îles Pelew à celle d’Umata. D’après nos déterminations
définitives, cette longitude est de 131°
45' E. '
Les observations de la journée ont prouvé que nous
avions eu environ quarante-deux milles de courant
au N. O. dans les trois jours écoulés ; il est probable
que la plus grande partie de ce courant a eu lieu dans
les deux premiers jo u rs , car la proximité des terres
a dû neutraliser son effet depuis vingt-quatre heures.
Nos opérations sur les îles Pelew terminées, je ne
songeais plus qu’à rallier le plus tôt possible le détroit
des Moluques entre Guilolo et Célèbes, en prenant
connaissance sur ma route des îles Sonsorol,
Poulo-Anna, Poulo-Marier, Nevil et Morty. Avec les
» V o y e z n oie 3.
vents d’E. et les courans de la même partie, je pensais
que rien ne me serait plus facile. Mais je fus bien
désappointé. Il semblait que les îles Pelew formaient
la barrière où venaient expirer ces fraîches brises
d’E. et d’E. S. E. qui m’avaient poussé depuis Umata.
En quittant ces îles, nous n ’éprouvâmes plus que des
calmes ou de folles brises du N. O. au S. O. avec des
courans à l’E. et au S. E. qui nous contrarièrent durant
dix jours entiers, et nous furent d’autant plus
pénibles que ces temps étaient accompagnés de chaleurs
accablantes.
Toutefois le nombre des malades diminuait, et
leur état s’améliorait sensiblement, à l’exception de
deux ou trois, dont la situation était toujours alarmante.
Dès le 9, on ne comptait plus que dix-huit
hommes au poste des malades.
Dans la journée du 12, la mer fut couverte de sargasses
[sargassum granuliferani), et les observations
prouvèrent qu’on avait eu quarante-huit milles de
courant en vingt-quatre heures au S. S. E. !.. Durant
les trois jours qui suivirent, il y eut de vingt à vingt-
cinq milles par jour de courant au S. et au S. S. O.
A mon grand regret, ces contre-temps me forcent
encore à me rabattre sur les côtes de la Nouvelle-
Guinée.
Les eaux de la mer sont couvertes de sargasses,
de morceaux de bois, de fragmens de végétaux, de
fruits, et l’on observe plusieurs hydrophis.
Du 15 au 16, le courant nous renvoie de trente
milles à l’E. N. E ., ce qui ne nous avance pas. HeuiSîS.
Juin.
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