1828.
Février,
dessus le pont à six heures vingt minutes, puis la nuit
nous en déroba l’aspect. La nuit fut belle, et nous en
passâmes une grande partie en panne.
10. A quatre heures du malin , nous remîmes le cap à
l’O. S. 0 . , en augmentant de voiles; mais la brise
était si faible que nous n ’approchions de Tikopia
qu’avec une lenteur désolante. A midi, nous en étions
encore à douze milles. En approchant, nous reconnûmes
quelle n’avait pas plus de trois ou quatre milles
de circuit ; elle offre dans le N. un pic assez pointu,
couvert d ’une riche végétation et dont la hauteur peut
aller à cent cinquante toises, tandis qu’au S. E. elle se
termine par un rocher isolé, vertical, cylindrique, de
PI. CLxxii. trente ou quarante toises de h au teu r, dépouillé sur ses
flancs, mais couronné au sommet par une touffe d’arbrisseaux.
Toute la bande orientale de Tikopia paraît
inaccessible, de ce côté scs flancs étant toujours battus
par les flots de la mer. A travers les forêts qui
couvrent l’île , on distingue un grand nombre de cocotiers.
Par son aspect et sa position, cet îlot solitaire,
tapissé de verdure, et jeté comme au hasard sur la
1828.
F’cvrier.
surlace des flots, semble un bouquet d’arbres qui
s’élève au milieu d’une immense prairie.
A la vue de Tikopia, l’impatiente curiosité dont
j ’étais animé depuis la première nouvelle des découvertes
de Dillon , prit un caractère encore plus prononcé.
L à , seulement, j’allais connaître de la bouche
des naturels si les rapports de ce navigateur étaient
fondés ou bien s’ils n ’étaient que des histoires forgées à
plaisir. N ’aurais-je donc renoncé aux honorables tra vaux
qui m’attendaient sur les îles de la Nouvelle-Zélande,
que pour ajouter foi aux rêves d’un aventu-
tu r ie rl... Aussi je maudissais de bon coeur le calme
désespérant qui ne nous permettait guère de marcher
qu’à pas de tortue , et fixés sur la lunette mes yeux
avides interrogeaient les rives de Tikopia, pour découvrir
quelque indice favorable à mes soupçons.
Enfin vers deux heures la vigie annonce trois pirogues
qui se dirigent vers nous. Chacun se précipite
sur les bastingages et hâte de ses voeux l’instant qui
va mettre un terme à nos doutes. Les pirogues approchent,
chacune d’elles est montée par cinq ou six naturels.
Dans celle qui marche en tê te, on remarque
un Européen en bonnet de laine, chemise rouge et
pantalon de prunelle blanche. Il monte sur-le-champ n. cLxxvir.
à bord, et répond à mes questions qu’il est le Prussien
Martin Bushart qui vient d’accompagner le capitaine
Dillon dans son voyage aux îles Mallicolo. Puis il me
présente un certificat daté de la baie des Iles, le 18
décembre 1828. Ainsi plus de d o u te , les faits avancés
par Dillon sont exacts : c’est à Vanikoro que Lapé