des Hilaries : « Parce que, ditMàerobe,
x en ce moment le Soleil assure au jour
» l’empire sur les nuits »» Que célébrons
nous nous-mêmes ? la défaite du
Prince des ténèbres et du Serpent , qui
avoit introduit le mal dans le monde,
et la gloire du Dieu, .qui nous transporte
dans Le règue de la lumière. On.
voit .que p’est absolument la même
chose»tQuei est ce libérateur? Celui
nue S. Scan dit être la lumière et la vie ;
la lumière »qui éclaire l’oeil de tout
mortel. Sous quelle forme triomphe-t-il
de l’allreux Serpent ? Sous celle de l'Agneau
, c’est-à-dire, sous la forme de
l’animal du Zodiaque où le Soleil a son
exaltation, et le lieu de son triomphe,
et dans lequel cet astre se retrouve au
8 ant. kal. April.., lorsqu’il vient affranchir
les peuples de notre hémisphère de
l ’empire dçs longues nuits , qu’y avoit
amenées le Serpent, et rendre à la terre
sa fécondité et ses ornemens, que l’influence
du même Serpent d’automne
Ini avoit ravis» L’époque du temps, les
formes Astronomiques sont absolument
les mêmes pour Christ ., comme pour le
Soleil, réparateurs l’un et l’autre de la
nature et d’un mal exprimé par la meme
dénomination ; savoir, par celle des ténèbres
» Pourquoi chercher de la spiritualité
, quand tout est physique , et
distinguer Christ du Soleil, quand on
sait que l’un et l’autre portent dans la
Théologie ancienne le nom de fils unique
de Dieu , comme on le voit dans
Platon et comme nous le dirons bientôt?
Comme Christ, le Soleil étoit pleuré,
et les cérémonies de deuil, feint à l’occasion
de cette prétendue mort, pré-
cédoient, comme dans la religion de
Christ, de quelques jours la joie de
son triomphe célébré dans les Hilaries,
ou le 2 5 de mars. Car Macrobe (i) fait
expressément la remarque, que la fête
(des Hilaries étoit précédée de quelques
jours de deuil, où, l’onfeignoit de
pleurer la malheureuse catastrophe
du Dieu, dont on alloitchanter le triom.
plie. Il ajoute, que c’est la même idée
théologique, qui fait la*base des fêtes,
de deuil et de joie de toutes les religions,
dont le culte s’adresse au Soleil,
telles que celles d’Osiris , d’Adonis,
d’Orus, etc. telle est celle de Christ.
De même que les Chrétiens supposent
Christ mourant, suspensus in ligna,
les adorateurs d’Atys le représentoient
aussi dans sa passion attaché à un arbre
, ou par un jeune homme lié à
un arbre, que l’on coupoit en cérémonie
(2).
De même que l’on rappeloit dans les
premiers siècles de l’Eglise, comme on
Pa vu plus haut, le mystère de la passion
de Christ par le bois sur lequel on I»
supposoit mort, et au pied duquel étoit
l’Agneau immolé qui le representoit,
de même, les adorateurs d’Atys pla-
eoient aussi l’Agneau ou le Bélier équinoxial
au pied de l’arbre, que l’on coupoit
au milieu de la nuit, où se célébrait
le mystère de ses souffrances (3).
Julius Firmicus, qui rapporte toutes
ces circonstances , oppose à cette cérémonie
des Payens le sacrifice, d’Abra*
ham et de son Bélier, la fameuse fête
du passage chezMes Juifs et la (cérémonie
. de l’Agneau Paschal , au moment
où le peuple Hébreu est affranchi
de l’oppression d’un tyran cruel. Il regarde
cette dernière cérémonie comme
l’image de la Pâques des Chrétiens ; et
il a raison : c’est le même canevas
d’une broderie différente. Il ne manne
pas de rapporter tous les passages
e l’Ecriture, dans lesquels Christ, ou
le Dieu, qui triomphe à l’équinoxe, est
appelé l’Agneau.
Il oppose encore à ce bois sacré, que
l’on coupoit religieusement dans les
mystères de Cérès et de C jbèle, le bois
Çi) M a c ro b . S a t. 1. 1 . c . 21. p . 260,
LÉ J u}, PirjB, ,des Prof* Relig. p. 5»},
C.3) Ibid - P* 5â-
I Sacré de la croix sur lequel, dit-il,
I s’appuye toute la machine du monde ;
K et il a raison. Christ et Atys étant le
I même dieu Soleil, dont on célébroit
I la mort et la résurrection à l’équi-
I noxe au passage du Soleil, dans I Arias , ou sub Agno , il n’est pas
I surprenant de trouver beaucoup de
I ressemblance dans les mystères du
I même dieu , honoré pour le même
■ objet, mais sous des nbms seulement
I dilférens (bbb).
La forme symbolique de l’Agneau
I n’a été consacrée dans ces mystères,
■ que parce que cette fête étoit essen-
I bellement liée au signe équinoxial, oc-
■ cupé par A r ie s , et que c’étoit le So-
I leil de l’Agneau ou de l’équinoxe, et
H l’approche du sauveur du monde qu’on
■ y célébroit. L ’empereur Julien dans
■ son hymne à Cérès donne même les
■ raisons Astronomiques et théologiques
■ de cette fixation. Il est vrai qu’ii y
■ méleun peu de Mysticité Platonicienne,
■ quia été le rafinement du culte; au
B lieu que nous nous ën tenons, comme
■ Macrobe , à l’institution physique,
■ qui a été la primitive , c’est-à-dire,
■ au triomphe du Soleil de printemps
■ sur les affreuses ténèbres de l’hiver,
■ lorsque le feu céleste vient embraser
■ la nature , comme nous avons vu dans
■ Saùit-Epiphane , à l’occasion de la
■ fête équinoxiale du Bélier chez lès
■ Egyptiens. Malgré cela, on voit même
^■ dans les idées mystiques de Julien
^Bes traces de l’objet réel et primitif de
■ cette cérémonie. On y coupoit l’arbre
■ sacré, ( 1 ) pour annoncer le retranehe-
■ nient du principe de fécondité, mal-
■ ’ "ur'arrive à Atys. Il nous peint Atys
■ tantôt s’abaissant au sein delà matière
■ pour la féconder , tantôt retournant à
9 * ®tnpire des Dieux.Ilobserve, (pie cette
■ cérémonie religieuse se faisoit au mo-
-316.
2 -333-3MHeiig.
0 ) Jul. Hymn. 5. p. q i5
(s) Tulian. Orat. 5. p. 02
(3) Sallust, c.
Univ. Tome HH
ment où le Soleil alloit atteindre l’équinoxe
; que le premier jour on coupoit
l’arbre sacré, dont nous avons parlé ;
que le second jour on faisoit retentir les
trompettes; que le troisième jour se
faisoit l’abeission ou cérémonie secrète
du dieu Gallus , et qu’à ces fêtes tristes
succédoient aussitôt les Hilaries ,
dont Macrobe nous a parlé plus haut.
Il examine la raison, qui a fait choisir
l’équinoxe de printemps, plutôt que
celui d’automne, pour la célébration
de ces fêtes. Il la trouve dans la
marche même du Soleil qui , à cette
époque, franchit le passage qui l’avoit
séparé de nos climats , et vient prolonger
la durée des jours dans notre hémisphère;
ce qui arrive, dit-il, lorsque
le roi Soleil commence à passer
sous le Bélier (autrement l’Agneau
A son approche nous célébrons dans
les mystères la présence du dieu Sauveur
et Libérateur ( 2 ).
Salluste le philosophe , qui, dans
l’explication de la fable d’Atys , a pris
à peu près le même système que Julien
et a rapporté la plus grande partie
des cérémonies à la mysticité, cpii s’y
est ensuite jointe , rëconnoîtaussi dans
Atys le dieu Artiste de tout ce qui
naît et de tout Ce qui se détruit ici-
bas, fonction qui appartient au Soleil,
comme nous l’avons vu dans le passage
d’Aristote., rapporté plus haut dans
nos notes. Il ajoute que, si la célébration
de ces mystères a été fixée à l’équinoxe
de printemps, c’est qu’alors les
jours reprennent leur empire sur les
nuits et prolongent leur durée (3 ) .
Damascius (4) dit, à l’occasion de
ces fêtes Hilaries célébrées en l’honneur
d’Atys , qu’elles avoient pour objet
notre affranchissement de l’empire
des puissances des ténèbres ou de l’enfer.
Ce dogme est absolument le même
(4) Damas», vit. Isid. Phot. cod. 242.
p. 1054.
L