amoureux , et les enlevèrent. Leurs
amans prirent les armes, pour Jes délivrer
des mains des ravisseurs. Le combat
s'engagea; Castor tua Lyncée dans
l’action. Idas, après la mort de son frère,
abandonna ses armes et le soin de reprendre
son amante, et il ne songea plus
qu’à donner la sépulture à son malheureux
frère. Tandis qu'il rassembloitles débris
de son corps ,et qu’il se préparait à lui
élever un monument, Castor survint, et
voulut s’y opposer, disant qu’il l'avoit terrassé
, comme il aurait fait d’une timide
femme. Idasindigné tira son épée, et l’enfonça
dans F aîné de Castor , qu’il tua. A
peine Pollux en fut instruit, qu’il accourut
pour venger son frère. Idas expira bientôt
sous ses coups. Il s’occupa de suite
de donner la sépulture à Castor. Comme
il a voit lui-même reçu de Jupiter une
Etoile, tandis que son frère Castor n’en
fi voit pas, parce qu’il étoit né du sang de
Tyndare, ainsi que Clytemnestre, au
lieu que lui étoit , ainsi qu’Hélène , du
sang de Jupiter; Pollux demanda à son
père de partager avec son frère cette
marque distinctive ; ce qui lui fut accordé,
et ce qui donna lieu, dit-on, d’imaginer
qu’ils se remplaçoient successive-
ment dans la vie. Les Romains retracent
cette idée dans leurs courses, où
un seul cavalier court avec deux chevaux.
Quelques Auteurs veulent ( i ) ,
que Castor ait été tué dans la guerre
des Athén iens con tre les Lacéd éra onien s-,
et qu’il ait péri à la ville d’Ariadné. On
trouvoit en Laconie beaucoup de monu-
inens(a), qui rappeloient les événemens
‘prétendus de leur vie, et qui consacraient
leur mémoire par un culte religieux. On
les représentoit à Lacédémone par deux
(0 Hygin, 1. 2 , c. 23. German. c. 9.
(2) Pausan. La con.
(3) Plut, de Amor. Frat.
00 Hygin , 1. a , c. 23. Varro de re rust.l. 2,
c. 1.
(5) Tacit. de Morib. Germ. c. 43.
(O Hygin, 1. 2 , c. 23.
(7) Germ. Gæs. c. 9.
(8) Oppian. 1. 2 , v. 14.
bâtons unis, symbole simple, et semblable
au caractère abrégé , par lequel
on désigne encore ce signe ( 3 ). D’autres
Mythologues désignent les deux
Gémeaux , sous les noms d’Apollon et
ÜHercule (4). Effectivement on les
trouve souvent, dans les anciens inonu-
inens, décorés des attributs de chacun
de ces Dieux ; l ’un tient en main la Lyre,
et l’autre la Massue. Chez les Germains
on adorait Castor , sous le nom (VA/cis,
qui est un des noms d’Hercule, Al.
eûtes (5).
Certains Auteurs y ont vu 2 riptolihne
et Jesion (6) , chéris de Gérés, et qui
jouent un i'o!e dans l’histoire de cette
Déesse, sur-tout Triptolêrae.
D’autres enfin les ont appelés Am-
phion et Z A t e (7), qui bâtirent les
murs de Thèbes au son dé la Lyre :
l’un deux étoit représenté tenant une
Lyre, et l’autre avoit une Ceinture.
Oppien ( 8 ) donne à Castor l’épi;
thète de lumineux, ou de Fhaësphore.
Les Argiens appellent Castor Mixar-
chaeétàs, et révèrent Pollux, comme
un des Dieux de l’Olympe (g). Iïésy-
chius appelle ces Astres , Agastom
(10)-
On donnoit encore d’autres noms aus
Gémeaux, dans les diverses langues.
Les Arabes les nomment Algeuze (il),
et Elgeuze.
Ils appellent le premier des Gémeaux i
Avellar et Aphellan ; c’est Apollon ; et
Abracaleus ou Iracleus. C’est Hercule
(12).
D’autres Sphères y peignent deux Paon*
( i3 ) ; les Perses deux Chevreaux (*#
Les Indiens les nommex\XDoupexer(} 5)
(9) Plut. Qnaest. Graec. p. 296.
(10) Hesych.
{ n ) Cæs. c. 0 , p. 38. C oïïutt. sur Alfrag. P-
108. Kirk. GEdip. p. 198.
(12) Bayer, tab. 24. Alpheas. p. 210.
U 3) Scaüg. p. 435— 444-
( 1 /d Hydedevet. Pers. Rclig*
(15j Anquetil.
E T D E S E S
en Pelhvi(i), et Mitouna, en langue
Brame. 1 -
Les Hébreux les appellent Thomini,
gt 'L'a nl'un (2) ; les Ghald-éens Tammeck;
[es. .Grecs Didymoi ( A ) , Diosouroi ,
\Cabeiroi, les Cabiresor. Grands-Dieux.
Les Latins, Gemini, Ledaei Juvenes,
Wyndaridaz.
Blaeu(4) les nommePhoebiSydus,
Belenae fratres , Tyndaridoe pueri,
\0Ebalii Juvenes , Gemini Lacones,
wioscuri, JovisJilïi , DU Samothraces,
\J)üGermani,Anaces, Hephaestioi, Proe-
isides.
On distingue dans cette censtellation
plusieurs Etoiles. La brillante de la tête
du premier des Gémeaux s’appelle étoile
[d'Apollon ( 5 ) , de Castor, et en Arabe,
\Ras-Al-Geuse ( 6 ), et Elgieuzc.
Celle de la tête du second s’appelle
|follux, Hercule, Abrachaleus (7).
Celle du pied gauche de Castor se
pomme Calx.
Les deux Etoiles de la tête sont des
[Etoiles de seconde grandeur. La précédente
du pied des Gémeaux se nomme
YPropus (8) ; elle est près du Cancer (g).
[C’est celle du pied gauche , suivant Èra-
tosthène (10).
Les Gémeaux paroisssent placés à la
droite du Cocher , au-dessus d’Orion ,
de manière qu’Orion cependant réponde
à l’intervalle, qui est entre les Gémeaux
et le Taureau. Ils paroissent se
tenir embrassés çt descendre les pieds
droits en avant. Ils semblent au conteste
inclinés et couchés , en se le-
uuit(n). Les phénomènes de leur lever
et de leur coucher ont donné lieu à la
I 0) Gentil ; voy. de l’Indè , t. i.
(3) Epiph. adv. Hæres. Rîcciol, v. 126.
j (3) Hipparch. 1. 1 , c. 2.
| 14) Coe&ius, c. 3 , p. 3 8 .
I u) Riccioli, p. 123. Alph. p. 234- Stoffler.
(6) Bayer, tab. «4 *
(7) Bayer, ibid.
c^Hippareh. 1. 3, c. Ç. Germ. p. 7. Procl.
fiction, qui suppose, que Pollux partagea
avec son frère son immortalité,
et qu’ulternativement de deux jours lirai
ils paroissent briller à nos yeux (ta).
Dlng-Beigh (ï 3 ) appelle les Etoiles
des Gémeaux 'Gji.auza ; celle de la tête
du premier Gémeau, Rds-Al-Tawini-
Al-Mukdini-, celle qui est un peu rouge,
et qui brillé à la: tête du second £as-
Al- Tawim-Al.-jSîuchir. Celle du pied
gauche et du droit du second s’appelle
Athéna. Iïyde , dans son commentaire
sur Ulug-Beigh (14), observe que des
noms Grecs Apollon et Hercule, les
Arabes ont fait par corruption les noms
d’Aphellan , d’Aphellar, et ceux à’He-
raclus , Abracliileus , qu’ils donnent
aux Gémeaux. Les Arabes, dit-il, les
appellent aussi Tawamâu ; les Hébreux,
Teoniim ; les Syriens, Tomé, noms qui
se traduisent tous par Gémeaux. Les
mêmes Arabes leur ont aussi donné le
nom de Gjauza; les Turcs, celui de
K u z Siphetla Burgi, en Persan Ghir-
deghâri.
On appelle aussi Dirà , le Bras ,
et l’on y fixe une des stations de la
Lune, la cinquième ; et dans le lieu
appelé A l ’hena , on y place la sixième
(i5 ). On donnoit le,nom <S! Elhahak ,
aux têtes des Gémeaux ; et à celle rie
Pollux , ceux à’Elhenatet dé Ketp/iolt
Suinman ( 16).
Ce signe étoit affecté à l’élément de
l’air ; il étoit le domicile de Mercure.
Aussi disoit - on , que Mercure
avoit fait présent d’un cheval à Pollux
(17).
C’étoit le siège de Phoebus ou d’A-
(9) German. p. 9.
(10) Eratosrh.c. 10. Stoffler. p. 89.
(11) Hygin, i. 3, c. 21.
(la-) Ibid. 1. a , c. 23.
( i 3) UIug-.Beigh, p. 58— 72.
(M) Hyde, p. 33— 35.
(15) Alfrag. p. 109.
(16) Riccioli, p. 12(5— 12&
Ç17) Phctfi Codex 190.