Lumière et contre ses amis, seront ceux
d’Ahriman Contre le peuple d’Ormusd.
Sa défaite et sa punition Sera celle
d’Ahriman , et le vainqueur sera Or-
musd , monté sur l’Agneau du Printemps
, lieu de l’exaltation du Soleil,
au lieu du Taureau , qui anciennement
oçcupoit sa place.
Les compagnons du vainqueur seront
le peuple d’Ormusd , les amis de
la vertu , du bien et de la Lumière,
qui parleur courageet leur constance ont
triomphé des passions et des atteintes
du mauvais principe durant cette vie;
et qui, pour me servir des expressions
de Plutarque et de Platon ( i ) , sont
-comme autant de vainqueurs , qui reçoivent
la couronne de la fermeté et
de l’inébranlable constance.
C'est cette couronne de vie, que le
Dieu Lumineux de l’Apocalypse promet
à ceux qui seront fermes dans la
vertu ; et qui met l’homme, fidèle jusqu’à
la mort, à l’abri des atteintes de
la seconde mort, comme on le peut
voir dans l’adresse qu’il fait à l’Ange de
Smyrne (2).
Plutarque regarde cette couronne de
constance , comme le prix du courage
qu’ils ont montré pendant la vie , en
forçant la partie brute et rebelle de
l’auie à obéir à la raison. L’initié étoit
un véritable soldat, qui combattoit sans
cesse sous lés auspices du Dieu Lumière,
contre les assauts du Géniedesté-
nébres, et çontre les elfortsde la matière
(1) K ilt, d e 'fac ta, p. 943.
Plat, de Rep. 1. 1 0 . p. 6 a i.
(2) A p o c a i, c . 2. v . 10 et 1 1 .
terrestre, siège de toutesJes passions du
corps. Aussi les initiés aux mystères
de Mithra s’appeloienfc-ils Soldats - et
on essayoit sur leur tête la couronne
du vainqueur , qu’ils repoussoient,en
disant que Mithra ' seroit leur couronne
(3).
tenant au dernier assaut mofnetK
tant-, qu’éprouvent encore les âmes, peu
de temps avant le dernier jugement
qui va faire disparoître à jamais le
mal et les ténèbres du monde, que vont
habiter les justes , Plutarque semble
nous l’expliquer , en disant que les
âmes mêmes vertueuses, transportées à
la Lune, éprouvent un instant de contrariété
, dans la petite tranche (4) du
cône d’ombre qu’occupe la Lune-, là,
quelle , par un mouvement rapide,.se
hâte de la traverser , parcs que les
âmes vertueuses souffrent de cette obscurité
et crient, fâchées de ne plus entendre
l’harmonie des Cieux (c). C’est
donc encore un dernier effort, qua fait
eonti’elles Ahriman chef des ténèbres;
mais elles en vont bientôt être délivrées,
en s’élevant plus’ haut à la région
du Soleil et dans le palais d’Ormusd
, au sein de la Lumière première,
où l ’on ne connoît plus ni la nuit , ai
le mal, ni la mort. Tout- ce qui tenoit
au monde visible , la terre et le Ciel
matériel , vont disparoître pour eux a
l’aspect du Grand-Juge, etfaireplace
à un autre monde :(S),
(3) Tertull. de Coron, p. 131.
(4) Plut, de facie in orb. p, 944.
(o) C. 20. v. 11,
C H A P I T R E V I N G T - U N I ÈME .
j^fou s voilà enfin arrivés au moment
de l’autopsie (<z), où l’esprit ayant
franchi tout ce qui est matériel et mortel
, qui s’évanouit avec les ténèbres ,
et les principes du mal, dont l’origine
est dans la matière , ne voit plus que la
Lumière Divine , et ce monde intellectuel
Archétype, qui étoit de toute éternité
dans Lieu , et absorbé au sein de
1 Océan Lumineux , dont nos esprits
sont sortis , pour s’unir d’abord à l’anié
e| ensuite au corps mortel. C’est dans
ce lieu intellectuel , dit Proclus (1),
qu’est le véritable Ciel , et le véritable
règne de Saturne, de Jupiter, de Mars,
etc. C’est donc là qu’on éprouve la
véritable Théophanie , ou , pour me
servir des expressions de l’Apocalypse,
que les élus ou initiés voient la face
de Dieu (2), qui sera au milieu d’eux.
Voilà eette Cité Sainte , dans laquelle
seront transportées les âmes après la
mort, et après le jugement universel;;
Cité , dont par avance on se procuroit
la vue intuitive dans l’initiation de
Pepuzza , où tous les ans le Prophète
raSVembloit les initiés pour y attendre
l’apparition de la céleste Jérusalem.
L’ame des initiés, effrayée par les tableaux
affreux qu’on lui avoit présentés
dans les livres précédens, pour l'intimider
et lui faire redouter l’examen du
Juge terrible des actions des mortels,
va enfin se reposer agréablement dans
le séjour de la Lumière et de la féli-
c'te , dont le Prophète leur présente
la délicieuse image , afin de piquer le
désir par l’espérance et par la vue des
nombreux biens, qui sont réservés aux
0 ) Procl. Comment, in Tini. 1. 2, p, 93.,
(2) Apoc. c. 2. v. 4.C. 21. v. 3/
initiés, fidèles aux devoirs qu’iir.posbit
la sévère loi de l’initiation.
On lui donne le nom mystérieux de
Jérusalem , qui, en langue d’initiation,
signifie vision de la paix , suivant
S. Augustin (b). C’e.t ainsi que Ba-
bylone étôi-t le séjour des guerres , et
des désordres du principe de corrup tipn,
Ahriman.
C’est au Dieu Soleil, qui, sous le signe
équinoxial de l’Agneau, attire à lui
les âmes, en divisant la matière grossière
qui s’attacheà elles, que les initiés
doivent le bonheur de s’élever déjà en
esprit, jusqu’au séjour heureux de la
Lumière, dans lequel ils seront un jour
établis, d’une manière inébranlable. Ce
sont les mystères de l’Agneau, qui, célébrés
avec une ame pure et un coeur
chaste , leur procureront cette jouissance
préliminaire de la vue de la Cité
Sainte , qui les recevra un jour dans
son sein, et leur prépareront après la
la mort un retour facile vers la Divinité.
Tout ce qui est fragile et mortel
à disparu ; l’Etre réel et éternel seul
subsistera sur les débris du monde
écroulé. Tel e$t le sort qui attend les
enfans de Lumière, les amis d’Ormusd,
enfin les initiés, qui ont rempli leurs
engagement , et dont Ws noms n’ont
point été effacés du livre de l’initiation.
Ils seront lès seuls citoyens du
nouveau monde, où l’on est absorbé au
sein du bonheur, et ae la Lumière.
te Après cela , dit Jean (3) -, je vis
»un Ciel nouveau et une tèrre nou-
» velle. Car le premier Ciel et la pre-
(3) Apûcal. c. 21. y. 1.