unique par essence , et elle conserve
l’unité première, même dans le nombre
des abstractions , qui-se réduisent à un
seul Dieu, intelligence et vie , et principe
de l'nne et de l’autre pour tous
les autres ctres. Aussi S. Justin nous
dit-il, que toute cette théorie rouloit
sur de pures abstractions, la Déité
faisant Pcs-ence , et la Trinité Jï mode
d’rx.slcnce (i).
Le dogme de la Trinité , ou plutôt
la subdivision de l’unité du premier
principe en principe d’intelligence et,
en principe de vie- universelle , que
rinrerme en lui 1 Etre unique, que les
hommes ont conçu réunir toutes les
causes p;.rî;e!les , n’est qu'une fiction
théolqg que , et qu’une de ces abstractions
métaphysiques, qui séparent,
pon-r iin'nioM.ent, par la pensée ce qui
en soi est indivisible et paris, ence inséparable
, et qui personnifient' et semblent
isoler lis attributs constitutifs
d un Etre nécessairement. Un. Ainsi
les Indiens, personnifiant la souveraine
puissance de Dieu x en ont fait, son
épouse, a laquelle il; donnent trois fils ;
1 iln , le pouuhrde créer; 1 autre , celui-
ce conserver; et. le troisième , -celui de
détruire. Tout cela se réduit à Dieu
setd tout puissant, soit dans l’acte, de
la création des êtres, soit dans celui de
leur conservât ion, soit dans celui de leur
destruction. Tel est le génie allégorique
de la Métaphvsique orientale , qui a
donne à la Théologie des Chrétiens les
formes des personnes, par lesquelles ils
ont désigné les facultés constitutives
ue l’Etre unique. On peut voir jusqu’à
quel point les Gnostiques et les Valentiniens
ont porté re génie allégo-
Tique, dans la Mé ta physique d u Bylhos,
du Logos, de érigé , de Sophia dés
Æons , tontes abstractions personnifiées.
Les Chrétiens,soi-disant orthodoxes
, n’en ont retenu que trois , et
(r) Justin. Pxpôsif. fiétei.p,'375,
O) Harsil. Fie. Cumin, ad Ennead, 2.1. 3.
c. 17. | M
c’est encore bien, assez. Ces trois per.
sonnes sont ce que les Philosophes
Psyens, qui ne les personnifient point
appellent d’une manière plus 1-simple
les trois principes. Ceux qui désireruiit
avoir là - dessus des idées plus' coin«
plettes feront bien de lire Plotin , Pm-,
élus, Porphyre, Jamblique, Eusèbe.Ce
dernier nous a conservé plusieurs fra».
mens desanciens Platoniciens, dé Nume-
x'ius , d'Amelius., etc. Les Commentaires
de Marsilius Ficin sur l’Emiéade
de Plotin, eten générai sur toute la Phi.
losophie Platonicienne , leur serviront
aussi. Nous nepouvonsdonnerici qu’une
esquisse très-abrégé'e de cette doctrine-
autant qu’il sera nécessaire pour prouver
l’universalité de la théorie des trois
principes, leurs rapports,; leur nature
et leur filiation. Nous présenterons d’abord
quelques extraits de.la doctrine
de Plotin , sbit. en lé faisant, parler lui-
même , soit, en faisant parler son commentateur
Marsilius Fiein , qui avoif
approfondi toutes les abstractions des
Platoniciens et des Pythagoriciens , et
qui en a Connu le génie mieux-, que
personne.
Le monde , suivant ce Philosophe,
a au-dessus de lui trois principes;
1’, o nu n i, le souverain bien , ou la première
cause, l’intellect et lame (2).
Le monde, établi sous l’empire duI
Bien , est ramené à son principe par
uneProvidenee intelligente et animale..;
L’ame,soit qu’elle Soit rappelée à Parue
du monde (3) , soit plus haut encore
à l’intelligence reine du monde ; soit
enfin au suprême degré , au Bien lui-
même, père de l’intelligence,'reconnaît
toujours le Père , comme le; commencement
, le milieu et la fin de foutes
choses, suivant Platon ; l’intelligence
comme essence, vie et intellect; et Pain*
comme vie, mouvement et, raison... àu-
dessus de l’Etre lui - même, ( 4 ) les
(3) Ibid. !. 3. c. 1. f
(4) Ibid. 1. 5. c; 1.. 1. 8. c- 2-1. 7. c. 2-
Platoniciens placent le principe de
l’Etre, qu ils appellent 1 Unité, le Bien;
et dans l’Etre se trouve l’essence, la
première vie , la première intelligence.
Ce qui se. réduit, à l'essence même de
la Divinité , premier Dieu , oui plutôt
unique Dieu , ayant la première intelligence
et la première vie , dont tous
les êtres subordonnés empruntent la
leur, comme nous l’avons déjà dit.
G’cstdans l’essence, qu’est placée l’intelligence;
ensuite vient l’ame, qui renferme
la vie ; et tout cela est. lié essentiellement
au Bien ou au premier
principe. Dans le Pimander, Trismé-
gisîe met. Dieu dans l’intelligence ,
l'intelligence dans l’aiue , et Pâme dans
la matière. L’Evangile de Jjeaii met,
comme Plotin, l’intelligence ou ïe A07.nr
dans Dieu. Cela revient à-peu-près au
Plotin regarde le Bien et .l’Unité,
Tiomnn et Unum , comme la même
chose. Rien dé plus simple que l’unité;
rien également de plus simple que la
bonté... Il s’ensuit, que la bonté et l’u-
, mté sont une même chose- Ainsi rai-
Isattrioient les Platoniciens, pour donner
I à l’Unité- première le nom de Bonté ,
; et poürappeler indifféremment le prei
i mier Dieu, le Père, tantôt Unum, tan-
; tôt Bonum.
Plotin lui-même regarde le souverain
bien ou la première cause, comme
[le terme auquel tout re rapporte, et
1 comme un centre autour duquel tout
rome. En parlant des trois principes,
Ile Bien, l’intelligence première et la
première ame , il établit, par-tout pour
ben commun l’unité et la fendancè au
j bien , ou vers le premier Dieu centre
j (|e tout. Le bien oit l’unité est la pre-
jinière cause : la sècotide est l’intelli-
Rence, pnncjpe de l’ordre et-des formes,
a troisième est la première ame, prin-
!pe de vie et de mouvement. Or ,
c°iî>me n°us voyons l'univers embelli
par l’ordre et par les formes, nous pensons,.
avec raison , que l’intelligence agit
par-tout pour régi ré t ordonner; et l’ame
pour mouvoir et vivifier par son souffle.
Mais,,comme ilya unifédaris l’ordre des
formes .et ■ unité dans le principe de vie
et de mouvementavec une tendance,
de l’ordre et de la vie vers le1 bien ,
nous ne pouvons nous empêcher de
rappeler au bien, comme â sa cause
première et souveraine , et l’intelligence
qui ordonne’ainsi tout, et l’ame
qui meut ainsi tout. Ainsi cet univers,
corporel et mobile par un autre, est
rappelé à l’amei' mobile 'par
ellcMTicme, qui meut tout par son mouvement
propre; celle-ci à l’inteiii^epee
entièrement stable, qui enchaîne’tout
oans sa constance propre. Mais l’une
et i autre, savoir, l’intelligence et i’ame
sont rapportées au Bien , (ad Bonum)
dans lequel l’intelligence repose , et
autour duquel se meut l’amè. Soit que
1 ame se meuve ou soit mue , elle est
mue et se meut vers le Bien ; soit que
i intelligence se repose et s’affermisse,
e.le se repose ets’affennit dans le Bien.
D’après ces principes , l’intelligence '
comme 1 ame,, ou le Koyoc et. ic Soirifuv
ne peuvent s’écarter du Bien , de l’unité
et du premier Dieu, qui est leiîr
centre.
Après le Bien (r) suit l’intelligence
qnr accompagne l’ame. Dans le Ciel ’
l’essence représente : le Bien , la' Ln-
mière , ViiUelligence , la mobilité de
l’ame.
Dans le second chapitre, Plotin conclut
qu’il y a trois-principes;.- Le premier
Dieu ; ou.le Bien; PinteMect son
fils , qui, .comme.un rayon , émane de
la lumière du Père ( c’est 1 c Lumen
de Lumine des Chrétiens ) , et de plus
l’aine dü inonde, qui,'sortie de l’intelligence,
devient le üpiritits ou souffle
de vie universelle’-qui anime toute la
nature.- C’est a ces trois premiers nrin-
(’) Ibid, Comment, ad Enuead. 2.1. 9. c. 1.