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l’ame à la félicité et à l’innocence primitive
, dont elle étoit déchue, en quittant
les plages Éthérées ,.pour descen-
dredans î,e monde sublunaire, où règne
le principe du mal toujours en conflit
avec celui du bien. C’est ainsi que, dans
les Mithriaques, l’ame élevée par l’action
de Mithra retpuruoit par les sept
portes planétaires sè joindre à Or-
musd , qui régnoit au sein de la Lumière
première , hors des atteintes
d’Ahriman , qui ne pouvoit combattre
son action , que lorsqu’elle s’exerçoit
ici-bas , ou dans ce monde, où l’ame
aequéroitla connoisssnce du mal, dont
Ahriman, ou le principe ténébreux est
la source.
Ce fut dans une isle écartée , et
presque déserte (x) , que Pauteur de
l’Apocalypse, un jour consacré au Soleil
, ou le Dimanche , eut l’extase,
durant laquelle il eut. la vision de la
Jérusalem céleste , où les âmes vertueuses
dévoient bientôt aller se réunir,
pour y vivre heureuses, au, sein de la
Lumière Eternelle , aussitôt que le
Grand-Juge , qu’ou attendoit. alors à
chaque moment, auroit décidé du sort
du monde. ■
C’étoit dans un lieu désert, à Pe-
puzza, dans le continent et en Pbrygie,
c’est-à-dire , dans les contrées voisines
des sept villes nommées dans l’Apo-
ly pse et de l’isle de Pathmos elle-même,
que se tenoient les assemblées mystiques
de ces Phrygiens , sectaires répandus
dans la Pbrygie , d'ans la Ga-
latie , et la Cappadoce sur-tout, où
fleurissojt le cube de Mithra,
Cette ville étoit détruite du temps
de St. Epiphane (3)- L'opinion de ces
sectaires étoit , que .la Csdestc • / cr/t-
salent étoit descendue du Ciel, et s’étoit
manifestée en cp: lieu. En. conséquence
ils s’y rendoient; pour, cclebrer leurs
(1) Apocaîyp. c. 1. v . 9. V. lo .
(2) Epipli. adv. ïïæ re s . eu. liJ. p. Urx.
p. 182. H
(3) A p o c a îy p . 1. 1. v . v . 3. 7 .
mystères , et ils sanctifioient ce lie»
par la Religion. Les hommes et les
femmes alloients’y faire initier, et atten-
doient la vision de Christ , ou une
Théophanie, c’est-à-dire, qu’ils se pro-
mettoient de voir ce que le Prophète
Jean dit qu’il a vu , et ce qu’il promet
aux initiés qu’ils verront. Car il coin-
mence ainsi : ( 3 ) » Révélation de J. C,
qu’il a reçue de Dieu, pour découvrir
à ses serviteurs les choses, qui doivent
bientôt arriver... Le temps estproche;
le voici qui vient sur les nues. Tout oeil
le verra ; ceux mêmes qui l’ont percé. Il
n’y a rien de plus vrai ( g ) 11.
■ Et il finit par dire ( 4); que cela doit
arriver dans peu de temps, « Je m’en
vais venir bientôt, dit Christ. Le temps
est proche ». Ces mots, ces promesses
d’un avenir prochain sont répétées plié
sieurs fois dans le dernier chapitre,et
l ’initié, répond, JLmen : venez , Seigneur
Jésus. Malgré ces promesses si
certaines d’un avénément si prochain,
il est encore à venir, et il tardera encore'
long-temps. Mais l’auteur a parlé,.comme
un homme frappé de l’idée de l’ajÿ
rivée du Grand-Juge , et qui berçoit
les initiés de l’espoir d’une prochaine
Théophanie ; ce qui étoit le grand bnf
de toute initiation, qui tendoit à assurer
le retour prochain à la terre Lumineuse,
dont les aines sont descendues,
Synesius (5 ) appelle un homme nouvellement
initié , un initié aux Théo-
phanies. •
Leurs traditions portoient, que Pris?
cilla (6) ou Quintilla.'une de leurs Pro-
pbétesses, s’étoit endormie à Peppuzza,
Que Christ lui avoit apparu, sous h
forme d’une femme vêtue d’habits
d’une blancheur éclatante ; qu’il avoif
répandu en elle son esprit deyagesse;
qu’il lui avoit appris , que cé lieu etoit
saint, et que la Céleste Jérusalem ƒ
(4) Apocaîyp. c. 2. v . 6. 7 . 1 1 J 12. jfc a
(5) Syn. Encom. Catv. p. 70.
(6) E'pipli, adv. Hæres. ç. 48. p. 182.
étoit
R E L I G I O N, U
«oit dépendue: C’éfoit pour cela qu’on
yv rendort pour s’y faire initier , àfin
J’avoir aussi une apparition de Christ!,
îqn’ils y attendoient. •
*1 Comme 1 Hiérophante de Pathmos
prend le titre de prophète,.'dans son
livré, les Prêtresse« de Pepuzzaçprévoient
la qualité. deTrophétesses, et
faisoient dés prophétie» sur l’apparitiiwi
idu gfarid’ jugé ', et sur la résurrection,
j(jtiï étoit un de leurs dogmes principaux
(l)i Elles joùoient. le rôle d'inspi-
ives vis-à-vis du peuple, 'comme -.fiiit
ici Jeaii ; elles fraeOient le éableau'des
malheurs de cette-vie mortelle,'et ré-
pàndoieflt. des larmes'en' esprit de pé-
nitenee! Ces Têtes dé |deuil ressemé
bloient pàr-là' assez à celle dès femmes
Athéniennes , dans dès Thesmophories
[et dans les my -tèles dè Béotte (&}. M
On voit pareillement l’ Iliéropba'flte,
[mile Prophète Jeàn tracer le tableau des
[matu y- cldùt l’univerSést menacé,Car
le but de toutes ces lamentations , sur
Besort de l’homme ici-bas, étoit de le
ptacher de la terre , et de le'faire
(soupirer après son'retour vers la céleste
[patrie. Tout cela entroit dàrjs lèi système
des Priscilianistes et des Pépuz-
fciens , qui reconnaissaient Prbseilla et
Wtmitilla pour leurs prophétessesv Eu
[ei'èt j c'étèit un des principes de leur
Poitrine , de regarder en quelque
p'ité le ciel comme, la patrie pri-
[nnlJve des âmes ;;cé qui répond assez
P nôtre Paradis , : e t'à l'opinion'de
(Mis-les anciens philosophes , qui ont
ffB,' que l’ame étoit descendue du
f'd , et qu’elle éprouvoit -une espace
de mort , èn s’unissant à la ma-
iiefe, au moment de lu nuis suri ce de
■ .nommé', et--qu'à .sa mdtf/iau dofn-
Iwire, l’ame renàîsSoità-etâllbit re-
prendre-sa pre«iiè)e'vie rn reinon-
N î V E R S E L L E. 209
tant vers l’Ether , du à Pair libre,ver.}
cet Océan lumineux, d’où sont écoulées
toutes les: âmes. Ci’est la dqctriné
que Çlcéron a consacrée dans son ouvrage
intitulé : Songe de Scipion ; et
que* Maerobe n développée, dans son
Commentaire. Cette doctrine étoit aussi
celle desuMithriaques (3) , comme ojp
peut le voir dans Porphyre , et dans
Origène , nù Celse pâlie des sept portes
planétaires , par lesquelles les âmes
muntoient et désce.idoieht. Il en étoit
-à-pen-prèS de même de la doctrine des
TriscilUmistes et eonséqnepimeiit de
celle de Jean, qiiis’en: rapproché par
tant de rapports , et qui *, iconame dit
Origèné , contient la théorie miyst-Üquê
du retour des âmes vers les êtres dij-
vinsè*. . r ' > ;
Léon raconte, .que les i Priscilianistes
(p) ' enseignoient.que les âmes
-avoient péché datis* lé ciel, bù tellés
éfoient revêtues d’uù corps léger et
-Ethéré ; qu’en traversant qteslairs et
les Sphères célestes , elles.rencontrent
diverses puissances pies nries pluscriiej-
lès*,i tes iautreà plusidouee?, qui lesien-
fermfnL dans des' corps de conditions
diflèrentesq que tes Corps et les» aines
des’’hommes' sont ïissuteptis» au destin
et à* l’empire des étoiles que > tes diverses
parties.de l’ame .sont soumises
à certaines puissances, et les divers
■ membres;là d’autres;!
- rL’opimèrf j que les snies> cnit péché
dansdeèiel, ef^pieic’està caiisede cola,
que Dieu tes éilieisurda leir-e , observe
avec raison Bèausohrc, est ibrtati-
cienne , ’et fort commiine.
• ! St.- Augusilin (5). nous a conservé un
passage d’umouvtage deiCicéron, dans
teqtK'p. cet oràtehr philosophe regarde
cette doctrine sur le péché originel dé»
tunes , -dans là vie qu'dàus le rpoude
! Ö Ï.P'?1'- c - 49- Uwtep- 182,
f \ I » .d a v X ^ id . p..,.. ;
P ^°Pph. de iinlpo î f y^ p li. p,, ion.,f
i Beausobr. ïr i iifé du Manicii, X. 2.’ It y.
Heiig, XJniv, Tome I I I .
,.>ri; ‘ -lnl ,, , . A )*.'
Leo Ëpft. 3. ad T üeîI). .
(5) Augusl. 1. 4. cont. Pe/ag. et ffagï
Oper, Ed. d'Oiiuet, !f . 8. p.,§77
Dti