origine,(i) dans le Soleil, où les Manichéens
placoient leur Christ. Toute
arae séparée du corps erroit pendant,
un temps , dans l’espace qui sépare la
terre de la Lune ; les mies plus longtemps
, les autres moins.
Ce voyage ressemble assez au voyage
souterrain de Platon; car on regardoit
comme souterrain , ce qui étoit plutôt
sublunaire. Mais comme l’ob-eunté de
la matière terrestre s’étendoit jusqu’à
la Lune , le Parophylien de Platon l’ap-
peIlff~sor.terrain et ohsettr. Les morts
ordinairement mettaient cent ans à le
parcourir cet espace (2)’ , jusqu’à;ee
qu’ils arrivassent dans |É» prairie , où
aiégeoientles juges, qui dévoient porter
le dernier arrêt sur le sort de ceux qui
avoient dès moeurs ordinaires. Car les
grands- coupables ne passoient jamais
l’ouverture, qui saps cesse les repoussoit
vers leTartare, et les livroit aux furie?
, qui s’en saisissoient , comme on
le voit par l’exemple d’Aridée de
Pamohq lie et d’autres tyrans, et d’une
de particuliers, souillés des plus
noirs forfaits. Mais pour les auus vertueuses
, cet intervalle de temps , qui
s’écoule entre la première mort, et la
seconde ou la dernière séparation de
l’ame et de son intelligence, étoit un
temps assez heureux (3' ; quoique ce
bonheur n’égalât pa's celui dentelles dévoient
jouir après la seconde mort (4),
qui ne devoit pas avoir de pouvoir sur
elles , comme l’observe très-bjen l’auteur
de l’Apocalypse (a), puisque, après
un repos de quelque temps dans la
prairie , les âmes ’se retiraient et passoient
dans la èolonrie de Lumière,
comme on l e ’voit dans Platon ( 5 ) ,
qui sç sert même du"rnot aveLSTctvree , lequel
signifie chèz nous résurrect ion (AV
Cet intervalle de ’iernps, qui s’écou- 1 2 3
(1) Ibid, p, 943. .
(2) Plalo. I. 10 .’de Réputé p. 614. et 61S.
(3) Flutar. «e.faç. in orb; Lunæ , p. 942.'
( ;j Apoc. c. 20, v, 6.
loit entre la première et la second»
mort, étoit une espèce de purification
et de lustration préparatoire pour'|&,
ames vertueuses (6), qui se purgecient
des plus petites souillures, qu’elles
avoient pu contracter dans un C9tn.
merce trop étroit avec le corps ; et es-
suyoient les tachesdumauvaisprincipe
C’étoit dans la partie de l’énfer
dont a parlé plus haut Platon , qu’eil«
passoient cet intervalle de temps (7)?
qui précédoit la seconde mort, ou la sél
p,? rat ion d’une partie d’elles - mêmes.
Elles y restaient un certain temps déterminé,
dit Plutarque, dans un champ
situé dans la partie la plus épurée
do l’air; conséquemment vers le voisinage
de la Lune. Là comme de retour
d’un long exil, elles‘éprouvoieïïh
une joie mêlée d’espérance et de crainte,
semblable à celle qu’éprouvoit l’initié;
Cette crainte venoit de ce que Souvent
elles étaient repoussées loin de la Lime,
qui refu-oit de recevoir les'unes, et qui
souvent rejetoit les autres dans dès
gouffres profonds. Les ames privilégiées
au contraire s’éle.voient jusques à li
Lune, franchis:oient tout obstacle,et
s’y éfablissoient fortement..Cette idée
ressemble assez à celle de Platon, qui
fait voyager les ames jusqu’à la prairie,:
dans laquelle toutes n’entrent pis, et
d’où un certain nombre sont repoussées
vers les profonds abymes.
Arrivées dans la Lune , là il se fait
un second dépouillement. Le premier
s’étoit fait sur la terre , où l’ame s’étoif
séparée du corps , et où elle avoit laisse’
ses dépouilles' purement matérielles.
C’est clans la Lune, qu’elle se dépouillé
de la partie animale qu’elle avoit reçue
de la Lune , et qu’elle ne conserve
que l’intelligence pure, cju’elle tient du
Soleil (,8). La Lune a fourni l’élément
(5) Plato de Republic, p. 616.
(6) Plut, p. 943.
(7) Plut, de facie. p. 943.
(8) Ifcid. p. 49S.
aniwal
animal de l’ame, et c’est dans son sein
Lue se résout cette . partie , comme
c’est dans la terre que se résout le ca-
Idavre, ou leftorps purement matériel.
[C’eut— là ce qu’on appelle la seconde
[mort; et le passagè vers le Soleil la
(seconderésurrection; quiarrive, lorsque
(l’ame ainsi dégagée, dit Plutarque (1),
[acquiertune parfaite ressemblance avec
[la nature du rayon solaire. Toute cette
[théorie est fondée sur cette opinion
(de la Philosophie Barbare .‘( 2 ) , que
(l'hommcf est un composé d’esprit; d’a-
|me et de corps. L’union de l’esprit aveé
[l’ame fait l’hoinme raisonnable , et
[l’union de l’ame. avec le corps produit
(les passions. Le corps tire son origine
(de la ferre , l’ame de la Lune , et l’esun
iong voyage. Mais cette épreuve de
1000 ans n’étoit pas nécessaire pour les
justes, d’une vertu épurée , qui passoient
sur-le-champ dans le lieu où se
faisoit la deuxième séparation , et quiy
attendqient,dans unétatassez heureux,
l’arrivée des autres ames,’qui de voient
être jugées. La séparation de l’ame
animale d’avécl’esprit s'opérait promptement
, dit Plutarque (p) , pour les
ames chastes et vertueuses, ciuiavoient
embrassé un genre de vie tout-à-foit
philosophique, et qui ne S’étalent point
mêlés au tourbillon du monde. L ’ombre
qui enveloppoit l’esprit s’évaîiouis-
soit bientôt, et il ne restait plus que
l’esprit, semblable àu rayon solaire.
La séparation étoit beaucoup plus
prit du Soleil. Ces trois parties s’u- lente pour les ames ambitieuses *, qui
rissent par la génération , èt se sépa- avoient été occupées du soin des affaires
Irëffl par-deux sortes de morts. La pre- et des intrigues du monde , que la co-
| trière mort sépare l’ame et l’esprit d’a-
Ivec-le corps. Cette première sépara-
|tion, suivant Plutarque ( 3 ) , se fait.
Jaune manière prompte et violente. La
■ seconde d’une manière douce et plus.
■ longue. Chacune de ces parties retourne
|a son principe. Le corps rentre dans la
Iferré; Paine , si elle est juste, retourne
lalaLune; mais après avoir resté quel-
Iqiie temps dans l’air pour s’y purifier.
■ Si elle est vicieuse , elle est tourmen-
|tee dans les airs , et ensuite renvoyée1'
I oans un autre corps pour sa punition.
I f es ames justes restent dans la Lune,
■ où elles sont dans un étaf agréable,
lînais non parfaitement heureux. C’est
I Mt état, sans doute, que l’Auteur de
| Apocalypse -appelle1 un repos, un rè-
! Snedeiooo ans placé entre la mort et le
dernier jugement, ou celui qui définitivement
décide du sort de l’homme,
«quel se rend dans la fameuse prai-
rie (4 ). ou# vallée de Josaphat, après
D Ibid, p, 945.
(2) Beausobr. T . 2 . 1 .7. c. 6. p. üon, sect. 9.
(d) Plut, p. 9 4 3 . . - r y *
(4) Be Republ. IQ. 616.
Reliÿ-, Uniç. Tome III.
lèreou l’amour avoient trop fortement
agitées pendant'la vie , et qui avoient
donné au corps trop d’empire sur elles.
Le souvenir des jouissances d’ici-bas
les rappeloit souvent vers la terre ; 1 in-,
constance et la 'mobilité ,des passions,
les entraînqit souvent loin de.la Lune,
pour les rendfe à üne nouvelle génération
; tandis que l’esprit les rappeloit
vers la Lune , et adoucissoit ce
que l’ame avoit encore de rebelle. Ce
sont là , sans doute ; ces derniers combats,
«que livre à l’ame le Principe Ténèbres
(6), comme onle voitdans l’Apocalypse
, principe qui reprend sa force
pour un moment, et veut séduireencore
les ames , avant qu’ci f-s s’établissent
dans lé lieu où doit se faire la dernière
séparation, qurles épure assez, pour
qu’elles soient reçües dans le Soléilfy).
Gettç séparation sè; fait par l'amour
et par le désir de jouir cfe l’image du
Soleil , eu laquelle et par laquelle
(5;, Plut. p. 945.
(6) Apocal. -c. 20. v- 7. et 8.
(7j Piutarcli. ibicj. p. 944.
Oo