premiers symboles, dont le sens se présentait
naturellement , et qui semblaient
fixer d’une manière claire les
points principaux du Calendrier rus-
tique et astronomique, s’accordent parfaitement
entr’eux , et avec l’état du
Ciel et de la terre. Ils vont nous
mettre en état d’appercevoir le sens
des autres symboles, qui ije s’étoit pas
manifeste d’abord aussi clairement :
c’est ce que nous allons voir, par
l ’explication détaillée des douze signes
du Zodiaque , considérés à cette époque.
Les trois premiers signes , à compter
du Solstice d’eté, sont évidemment symboles
de l’eau.Le premierestle Capricorne
, mais un Capricorne amphibie, à
queue de poisson, ou uni au corps d’un
poisson. Manilius l’appelle ambiguum
sidus terroe que marisque. •( i ) Le
second est une urne , ou un homme
penché sur une urne , de laquelle s’écoule
un fleuve ; le troisième offre deux
poissons enchaînés , ou , suivant quelques
Sphères, un seul poisson. Ces
trois symboles aquatiques , qui ne signifient
rien dans cette saison pour les
autres climats . peignent de la manière
la plus claire 1 état de l’Egypte , dans
les trois mois qui suivent le Solstice d’é-
té (2). Tous les voyageurs , anciens et
modernes , conviennent que , peu de
jours ajjrès le Solstice , le Nil inonde
toute l’Egvpte pendant trois mois (2) ,
et ne rentre dans son lit, qu’a près l’équh
noxe d automne : In tolum autemrevo-
caturinlra ripas in Ubrâ, centesixno die
Cf) Ce t intei valle de tiois mois,durée de
l ’inondation , ne ponvuit doncêfre désigne
d u c manièreplusnatiirelle,que par
les emld. mi s aquatiques , tracés dans
les Consleih tions,-que le Soleil parcou—
roit durant tout ce temps. Le Capricorne
occupe dans notre hypothèse,
un des Solstices ; mais c’est le Solstice
d’été , et le point le plus élevé de ]a
course du. Soleil fut assigné à l’aai.
mal, qui , comme le remarque Ma-
crobe ^ broute sur les rochers les pbj
escarpés, et se plait à vivre de préfé.
rence sur la cime des montagnes . pendent
in rupe capelloe, dit Virgile.
chef des troupeaux le devint aussi des
animaux , qui sont peints dans le Zodiaque;
et Je quadrupède , qui gravit
où les autres ne peuventa.tt'eindre, se
trouva naturellement mieux placé au
Zénith des habitans de Thcbes et de
Syene (h) , et au terme le plus élevé
du mouvement ascendant du Soleil
qu’au point le plus bas de sa course annuelle.
Macrobe, dans son explication,
n’a pas fait attention, que le Capera été
choisi pour symbole, non.pas précisément
parce qu’il monte en broutant,
qualité qui lui est commune avec plusieurs
autres animaux ; mais parce que
c’est sur la cime des'roebers Je s plus
élevés, qu’il se plait à paître , et qu’il
n’est point de quadrupède, qui prenne
un essor aussi hardi. Dira-t-on, que o’est
simplement la marche ascendante du
Soleil, depuis le Solstice d’hiver, qu’on
a voulu peindre sous cet emblème?
On sait, que cette marche ascendante
ne se manifeste nulle part moins qu’aux
environs du Solstice; et d’ailleurs, ce
qui est un argument sans répliqué, nous
prouvons que l ’Astronomie état déjà
inventée, bien avant le temps où le Capricorne
a pu occuper le point solsti-
tiald’hiver. Ainsi l’origine , que lui sup-
poseroit Macrobe, ne peut avoir-lien,
puisqu’il eût été inventé, pour être
symbole d’un mouvement ascendant,
que le Soleil ne pou voit encore avoir,
lorsqu’il parcourait ce signe, avant l’époque
trop récente de Macrobe , et
même des Astronomes Grecs. En ellet,
(1) Manil. 1.4. y. 791.
f c 36- y .« . (3) P lia , 1, 5. c. 9.
(4) Musqué tmrescen»
lu Cancrum, et Tellus Ægypli jussa natare.
( Manil. 1. 4. v. 748. )
Le Cancer étoit alors s’gne solstitial.
R E L I G I O N U N I V E R S E L L E .
comme remarque très-bien M. de la
Nauze , en, attaquant l’ opinion sur
l’antiquité du Zodiaque , u il n’y a que
„ 3640 ans,que l’Equinoxe a commencé
,, à entamer la Gonstellation , appelée
;, aujourd’hui le Bélier: il ne i’avoit
» donc pas encore en tamée il y a 4000
„ans. Dans ce temps-là , le Taureau
» ouvroit le printemps. Ainsi qu’on ne
D disepasque leBélierétoitdèslurssigue
uprinfannier.Car enfin, il n’est pas pos-
„ sible d’imaginer, que les auteurs du Zo-
,, diaque aient jamais prétendu placer
nies Constellations hors de leurs propres
signes >).Ces réflexions de M. de la
Nauze tombent également sur le Cancer
et sur le Capricorne, mais ne prouvent
pas ce qu’il veut établir , que le Zodiaque
soit d’invention moderne ; mais au
contraire, elles prouvent qu’il est de la
plus haute antiquité, si une fois il est
constant, par d’autres preuves,que l’Astronomie
et la division des Cieux remontent
au moins au temps où les astérismes
nuTaureau répoudoientà l’Equinoxe
du printemps. Or , c’est ce qn’ont
prouvé nos explications des poèmes Mythologiques.
M. Freret, dans sa Défense de la
Ch vonologie , entreprend de prouver ,
que chez les Egyptiens , 2782 ans avant
J. C: , et conséquemment lorsque le
Taureau répondait à l’Equinoxe de
printemps, la période Sothiaque étoit
déjà inventée et employée. Mais une
pareille période suppose déjà une Astronomie
très-perfectionnée, et en conséquence
une division du Ciel et du
Zodii sque ; ce qui fut comme le premier
pas des inventeurs de l’Astronomie.
Nous trouvons, dans notre nouvelle
hypothèse, un second avantage, celui de
Pouvoir expliquer,pourquoi dans toutes
lesSphères anciennes le Capricorne est
représenté par un poisson, ou uni à un
I1) Theon , p. 136. Hygin , 1. 2, c, 19,
German. c. 26.
3 3 *
poisson,ou terminé par un poisson (1)
Ce Cap licorne, demi-poisson .annonçoit
le débordement duNii,quicommcuç„U
sous ce signe. La réunion du corps
du Capricorne , à celui du Poisson,
n’est que des siècles postérieurs, et nous
vient des Calendriers sacrés, ou des Calendriers
des Génies , dans lesquels ces
réunions monstrueuses étoient familières
; mais dans le Calendrier rural
ou primitif, on peignit un double symbole
, un Capricorne et un Poisson (2),
C’est sous cette forme, qu’on le trouve
dans un Planisphère Indien , imprimé
dans lesTransactions Philosophiques de
1772, Planisphère qui paroît. remonter
à la plus haute antiquité. L ’idée du débordement
, si intéressant pour le peuple
Egyptien , et conséquemment celle
du Poisson symbolique , semble même
avoir fait oublier le Capricorne , ou
l’emblème solstitial ; de manière que
les Indiens, en recevant cette Astronomie
, ont conservé la dénomination,
de Poisson à l’astérisme du Capricorne';
ils l’appellent Macaram, nom d’une
espèce de Poisson. Le Gentil croit
appercevoir ici une différence entre
le Zodiaque Indien et l’Egyptien. Je
n’ai , dit-il , remarqué de différence
bien réelle entre leur Zodiaque et celui
des Egyptiens, que dans le Capricorne,
que les Brames n’ont point. Le mot
Macaram de la langue Brame , qui répond
au Capricorne, signifie Poisson ;
et effectivement. Le Gentil , en nous
donnant les nomsdes douze signes, dans
la langùe des Brames , traduit Macar-
ram par espèce de Poisson ; mais dans
le Zodiaque Indien, l’on trouve le Capricorne
, aussi bien que le Poisson.
Cette différence n’est donc qu’apparente;
et, comme nous avons retenu le
nom du Capricorne , et oublié le Poisson,
les Brames ont retenu le no® du
Poisson , et oublié le Capricorne, quoi-
(2\ Bayer, Tab. 48.
(3) ©eut. voy; T. I P- 247,
T t 2