de l’esprit des hommes. Il n’ést donc
pas étonnant, que nous les retrouvions
par-tout.; car cYtoit. le seul moyen de
contenir les hommes , que de bien établir
le dogme de là vie'futiiré / ’et la
croyance des peines et des récompensé:!;
qu’un Dieu juste réservoif aux actions
des mortels. Tout l’ouvrage que nous
commentons ici se réduit là en dernière
analyse.
Les actions des hommes sont supposées
écrites dans un grand livre ( i) ,
où l’on en tient registre,etlesmortsspnt
jugés sur ce qui CSt écrit dans Ce livre
, selon leurs céuVres. Tous ceux qui
y sont mal notés , èt dont lé nom n’est
pas écrit sur le seèond livre , appelé
Livre de F'ie i sont jetés dans 'l'étang
de feu avec l’enfer , la mort, le Dragon
et la Bête et le faux Prophète. Là
seront ensevelis tons les lâches {2), les
incrédules, les exécrables , les homicides
, les fornicateurs, les empoisonneurs,
les idolâtres, les menteurs, dont
le partage sera dans l’étang de feu et
de soulre ; ce qui est la seconde mort.
La ville Sainte , dit-on ailleurs, n’est
point pour les Cyniques (3), pour les empoisonneurs,
les impudiques, les idolâtres
, et pour quiconque aime et fait le
mensonge. Il n’y entrera rien de souillé,
ni aucun de ceux qui commettent l’abomination
ou le mensonge (4).
Qui sont donc ceux qui y entreront ?
Les vrais amis de la Lumière , les Initiés
aux mystères de l’Agneau, qui
porte le soleil sur son dos, dans " Son
triomphe sur les ténèbres ( d).^ Enfin ,
ceux-là seulement, dit l’Apocalypse ’
qui sont inscrits (5) sur le livre 'de vie
de l ’Agneau. Heureux ceux, dit-on’ ,
qui lavent leurs vêtemens dans le sang
de l’Agneau (6), afin qu’ils aient droit
à l ’arbre de vie , et qu’ils "entrent dans 1 2 3 4 5
( 1 ) A poc. c. 20, v. 12.
(2) Ibid. c. 21. y. 8.
(3) Ibid.'C. 2a. v . i 5.
(4) Ibid. c. 21. y , 17.
(5) Apoc. c. 21. y . 27.
(6) Ibid. c. 22. v . 14. c. 21. v., 7.
(7) Plutarch, de facie in orbe Lunoe 943*
( o ) De Repub. 1. 10. p. 614 et 616.
(9) Hierocles in aurea , v . 70- p* 3IIfc
■ athlètes delà philosophie recevoientleur
couronne , et que Pâme , rendue à son
premier état, étoit associée à la Divinité
, dont elle partageoit la nature, autant
qu’il étoit en elle. Le monde actuel
étoit pour l’homme un antre profond
et ténébreux, dans lequel il étoit
livré aux maux de toute espèce : c’étoit
en quelque sorte la Babylone de l’Apocalypse.
Le but de la philosophie et
de l’ini tiation étoit de l’en arracher, de
l’affranchir de ses maux , de le rendre
au séjour des véritables biens, et de la
splendeur Éthérée , où étoient; les îles
fortunées et le champ de vérité, où ,
pour me servir des termes d’Hieroclès ,
l’aine toute entière voit la Divinité (l),
et acquiert une ressemblance avec elle.
Le but unique de la doctrine Platonicienne
étoit d’épurer l’ame , de l’alléger
du poids de la matière, afin qu’elle
pût s’envoler vers les biens- divins , et
s’élancer , à la mort , vers son séjour
primitif, aux champs de la Lumière,
( '2 j
Ce lieu sublime, dont nos âmes, suivant
Cicéron (3) , sont émanées, et où
ellesdoivèntretourner, est placéau-des-
sus des Sphères, dans un endroit brillant
de la plus éclatante lumière. Là étoitun
lieu marqué dans le Ciel , où les citoyens
généreux,qui avoient sauvé leur
patrie , dévoient vivre éternellement
heureux. La justice et la piété seules
pouvoient conduire au Ciel, et nous
associer aux âmes vertueuses, qui habitent
ce séjour, brillant du plus vif éclat,
et qui est près de la voie lactée. CYtoit
Là cette patrie céleste , qu’ilfalloit sans-
cesse fixer de ses regards ; en méprisât
tout ce qui est humain et mortel.
^ est là!cette demeure éternelle, que
jen propose à.Scipion d’envisager, et à
laquelle la vertu seule peut le conduire,
eu iui donnant la véritable gloire. La
S iü p' 3°°- S c p.- 3I°' oom. Scip. c. 2-9-4-6,
(4) Ibid. ' v*
meilleure manière d’y arriver, c’est de
se détacher déjà ici-bas des affections
du corps , de sortir en esprit de cette
prison , et de porter ses regards au-delà-
de ce monde: et de la matière ; afin qu’a
la mort, rien n’arrête l’essor de l’ame
vers les régions Ethérées. Cicéron avoit
puisé cette doctrine chez les Pythagoriciens
et les Platoniciens. Les images ,
ou les emblèmes qu’on a pris, pour nous
représenter ce séjour lumineux, ont varie.
Cicéron le place dans la voie bril—.
lante, qu’on appelle la voie de lait ou
route des âmes, composée de très-petites
étoiles, fort élevées au-dessus des
autres Astres et des sept Sphères ; et
qu’on ne peut appercevoir d’ici-bas,
dit cet Auteur (4'.
Platon le met dans le huitième Ciel
ou au-delà des sept Sphères; ce qui revient
au même ; dans une • colonne de
lumière,' semblable à Parc -en-Ciel, et
qui s’étend ensuite dans les sept Sphères,
représentées par les sept couches
concentriques du fuseau des Parques,
dont le sommetest au huitième Ciel (5 ).
Clément d’Alexandrie ('6 ) a également
regardé cette prairie, dans laquelle
les aînesse reposent, avant d’entrer dans
la Lumière, comme figurant le Ciel
des fixes , lieu où règne le calme et le
bonheur, et digne d être le séjour des
âmes vertueuses. Il entend par les sept
jours le mouvement des sept Sphères,
à travers lesquelles l’ame s’empresse
d’arriver au lieu du repos. Leur réunion
à la 8'. formoit l’Ogdoade fameuse,
par laquelle on représentoit le monde ,
dans là Théologie des Valentiniens et des
Gnostiques (7 ) . Ils l’apeloient aussi
du nom mystique deMère,de Terre sacrée
etde Jérusalem• ce dernier nom est
celui par lequel l'auteur del Apoca lypse
désigne aussi le nouveau monde Lumière.
Il paroît, que les Gnostiques et
(5) Plat. d eR ep ubl.l. 10. p. 6x6.
(6) . Strom. 1. 5. p. 600.
(7> Epiph. 1. 2. c. 31. p. 83.
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