leste, nous ont fait préférer la dernière
explication.
il ne nous reste plus maintenant aucun
tableau mystique à expliquer ; et
les derniers versets de ce chapitre ne
contiennent, qu’une espècede récapitulation
abrégée des principes et du but
de cet ouvrage (1). On y trouve une
râpé tition des promesses d u chapitre précédent
, et une courte description du
bonheur, dont jouiront les âmes vertueuses,
lorsqu’elles seront rendues aux
sources de la vie, ou au lieu de leur
origine, dans lequel l’ame a une véritable
vie ; c’est là ce qu’on doit.entendre
par arbre de vie et source des eaux
vivantes ; expressions dont se sert l’auteur,
pour exprimer le retour à la vie,
c’est-à-dire , au Ciel (2). On se rappelle
ce que nons avons-dit plus haut,
sur cette vie et cette mort, prises dans
le sens mystique. Ceux-là vivent véritablement
, dit Scipion l’Africain dans
Cicéron ( 3 ) , dont Pâme dégagée des
liens du corps , comme d’une prison,
a pris son essor vers les régions élevées ;
au lieu que ce qu’on appelle vie sur la
terre est une véritable mort. Tous ceux
qui ont adopté les principes , d’abord
de Pythagore , et ensuite de Platon,
dit Maorobe ( 4 ) , distinguent deux
morts; l’une , est celle de l’animal; et
l’àutrë , celle de l’rfjjte. L ’animal meurt,
quand l’ame se sépare du corps ; mais
Pâme meurt, lorsqu’elle s’écarte de là
source simple et indivisible de la matière
, pour se distribuer dans les membres
du corps. S’écarter de cette source
originale de l’ame, c’est perdre la vie,
suivant Macrobe ; retourner à j cette
source, c’est retourner aux sources de
la vie.
Par la première mort, continue le
même auteur, l’ame se dégage de sa
captivité , et va jouir des véritables
(1) Ibid, ch. 21. v . 3 et 4. c. 22. y . 3. 4..
{-) Ibid. c. 22. v . 2 etv . 14, v, iy .'ç . (J, v . 77.
(3) Soin. Scip. c. 3,
(4) Macrob. So.a. Scip. I. r. c. 9 et ro.
richesses- de là nature et de la liberté
qui lui est propre par l’autre a«
contraire, qui s’appelle communément
la vie , l’ame est privée de la lumière
de son immortalité , et précipitée dans
les ténèbres d’une espèce de mort. Cette
opinion étoit aussi celle des Philosophes
Indiens (5 ) ,' suivant Strabon. « La
» mort, disoient ces Sages , est le re-
j j tour vers la véritable vie et vers
» la félicité,uourles vraisPbilosophesi),1
D’après,ces dogmes philosophiques,
il résulte , que l ame vertueuse , quis
retourne à son principe , va rejoindre
les sources de la vie , jouir des
véritables biens , de- sa liberté naturelle
, et de l ’échit lumineux de
son immortalité,, • dont elle étoit privée
ici-bas. Ce qui s’accorde par*
. faitement avee ce que noirs dit Jean,
que les aînés vertueuses et chastes vont
s’abreuver aux sources d’eaux vivantes,
manger des fruits de 1 arbre de vie,
et habiter une ville,' où il n’y a plus
de nuit, et qu’éclaire la Lumière Divine
(Zi). Cette Lumière Divine s’ap-
peloit sqnvcnt du nom de l'Epoux ,
dans les anciens mystères de M.i-
thra (6j. Je vous salue bel Epoux,
Lumière nouvelle , disoit l’initié. Fir*
micus , qui nous rapporte cette far-
mule , lui oppose celle de l’Apocalypse/
où l’Ange dit : k Venez , je vous mon*
» trerai l'Epouse, qui a l’Agneau pour
» Epoux ». Et il lui montre la Sainte
Jérnsalem , toute illuminée de la clarté
de Dieu. Eirmicus auroit dû voir, que
Jean avoit conservé .une expression
.mystiquedesMithriaques,dans le titre
d’Epoux , donné à la Lumière sacrée
de l’Autopsie, à la Lumière d’Ormusd
ou du monde. Lumineux , dans lequel
les âmes des- initiés doivent un j'our
passer. Mais Eirmicus aime mieux
avoir recours a la rivalité du Diable,
(5) Strabon. î. 17. p. 490,
(6) Eirmicus de Prof. Relig. p, 38. A[:0-
c, 21. v. io„•
pour .expliquer ces ressemblances, lequel
, dit-il, a toujours voulu dans ses
oeuvres copier les ouvrages des enfans
1 de la Lumière. Pitoyable- raison !
C’est de cette Lumière incréée , que
-parle Grégoire de Nazianzé (j), lors-
- qu’il suppose , que Dieu qui créa le
Soleil pour éclairer le monde, ne créa
point la Lumière pour le mondé des
esprits, parce que ce monde, toujours
[ éclairé de la plus -grande Lumière, n’a
aucun besoin de la Lumière seconde.
C’est ce que nous voyons ici dans l’A-
poralypse , dans le verset où l’auteur
[ dit": (2) « Il n’y aura plus là de nuit;
[-» ils n’auront point besoin de lampe ,'iii
Ëidelahimicre du Soleil, parce que c’est
s le Seigneur Dieu qui lés éclairera»“.
On voit,que dans cette Lumière première
étaient les sources d-s la Lumière
et de la vie. C’est cette Lumière pure ,
qui n’a point été mêlée à la matière,
qàe les Priscillianites, ou les Sectaires
iàsseinblés à 1 Pepuzza , pour y voir là
[céleste Jérusalem , appeloiènt la Lu-
\mière vierge (3), laquelle n’a point été
corrompue ni souillée , et qui par con-
héquent a toute sa beauté naturelle.
Nous avons 'le système de Pr-iscilliea
[et des Priscillianites, dans un mémoire
qu’Orose envoya d’Espagne à'Angns1
tin. Il n’y a qu’à le lire ,• Dit- Beanso-
bre (4), poury voir les dogfnes'duMa-
Mcnéismejetconséquemment ceux des
Mages c t de l’Apocalypse, Où tout foule
sur le .combat des deux principes, ter-
nnné par la victoire d’Ormtisd, chef de la
Lumière i r<b Ils parloientdes ténèbres,
tomme les Manichéens ; ils croyoiént
qu’elles étaient éternelles; et que le Prince
du monde en tiroit son origine. Ils en
aecrivoient les combats contre la Lumière
(5 ;, sous l’emblème de Princes, qui
| (1) Orat. 48. p. 698.
j (2 3 4) Àpoc. c. 22. v. 5.
(3) Oros. Comm, ad Augustin. Opéra. A u -
S'isiui. T. 7. Edit. Beiiedic. Cot. 432.
(4) Beausobi, T . 2 . 1,6 . c . 8. §. 13. p. 398.
se faisoient la guerre , et qui faisoieni
des irruptîoBsdanSl’EmpirePun de l’autre.
Les Manichéens supposoient (6)-;
que le Père sachant que les-ténèbres
s’étalent avancées qusques à ses terres,
ht sortir de lui une vertu, qu’ils appellent
Mère de lavie, laquelle produisit le premier
homme y qui alla combattre les
ténèbres. Cette Mère de la vie, ditBeau-
«obre (7 ) , n’est gutre chose que la
Source et1 le principe de l’ame raisonnable
et intellectuelle. Cette explication
confirme ce que nous disons de
Y Atbre de vie , qui n’est autre chose ,
que le lieu ôu la source d’où sont
émanées lesames, et,-où elles retournent
à la mort, quand la Vertu’les â dégagées
de la matière hétérogène et'ténébreuse;
On remarque, que cet Jdrpre de ris
n’est pas celui qui renferme,la cdimois-
sance du bien ef du mal ; celui-là est plan-,
té dans le monde sublunaire, où régnçn t
ces deux p rinci pes e t oui Isse bomba t te« t,
Igî .c’est l ’Arbre de vie simptémèht, lequel
ne peut être planté, qu’en un lieu
où il n’y a plus de malédiction f8),. de
nuit ni de ténèbres. Le premier croît dans
le Paradis ‘terrestre ; le second ne croît
que dans la Jérusalem Céleste,où est ce
Paradis, clans lequel croissent des arbres
intellectuels, doués d’intelligence
et et de raison. Dans le premier lieu
on commit le bien et le, mal, par la
génération, qui lie Pâme à la matjère
et. au corps ; dans le second , on ne con-
«oît que la félicité.
Ce séjour est tout entier consacré au
bonheur et à la jouissance des bienfaits
, du bon Princi pe, don t, rien n’al térera-ni ne
pourra corrompre la puretés C’est alors
que leslnitiésle verront face-à-fàce,- dans
(5) Ibid. p. 298.
(6) Ibid. p. 3 11.
(7) Ibid. p. 312.
(8) Apoc. c. 22. v . 3-et 5,