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Phiver, saison des eaux, fut représenté
par trois pierres, d’une eau pure non colorée
, telles que l’hyatide, le diamant,
et le crystal. Nous ne pouvons guère
douter, que le même génie mystique,
qui créja la cpuronne aux douze pierres
précieuses, qui parent le front de Ju-
non, et qui les groupa trois par trois,
comme les signesdes saisons, n’aitaussi
orné les fondemens de la ville Sainte,
dent les quatre faces sont percées
de douze portes , trois par trois
pour chaque face. Ce n’est pas au
reste seulement une conséquence , à
laquelle nous conduit le génie connu
de ces siècles ; car Martianus Capella
écrivoit dans les premiers siècles de
l ’Eglise : nous avons quelque chose
de plus précis encore. Ces pierres sont
presque toutes les mêmes,que celles du
Rational du Grand-Prêtre des Juifs (1),
qui, comme la ville Sainte, fonnoit
un quadrilatère, sur lequel elles étoient
rangées, trois par trois. Sur chacune
de ces pierres étoit gravé le nom d’une
des douze Tribus.
Dans l’Apocalypse (2) ce n’est point
sur les pierres précieuses, que sont gravés
les noms des douze Tribus , mais
sur chacune des portes. Sur les pierres,
qui forment les douze fondemens ,
étoient gravés les noms des douze Apôtres
d'A r ie s ou de l’Agneau; ce qui
revient au même.
Tous ceux qui nous ont donné le sens
mystique de ces, douze pierres , et la
raison de cette distribution trois par
trois ,y ont vu un emblème des douze
signes du Zodiaque et des saisons ,
comme dans la fameuse couronne ,dont
nous avons parlé plus haut. C’est le
sens symbolique, qu’y attachent Clément
d’Alexandrie, Joseph et Philon,
c’est-à-dire, les auteurs les plus instruits
des antiquités judaïques, et qui 1
(1 ) Exod. c. 28. v . 17. c .3 9 . v . 10 e t^ i, (2) Apocaîÿp. c.'2i. v. 12. 14*
(3) Stroinat. 1. 5. p. 564 et 565,
connoissoient mieux le génie mystique
des Orientaux.
Le savant Clément d’Alexandrie , m
expliquant les emblèmes dont les Egvp.
tiens ses compatriotes, et les Juifs, à
leur imitation, s’étoient servis , pour
peindre la nature et ses agens , nous dit
que l’habit duGrand-Prêtre figuroitle
monde sensible. Que cinq pierres précieuses
étoient destinées à représenter
cinq Planètes et deux escarboucles, la
Lune et Saturne. Que les 365 sonnettes,
suspendues au bas de sa robe tout au
tour , désignoient l'année. Les deux
émeraudes de l’Ephod rëprésentoient
le Soleil et la L u n e , les deux principaux
àgens de la nature génératrice.
Quant au Rational, appliqué-sur la
poitrine do Grand-Prêtre , ajoute Clément,
il est une image du Ciel (4); et
les douze pierres, qui y sont placées et
rangées trois par trois sur un quadrilatère
, désignent le Zodiaque et
les quatre saisons , de trois en trois
mois. On ne peut rien dire de plus
précis , et qui justifie mieux l’explication,
que nous avons donnée des pierres
qui forment les fondemens de la ville
à quatre faces et aux douze portes,
rangées trois par trois , comme celles
du Rational , et comme les, signes du
quadrilatère représentatif des douze
enseignes des douze fils de Jacob, dont
nous avons parlé plus haut.
Au témoignage de Clément d’Alexandrie
(5 ) se joint celui du Juif Joseph
, dans ses Antiquités Judaïques.
Ce savant auteur voulant prouver,
comme Clément.d’Alexandrie , que le
Temple de Jérusalem, dans sa distribution
et ses ornemens , ainsi que les
habits du Pontife , représentaient la
nature et toutes ses parties,, et qu’amsi
le Législateur des Juifs étoit un homme
divin , puisque tout le cérémonial d
(4) Ibid. 565.
(5) Joseph-, Antiq. Judaïq. 1. 3. ». 7;
c; h,
pappareil du culte, qu’il avoitétabli ,
représentait, en quelque sorte tout le ■
monde , explique le sens mystique des
différentes parties du Tabernacle.
Après avoir dit, que les douze pains
de proposition, rangés six par six ou
sur deux colonnes , l’une à droite , et
l’autre à gauche „ représentaient les
dernze mois de l’année ; que le chandelier
à sept branches, composé de septante
parties , représentait les douze
signes , à travers lesquels les Planètes
font leur cours; que les sept lampes
désignent les sept Planètes ; après l’explication
du voile de quatre couleurs,
destiné à désigner les quatre élémens, de
la tunique du grand Sacrificateur et
de l’Epliod , il s’explique le sens mystique,
que renferme le Rational et les
pierres précieuses qui l’ornent, et dont
il nous a donné la description dans le
chapitre précédent.
Le Rational (ï), dit Joseph , appelé
Essen par les Hébreux , et Logios ou
Oracle par les Grecs , est une pièce
d’étoffe, semblable à.celle de l’Ephod,
c’est-à-dire , un tissu teint de différentes
couleurs et mélangé d’or , pour
imiter les couleurs de. la nature , et
spr-tout celle de la Lumière , dont
l’or est le symbole. Sur- cette pièce
d'étoffe , nommée Rational ou Oracle,
étoient attachées douze pierres pré-
| cieuses d’une si grande beauté , qu’elles'
n’avoient point de prix. Elles
étoient placées sur quatre rangs , de
trois chacun , séparées par de petites
couronnés d’or. DaUs le premier
rang était la Sardoine , la Topaze et
Y Emeraude.
2 e rang. Rubis , Jaspé , Saphir.
3 'rang. Lincure, Améthyste, Agathe.
4e rang. Chrysolite , Onyx , Berylle.
Ces pierres, comme on le voit , sont
presque toutes les mêmes , que celles
de l’Apocalypse. S’il y a quelque dif-
(1) Ibid. c. 8.
C2) Philon, de Sonia, p. 463.
férence dans deux pierres du troisième
rang , c’est peut-être une dénomination
différente de la même espèce de
pierres.
Sur chacune de ces pierres , continue
Joseph, étoit gravé le nom d’un
des douze fils de Jacob , chefs des Tribus
, et ces noms étoient écrits selon
l’ordre de leur naissance.
Ces douze pierres précieuses, ajoute
plus loin Joseph , désignent les mois
ou les douze signes , figurés par ce
cercle , que les Grecs nomment Zodiaque.
Les deux sardoines, qui servent d’a-
graffes pour fermer l’Epnod, et sur chacune
desquelles sont gïavés , en langue
Hébraïque, les noms des douze fils de
Jacob, six sur chacune d’elles , marquent
le Soleil et la Lune.
- Voilà encore un témoignage bien
précis , pour justifier notre explication.
Joignons-y celui de Philon , Juif très-
instruit , et qui avoit étudié la Théologie
mystique de son pays (2). Il parle
en plusieurs endroits ae ce Rational,
qu’il appelle une imitation et une image
des Astres Lumineux, qui sont dans
le Ciel; on, comme Clément d’Alexandrie
, une image du Ciel.
Philon , dans la vie de Moyse (3 ) ,
après avoir parlé des deux émeraudes,
où étaient gravés les noms dçs douze
Chefs des Tribus, six sur chacune , et;
qu’il regarde comme deux symboles,
soit des deux hémisphères, soit du So-
lçii et de la Lune , 'explique ensuite
l’ornement pectoral ou le Quadrilatère,
sur lequel étoient rangées, trois
par trois, les douze pierres précieuses.
Il prétend, que c’ét.oit une représentation
des douze Astres ou signes du Zodiaque;
et que cette distribution, faite
trois par trois , indiquoit visiblement
les saisons, le printemps , l’étc, l’automne
vt l’hiver , qui sont chacune des
: (3) Vita Mosis , 1. 3. p. 5i 8 et 519-620.