rien en faveur d’aucun peuple en particulier;
puisqu’il exprime en général
l ’état du Ciel et une position commune
à toute la terre. Si nous jetonsun coup-
d oeil sur les deux autres symboles relatifs
à l’agriculture, et qui ne peuvent
poin t être communs à tous les climats ,
nous verrons bientôt, que cés symboles
ne peuvent point convenir à l’Astronomie
rurale des Egyptiens, ni fixer la
saison du labourage et des récoltes en
Egypte , dans-les siècles que nous examinons.
En effet, le labourage se fait
dans l’Égypte en Novembre ; et c’étoit
en Mai que le Soleil parcouroitleTan-
i-eau. C’est en Mars que la moisson
commence en Egypte, et ce n’étoit que
vers la fin d’Août que le soleil eutroit
alors dans laVierge, ou qu’il comme.n-
çoit-à parcourir la division marquée par
lesigüedesmoissons.Maisl’Egyptealors
est couverte des eaux du Nil, et presque
ensevelie -sous les flots. Le Ciel exprime
donc ici un ordre tout différent de celui
de la terre ; et si ces symboles ont pu
dans quelque âge s’accorder avec l’agriculture
Egyptienne, il faut nécessairement
supposer un tout autre état des
eieux , et déplacer tous les autres signes.
Ayant de remonter à une époque
aussi éloignée , Voyons si l’agriculture
des autres peuples ne s’accordera
pas mieux avec lés deux symboles de
l’Astronomie rurale. Le Boeuf répondent
au mois de Mai, et il étoit l’em-
bleme du labourage. Mais nous ne
voyonsaucun peuple, quiaif placé dans
cette saison le commencement de ses
labours * et le travail des boeufs. Les
Grecs et les Romains, au contraire,
aftendoientlafki des récoltes, pour préparer
la terre à recevoir une nouvelle
semence., et regardoient l’automne
comme la saison du labourage. Virgile,
il est vrai-, parle d’un premier labour
([) Virsp (réorg. 1. I..V. 208,
(2) Hesiod. Opter, et aies 1* 2; v. 2, et 234.
(3) A ra ta s , v. 267. ïiie o n , p. 134 -135 ,
au printemps ; mais il dit ailleurs
que c’esten automne qu’il fautfati<»iisr
le taureau à tracer les sillons (i).&
Vibra die somnique pares ubi fecerit lioras
Et medium luci atque umbris jam dividet or.
bem ;
Exerce te viri Tauros., etc.
Hésiode également, dans le second
chant de son poëme sur l’agriculture
fixe au coucher du matin des Pléiades '
c’est-à-dire, au -premier jour de Novembre
, le commencemen t du labourage,
et à leur lever Héliaque celui des
moissons; il en fait même une règle
universelle pour ceux qui habitent les
bords de la mer; comme pour ceux qui
cultivent l’intérieur des terres'( 2 ).
-Il en est de même des autres auteurs,
Aratus , Theon , etc. (3)
Plutarque (4)dit aussi, quec’es faucon-
cher dés Pléiades qu’on ensemence la
terre , et, qu’on récolte après leur lever,
c’est-à-dire, qu’il place enMai ,ousous
ieTaureau, non le labourage , mais les
récoltes', ou au moins qu’illes place
peu de temps après. Donc le Taureau
Céleste 11’a pu être regardé comme le
symbole du labourage chez les Grecs,
ni che2 aucun des peuples, qui, comme
eux, commençoient les labours en automne
; ce qui fut néanmoins l’usage
reçu universellement.
Le même passage de Plutarque nous
prouve également, que la Vierge, ou la
Moissonneuse de nos Sphères , n’a pu
être le symbole des moissons , ni chez
les Grecs , ni chez les peuples , qui,
comme , eux , ont moissonné peu de
temps après le lever des Pléiades M it
ou même au Solstice d’été. En effet-, low-
queles Pléiades commencent à paroître,
au sortir des rayons du Soleil, et qu’elles
sejèventHéîiaquement,léSolcilparcoui't
-le.Taureau ( i ). Supposons même que
l ’est. ^A-viep.
(4)' Plut, de amore-prolis. p./pjû.
ce
ce ne fut pas précisément au lever des
Pléiades , mais plus de quinze jours
après, que commençassent les moissons,
et-que le Soleil fut déjà aux Gemeaux;
il restera toujours encore au Soleil près
de trois signes à parcourir , avant d’arriver
au signe de la Moissonneuse. Conséquemment
, le symbole Astronomique
vqui représentoit, soit un faisceau
d’épis, soit une fille qui porte un épi
jaunissant, n’a pu correspondre aux
moissons des Grecs , ni à celles des
Orientaux, qui, n’ayant pas plus de
latitude qu’eux, sont censés n’avoir pas
dû moissonner beaucoup plus tard.
Au temps d’Hésiode., c’est-à-dire,
dans l’hypothèse la plus favorable aux
peuples de cette latitude, le Soleil n’entroit
au signe de la Vierge , que près de
cinquante jours après le Solstice d’été.
Or, certainement ily avoit long-temps
alors, que les récoltes de bled dévoient
êtré faites. Ainsi , dans l’époque où
nous, considérons le Zodiaque comme
Calendrier , nous ne voyons aucun des
peuples, à qui l’on pourroit faire honneur
de cette invention , Perses , Indiens,
Assyriens ou Phéniciens , dont
le climat est au moins aussi chaud que
celui de la Grèce , et conséquemment
les moissons aussi précoces, chez qui l’on
puisse accorder ce Calendrier symbo-
liqueavec l’ordre de son agrieultuTe(m).
Nous sommes donc obligés de remonter
à .une époque antérieure , qui,
rapprochant le signe des moissons du
Solstice d’été, le fasse coïncider avec
le temps des récoltes des régions tempérées.
Mais alors , si les symboles de
l’agriculture s’accordent en partie avec’
la terre , les symboles astronomiques ,
tels que la Balance , l’Ecrevisse et le
Capricorne , sont bien loin de s’accorder
avec le Ciel ; et cependant ce n’est
qu a cet accord- parfait, que nous pou-
voiis reconnoître les inventeurs et l’é-
Poque de l’invention. La Vierge ne peut
se rapprocher du Solstice, que le Cancer
W Tzétès ad Lvoopi ir. v. 17.
. Univ, Tome 1IL
n’en soit éloigné; la Balance n’occupe
donc plus un équinoxe. Cependant
ces deux emblèmes ont dû y être originairement
, comme nous l’avons fait
voir ; et nous ne pouvons imaginer
aucune hypothèse , qui place ailleurs
qu’aux Solstices , et à un équinoxe
, nos trois premiers symboles. Ce
qui nous reste à faire , C’est de les y
placer; mais dans un ordre inversé,
et opposé à celui où ils étoient à l’époque
où nous avons fait notre premier
essai , c’est-à-dire , de mettre à l’Equinoxe
du printemps, ou à celui des
deux Equinoxes , qui a fixé de préférence
l ’attention de tous les peuples,
l’image,naturelle de l’égalité des jours
ét des nuits , la Balance, et de la regarder,
comme le symbole primordial
de l’Equinoxe du printemps. Alors le
Cancer se trouvera au point où le Soleil
, après avoir paru quitter nos régions
, revient sur ses pas', et le Capricorne
,où le symbole de l ’élévation (1)
occupera le point le plus haut de la
course du Soleil. Ilsembleroif, que cette
position primitive de la Balance à l’E quinoxe
de printemps , dans les siècles
où fut inventé 1 e Zodiaque, et où fut faite
la première division des Cieux, s’e’toit
perpétuée chez les Egyptiens , comme
paroîtroit l’annoncercetteancienne tradition,
que nous ont conservée leurs Astrologues.
Æsculapius (2),' dit Scaliger,
Ægypiius vetustissimus scriptor in
sud Myriogenesi scripserat, in pos-
terioribus Libres partibus TrùV CLSTepay
evyKçatrit factam, eamque esse nata/em
mundi. Scaliger cite pour garant Eir-
micus. Au reste , comme on peut lui
donner un autre sens , nous n’y attachons
pas grande importance.
Getfe nouvelle position de là Sphère,
en renversant tout , remet tout à sa
place ; le Zodiaque devient le Calendrier
le plus frappant du climat de
l’Egypte , et convient à ce pays ex-
clusivéruent a tout autre. Les cinq
(2) Scalig. not. ad Manil.Î.î. v. Iï5,