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 enfin  qu’on  pourra  le  considérer  ou  
 : connue  incorporel  ,  ou  comme  uni  au  
 corps.  Ttl  est  Christ  dans la  Théologie  
 Chrétienne :  incorporel  et coroort 1  
 '■■’ut  ensemble  ;  toujours  résidant  en  
 Lien , et cependant, sons un autre rapport, 
   sir! i  hors  de  Dieu  et rendu  sensible  
 à  l’homme. 
 C’est ici que va se développer lefa meu x  
 mystère des deux  natures  de-Christet  
 son. incorporation ou incarnation. Saint  
 Justin,  en voulant nous expliquer  pax  
 une  similitude  ce  grand  mystère  ,  va  
 nous en donner la clef; et ce qui ne lu: a  
 paru  qu'une  similitude  parfaite,  devient. 
   ici  la  réalité  même. 
 Ce zélé défenseur  des opinions théo-  
 Iogujues  des Chrétiens,  dans-son  exposition  
 de  la  foi  (  r .) ,  considère  la  
 Lumière  sous  deux  points  de  vue.  Il  
 l’envisage  d’abord  dans  le  sens  le  plus  
 écéral  et  le.  plus  abstrait  ,  indépen-  
 animent  des  corps auxquels  elle  s’unit  
 dans  le  monde ;  c’est  ce  qu’il  appelle  
 la  lumière  première  ,  et  ce  que  
 nous  pourrions  appeller  la  Lumière  
 intellectuelle  ,  existants  clans  le  sens  
 le plus métaphysique_.et. le plus général,  
 ou  la  Lumière  en  général, qui n’existe  
 cependant,  relativement  à  nous ,  que  
 dans les corps qui  nous la rendent sensible. 
   Il  la  considère  ensuite  cumme  
 rassemblée en masse et unie  à un corps  
 matériel, qui  la rend sensible.  Telle est  
 celle  du  Soleil,  par exemple,  laquelle  
 est unie au corps de cet astre, et devient  
 en  quelque  sorte  matérielle  par  cette  
 union ,  d’incorporelle  qu’elle  étoit par  
 sa  nature  et dans  le  sein  de  l’Etre  invisible  
 ,  où  elle  existe  toujours  incorporelle  
 , tant qu’elle y  reste concentrée  
 hors de l’atteinte des sens, et qui ne devient  
 corporelle, qu’en entrant dans  le  
 inonde  visible  ,  où  elle  subit  les  lois  
 des corps auquel elle s’attache (r). Sous  
 ce  point  de  vue, la lumière  visible  du.  
 Soleil est  bien la  substance du Logos ;  
 mais du  Logos  uni  à  un  corps  et habitant  
 le monde  matériel,  passible  e[  
 mortel.  Il  y   doue deux  natures.à  dis.  
 tiiiguer  dans  le  Soleil,  dit  ce  pèrf la  
 nature de  la  Lumière  et.  la  nature du  
 corps du  Soleil, auquel elle est ineor-  
 porée.  Il  en  est  de  meme  des. deux  
 natures  de  Christ;  Verbe  ou  Logos  
 lors qu’on le  conçoit uni  à  son  père, ef  
 homme ou Verbe incarné, lorsqu'il!habite  
 parmi  nous.  Nous  ne. dirons  pas  
 comme J ustin,il enestde même des deux  
 na tures  de Christ ; ma's  voilà les  deux  
 natures  de  Christ  ,  Lumière  incorôoJ  
 relie,  invisible,  Logos  pur  de  la  Divinité, 
  dans le monde intellectuel et dans,  
 la  Lumière  première  de  Dieu ; et Lu-  
 .mière  sensible ,  ou  Lumière  unie  au  
 corps, Logos incorporé, dans Ip'disquéj  
 ou  plutôt dans le corps dix-in du Soleil,  
 du  sein  duquel  jaillit  à grands flots la  
 substance  étliérée ,  principe  de  vie  et i  
 de lumière pour toute la  nature.  C’est  
 .celui-là,  qui  devoit  être  notre  réparateur. 
   S’il fût/toujours resté  au  sein dç ;  
 l’Etre  invisible,  sa lumière  et  sa  ch a-  
 leur  ,  qui  seules  pouvaient réparer  lu!  
 mal du  Serpent,  étoientperdues pour  
 nous, et leur absence rendait notre nul  
 irréparable.  Mais  le  Logos  s.’unïssant  
 au  Soleil,  et  se communiquant par cM  
 organe  corporel  à  l’univers  sensible  ,  
 l’homme  a  vu  les. ténèbres  de  l’hiver :  
 se dissiper, et la nature fécondée par h  
 feu  Ether  se  régénérer  au  printemps-  
 Donc  les  Chrétiens  en  fêtant  au  Solstice  
 d’hiver  la  naissance  dij  Soleil,  
 fêtoient nécessairement la naissance du  
 Logos  ou  de  la  Lumière -, incarnée.  
 Donc  en  célébrant  aussi  au  printemps  
 le  triomphe  du  Soleil  sur  le  principe  
 des  ténèbres  et  des'  nuits.,  ils  célé-  
 broient  le  triomphe-du Logos  incarné,  
 ou  de  la  Lumière  éternelle  et  divine  
 unie au  corps  du  Soleil r qui  seul étoit  j  
 susceptible  des  altérations  du  temps* j  
 et  des  fables,  qui  supposent  les  idées:,  
 de commencement  et de  fin.  Ces  idées  
 ne pouvoient s’appliquer  à  la Lumièï® 
 ( i )   J u s t in , p.  3S4. 
 [éternelle, placée hors des limites des té-  
 I Libres, inhérente au sein de l’Etre invi-  
 I Lible  et (pii brilloit au-dessus de la nuit  
 I [éternelle du néant, ccinme nous l’avons  
 |  remarqué dans la Théologie  d’Orphée. 
 | [DoncleSoleil a encore ici tous les carac-  
 |  fèr.es deCbrist les1 plus métaphysiques,  
 I [connue on  a vu qu’il en  avoit lescarac-  
 I  tères  physico-allégoriques., dans  le  se-  
 Ijcond chapitre de cet ouvrage. Donc  l’a-  
 |  nalyse de la Théologie Chrétienne nous  
 |  montre  le  Soleil dans Christ  avec  tous  
 | [ses traits,comme l’analyse de sa  légeii-  
 | [de nous l’a voit déjà montré, dans la p.ar-  
 ||tie Cosmologique. Donc  partout le.So-  
 |  leil a le caractère de Christ; donc Christ  
 I [11’est quële  Soleil. 
 [  Nous,  allons  rapporter  à  l’appui  de  
 I[notre  conclusion  un  monument  pré-  
 | [cieiix dépoésie,  dans lequel le Soleil est  
 I [caractérisé par tous les traits -métaphy-  
 | isiques et cosmologiques, qui appartien-  
 | Puent à Christ, et où il n’y  a que le nom  
 à  changer;  encore  s’y  trouve-t-il  presque, 
  puisqu'il y  paroit, comme Christ,  
 [sous la figure de l’Agneau ou du Bélier,  
 [ mais sous le nom  de  Dieu Ammon, au  
 [lieu de celui de Christ,Dieu Agneau. Ce  
 morceau religieux estlefafneuxhymne,  
 [que Martianus  Capella  adresse  au  So-  
 rleil. Les premiers vers contiennent tous  
 Iles traits du Logos, fils unique du père  
 [invisible , qui  habite au-delà du monde  
 [visible ,  au  sein de  la  Lumière  inteîli-  
 [gente et universelle. Le reste de l’hymne  
 [noiis présente l’image de  Christ  au millieu  
 du  cortège duodécimal,  et  comme  
 [médiateur  de  l’univers ,  sous les noms  
 [diiférens du Soleil,  lequel  sous ces mê-  
 | focs noms  est mort,  descendu  aux  en-  
 Ifers  et  ressuscité,  comme  Christ.  Ces  
 [noms, sont ceux d’Adonis,  de Bacchus,  
 | d Osirîs-,  etc.  enfin  ceux  des  Dieux ,  
 [dont  nous  avons  analysé  les  aventures  
 I miraculeuses,  pour  les comparer  avec  
 [ celles  de  Christ  et  en  conclure  non-  
 | feulement la ressemblance, mais encore  
 [ 1 idéalité.  Le Poète commence ainsi en 
 (i)  Macrob. Som.  h. j, c, ï . p. -6. 
 apostrophant  le  Soleil  :  Force  sublime  
 du  père  invisible  ,  son  premier né...  
 Ignoti vis celsa patris, vel prima propago. 
 Cette idée du Poète , de  faire  du Soleil  
 le  fils  premier  né  de Dieu,  ou  de  
 l’appeler  le fils de Dieu n’est point une  
 simple  fiction  poétique  :  elle  est Conforme  
 à la Théologie  la  plus.ancienne.  
 Platon  appelle  le  Soleil  également  le  
 fils  de Dieu, qu’il  a  engendré semblable  
 à lu i, pour habiter parminous, etle  
 pour tenirdans le monde visible lemême  
 rang, que Dieu tient dans l’ordre invisible  
 , à la tête duquel est le Dieu père, ou  
 principe  souverainement bon (s).  Platon  
 , dit'Macrobe  (1)  ,  voulant  parler  
 du premier  principe  invisible  à  l’oeil,  
 incompréhensible à la raison, ne trouve  
 point d’image plus parfaite du  premier  
 Etre, que leSoleil, qui éclaire le monde  
 visible', et il nous représente Dieu et sou  
 Logos  ou  son  intelligence  souverainfe  
 placés  au-dessus  de  la nature. Platon ,  
 dans,sa politique,  dit Frocius  (a),  admet  
 deux  Demiourgos, l’un invisible ,  
 l’autre visible ,  qui  est  te  Soleil, architecte  
 du monde visible, et il  l’appelle le.  
 fils du Bien  ou du Père , du Dieu invisible  
 et  de la première cause. 
 Il n’est donc point étonnant,  que lés  
 Chrétiens  aient conservé à Christ  cette  
 dénomination de fils de Dieu , qui a été  
 engendré  de  toute  éternité  ,  puisque  
 Christ  étoit  le Soleil  ,  est  que'là philosophie  
 et  la  poésie  avoient  consacré  
 cette épithète au Soleil, fils de Dieu , et  
 image de son père. C’ëstbe même-Dieu  
 Soleil qui es t désigné  sous  le  nom  de  
 Pkanès  et de Protogone 'dans la théologie  
 d’Orphée, ce  rayon primitif de la  
 Lumière ét ernelle, qui éclaire le Clia os,  
 et qui parti du sein du Dieu inaccessible  
 et  invisible  ,  devient  le  principe  de  la  
 vie.,  de  la  Lumière  ,  et  de  la  sagesse  
 de  fous  les  ftres.  Aussi  lé  poète  conserve 
 t-il  au  Soleil  tontes ces proprié-  
 tés , que la théologie Orphique attribue 
 (2)  Procl, in Tim. p. 110, 
 P  3