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Clément d’Alexandrie (i) expliquant
îe passage du dixième livre de Platon sur
la route des âmes à travers la prairie,
et qui arrivent le huitième jour, prétend
que les sept jours répondent aux
sept Planètes; et que le chemin, qu’elles
font après , les conduit au huitième
C ie l, c’est-à-dire , à celui des fixes ,
ou au firmament. Nous avons vu éga-
(i) S. Clement. 1. 5. p. 6oo.
lement dans l’antre Mithriaque (2)
huitième porte , qui s’élève au-deJ
de 1 echelle ou sont rangées les sent
portes des Planètes, par lesquelles pal
sent les âmes. Ainsi nous voilà arrivés
au huitième Ciel, ou au firmament
c’est donc ce tableau qui doit nous être
présenté.
(2) Orig. contr. Gels. 1 6.
G H A P I T R E Q U A T R I È M E
A .P SÈS que l’ame du Prophète dans
son extase a franchi d’un vol rapide
les sept .Sphères, depuis la Sphère de la
Lune, jusqu'à celle de Saturne, ou
depuis la Planète, qui répond au Cancer,
Porte des Hommes , jusqu’à celle
du Capricorne , où est la Porte des
Lieux , une nouvelle porte s’ouvre à
lui dans le Ciel le plus élevé et dans
le Zodiaque , sous lequel circulent les
sept Planètes, enfin au firmament, ou
à ce que les anciens appeloient Crys-
tallinum primum , ou Ciel de crys-
tal (a).
« Après cela, dit-il (1), je regardai
» et je vis une porte ouverte dans le
A Ciel, et la première voix que j’avois
v ouïe, et qui m’avoit parlé, avec un
» ton aussi éclatant que celui d’une
» trompette, me dit : montez ici haut,
* et je vous montrerai les choses, qui
» doivent arriver à l’avenir ».
On doit sur-tout remarquer l’expression
de porte ouverte dons le C iel,
qui est une expression empruntée des
Mithriaques , où chaque Planèteavoit
sa porte, et où la huitième s’ouvroit,
pour laisser un passage à l’ame, qui
(1) C. 4. v . 1.
(fi) Apocalyps. c. 2r. y . 12,
avoit franchi les sept autres, afin d’arriver
au Ciel des fixes, et au Zodiaque,
dont les douze divisions sont figurées
par douze portes, dont l’Agneau estle
chef , et distribuées trois par trois,
comme les signes et les saisons; ce que
nous aurons lieu d’observer au chapitre
21 de cet ouvrage (2),
Cette même expression de portes est
employée dans la vision d’Ezéchiel (3),
où l’on trouve également des portes
tournées vers les quatre coins du monde
, orientées et distribuées , comme
celles de la ville Sainte, que nous verrons
au 21e. chapitre; ce qui ne doit
doit point nous surprendre ; car ces
deux ouvrages mystiques ont le même
but ; la fin des anciens maux , et le
passage à une cité plus heureuse ,( i)é
Ce n’est donc pas sans raison , qu’On-
gène les met en paralèle avec la Théologie
des Mithriaques, et qu’il compare
les Portes Mystiques des’ uns aux Portes
Mystiques des autres. Ces expressions
appartenoient à la langue mystique et
astrologique des Orientaux, et étoieiit
usitées dans les mystères, oùl’onsVn-
veloppoit toujours du voile merveilleux
(3) Ezéejnel, c. 40. c, 48. v. 31.
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de l’allégorie , pour imprimer , dit
Sancboniaton , plus de respect à l’initié.
Les Orientaux sont en général fort
mystiques , observe judicieusement
Beausobre (i). Us se servent d’emblèmes
et de figures, pour présenter
leurs pensées, ils parlent de vases , de
ponts, d’échelles, par où ils font passer
les aines ; mais on ne doit pas prendre
ces figures à la lettre. St. Pierre tient
aussi la clef d’une porte , par laquelle
on entre dans le Ciel. Le nom de Porte
des Dieux et de Porte des Hommes,
donnée aux signes du Capricorne et.du
Cancer, dans la théorie sur les voyages
des hommes, appartenoit à ce langage
figuré de la science Mystagogique. Il
en est de même des différentes portes(2),
par où passent les âmes dans la doctrine
des Persans , des Echelles de Ja-
| cob, dont le sommet étoit dans le Ciel
[et lepiedsur la terre , et le long de la-
I quelle voyageoient les Anges; c’est une
( figuré de la voie de la it, via Jacobi,
et que d’autres appellent Echelle de
[Jacobi Le Psalmiste (Ps. 77. v. 27.}
[parle aussi de Portes des Cieux qui ont
[été ouvertes.
[ Le Génie-annonce au Prophète, qu’il
[va découvrir l’avenir, et conséquemment
lui ouvrir le livre de la fatalité.
[,0 r , l’Astrologie étoit la base de cette
[science , et le Ciel des fixes, modifiant
[ les sept Sphères , en étoit le grand instrument.
Voilà pourquoi l’auteur va ici
[.nous présenter le tableau de la Sphère
et du Zodiaque placé et arrêté sur ses
quatre points principaux , que l’As-
trologie appeloit Signes fixes et Cen-
1 ^J'es ffuatl'e signes étoient le Lion ,
1 L'cal ou Taureau Céleste, l’Homme
[ ■ .Veneau , et, le Scorpion, auquel
°nsubstitua la Brillante Etoile du Vau-
Jour , espèce d’Aigle , la Lyre , qui
[monte avecce signe, et qui en détermine
; ,lsccnsion. Celte substitution eut lieu
pour des raisons mystiques, que nOusdé-
1 ? B™u?°bre , Traité du Manich. T . 2.
| ' % c‘ M- 3 '
velopperons plus loin. Voilà donc le Ciel
appuyé sur quatre signes , qui correspondent
aux quatre divisions du contour
du Ciel; savoir, le milieu du Ciel,
le couchant, le bas du Ciel, et l’Orient,
qui forment une espèce de croix,
dont le sommet est au Zénith , le pied
au Nadir , et les deux bras s’étendent
à l’Orient et à l’Occident. Donc en faisant
le tour du Ciel ,à partir du sommet
, nous rencontrons , à quatre distances
égales, ou à 6 h. l’une de l’ajjtre,
quatre figures , qui sont celle d’un
Lion , celle d’un Boeuf , celle d’iin
Homme , et celle d’un Aigle , ou les
les quatres animaux Célestes , qui divisent
en quatre parties égales le contour
du Ciel et le Zodiaque , dans lequel
circule le temps, dont la révolution
est de 24 heures, ou de 4 fois 6 heures.
Au-dessus de ce.Ciel ou de ce Fi rmament
les Orientaux plaçoient lin vaste
Océaii , et même Ü3 dormoient le nom
d’Océan à ce vaste contour des Cieux.
Ils regardoient, le Ciel lui-même comme
le trône de la Divinité. Sous ce
firmament , ou au bas de ce trône
étoient les sept Sphères planétaires ,
qui rouloient en sens contraire , et qui
étoient censées mues par sept intelligences
principales , appelées les sept
Archanges , les sept esprits de Dieu ,
les sept Chandeliers , eomnie nous
avons vu plus haut. Voilà spus quel
aspect se présente à nos yeux le système
entier'du inonde, èomposé de sept
Sphères planétaires, au-dessus desquelles
1 se trouve placé le Zodiaque, aux
quatre grandes divisions, et aux signes
fixes duquel sont quatre animaux ,
Lion , Boeuf, Homme et Aigle , et. le
Ciel firmament ou des fixes, le premier
Crystallin desvanciens, surmonté de
l’Océan , ou mer immense , que i’Astrologie
Chuldéenne et Hébraïque plaçoient
au-dessus. Voilà donc la Sphère
Astrologique fixée spr ces quatre cen-
(2) Hyde de vet. Fers. Reîig. p. 401. eic.