effectivement dans tout cet ouvragé.
C’est encore avec raison , que toutes les
créatures,qui sont dans le Ciel, sur la
terre, dessousla terre etdans la mer (i),
chantent la gloire de celui qui est sur
le trôiie, ou du Dieu, dont on honore
l’exaltation et le triomphe, et mêlent
à ses louanges celles de l’agneau, à qui
appartiennent bénédiction, honneur^
gloire et puissance dans tous les siè-
clcs.
On suppose, qu’il avoit été égorgé ou
mis à mort (2), et qu’il étoit ressuscité.
Cette fiction est relative au Soleil,
qui dans cet endroit est désigné sous
le double emblème de Lion et d’A-
gneau. En effet, on dit d’abord , c. 5 .
v. 5 . que c’est le Lion de la Tribu de
Juda , qui a obtenu par sa victoire le
pouvoir d’ouvrir le livre et d’en lever
ies sept sceaux. Dans le chapitre suivant
, v. 1. l’auteur d it, que c’est l’Agneau
, qui ouvre les sept sceaux. L ’Agneau
et le Lion sont donc deux emblèmes
diflérens du même être; ce qui
ne peut s’expliquer que par le système
Astrologique. qui affecte au Soleil ces
deux animaux , l’un , parce qu’il est
le domicile du Soleil , l’autre , parce
qu’il est le siège de son exaltation et
de sa grande puissance. Il seroit difficile
sans cela de concilier ces deux
idées , èt de faire du même être un
Lion et un Agneau: au lieu que par
l’Astrologie, plus de contradiction.
Les Perses , dont la Cosmogonie remonte
beaucoup plus haut que l’époque
du temps où fut écrite l’Apoca-
lypse, «t date des siècles où le Taureau
Céleste étoit à l’Equinoxe , c’est-à-dire,
de plus de deux mille ans avant que les
premières Etoile-d’Ariesoudel’Agneau
vinssent occupercepoint, les Perses supposent
que leTaureau, créateur fameux
dans-leur Théogonie, fut mis à mort
par Ahriman , ou par le principe 4,,
mal et des ténèbres qu’ils repu;.!
sentent sous la forme du Dragon1
mais ils ajoutent, qu’il doit renaître ;;!
et tout avec lui (è) , et qu’il est réservé?
pour un temps et pour une terre o|
Ahriman ne pourra plus exercer sa
violence:( 3). U en est de même:!«
A'^iries ou de l’Agneau, qui lui,a sue-
cédé ; il est égorgé ; mais il ressuscite ;
et devient le Cher' de la ville Sainte,*11
illumine de sa clarté (4) , et où il 11V
aura plus de malédiction. En reculant
donc de plusieurs siècles, et en subs,!
tituant l'Agneau au Taureau ; à qui il
succéda à l’Equinoxe de printemps,
c’est absolument la même idée Théo*’
logique. Il n’y a de différence que dans;
le signe ; et cette différence .est l’effet
de la précession des Equinoxes.
On donne à cet Agneau sept cornes]
et sept yeux (5 ). Cette allusion au nom*!
bre sept est, comme nous l’avons déjà
remarqué , fort fréquente dans ce! oc;
vrage : et la raison est, qu’il éfoft*§j|l
sacré dans I’Astrologie.par une suite des]
divisions célestes, soit en Sphères, soit
en climats , soit en angles ou cornes,
soit en lieux heureux du Ciel, comme!
on peut le voir dans Saumaise (6). Les]
Arabes appeloient Cornes ces sept
points , ou angles astrologiques. Oj
donnoit aussi à chaque Astre sept
rayons, suivant Porphyre. Il n’est donc
pas étonnant de voir ces sept ponts
astrologiques désignés par des corneSij
et des yeux , donnés à l’Agneau, ou à la.
Constellation qui ouvroit la marche des
sept Sphères. C’est une conséquence1:
de l’esprit astrologique, qui présida f
la rédaction de tout cet ouvrage. No“1
avons déjà vu , dans Clément à K'
lexandrie (7), les sept Planètes désignées
(1) TbV. v. i 5, (2) Ibid. v. b. et 12.
{3) Anquetil A vest. Po'inde.sl), p, jéo,
3^6,4 4,5.,
J4) Apocal. c, 21. v . 23. c, 22. v . 3.
(5) Ibid. c. 5. v . 6.
(6) Salmas, ann. Climat, p. 174* P' '*
p. 406. et 440.
(7) Strcinat, 1. 5. p. S63.
par les sept yeux du Seigneur , et pa'r
le s sept esprits, qui reposent sur l’arbre
(je JfSSC» _r
Les milliers de milliers d’Anges , qui
joignent, leur voix à celles des vieillards
et des quatre animaux , pour célébrer
la’gloire de l’Agneau (1 ) V sont vraisemblablement
les intelligences de ces innombrables
étoiles, que la Théologie
Syrienne et, Chaldéenne , comme nous
l’avons vu dans le chapitre précédent,
placoit dans le Ciel supérieur à celui
des’Chérubins ou des quatre animaux,
et qui composoient la milice céleste.
C’est cette foule innombrable d’étoiles,
qn’on iuvite à louer Dieu , dans le
Pséaume , dont le refrein est toujours :
Laudule eum , etc. ^ y '
La Cosmogonie des Perses park aussi
tîe cette multitude d’Anges ou de Génies,
qui, outre les sept grands Esprits,-
ou.Âmcbâspands , formoient le cortège
"d’Ormusd.
« Combien les Astres:, dit le Boun-
» desh (2), n’ont-ils pas de soldats prêts
» à-faire la guerre aux ennemis de la
-j) nature. S480 petites étoiles ont été
» formées, pour seconder chaque Etoile
» des Constellations ». Cette nombreuse
foule d’Etoiies est subordonnée à quatre
(1) Âpocal. c. S. v. 11,
(-2) Boundesh ,p. 349.
(3) Apec. c. 5. v. 8. c. 8. v. 4.
randes ; ce sont nos quatre Constellations
ou animaux , Boeuf, Lion , etc.
placées en sentinelle aux quatre coins
du Ciel, pour veiller sur les fixes , etc.
établies par Ormusd , comme surveillantes
des nombreuses étoiles des Constellations.
La Cosmogonie du JBoun-
desh , que nous .citons ici , renferme
la théorie des deux principes, et le tableau
de leurs combats; ce qui frit
aussi la base de la Théologie de l’Apocalypse.
Il sera même utile de lire
cet ouvrage de la Religion des Perses,
pour en comparer les principes avec
ceux que développe Jean, dans son ouvrage
Mystico- Astrologique.
Un remarque facilement, que tout
estallégorique'danslelivre de Jean, puisque
les Prières des fidèles (3) y.sont
désiguèes par des vases remplis de parfums
, dont la fumée s’élève vers,
le trône de l’Eternel. L ’harmonie des
Cieux, dont Pythagore emprunta l’idée
en Orient, y est aussi exprimée.par le
son des harpes, que pincent les Génies
ou vieillards qui entourent le trône de
Dieu. Martianus Capella l’a exprimée
également, par la faction d’une forêt
harmonique (4).
{4) Marlian Capella , de Nuptiis PhiloL
1. 1. c. 1.