doctrine des Platoniciens , parce qu’ ils
étoient les pins connus. 11 fait voit' ailleurs
toute la ressemblance, qui se
trouve entre les principes 'de Platon et
ceux de MoVèe, et il est presque denté
de croire, que Platon avait eu coiïrmtiBÛ
cation des livres hébreux,'quoiqu'il convienne
, que cela »’est guère vraisem^-
blabîe, attendu que ks Egyptiens ne
connoissoient point encore ces livres ,
quand Platon voyagea en Egypte. Il
eût concilié la ressemblance , s’il eût
fait réflexion, que'lé législateur dés
Juifs et Platon passent, pour avoir tons
deux étudié en Egypte, et y avoir puisé
une partie de leur doctrine dans les
mêmes sources.
Si l’on compare le système des trois
principes de la Métaphysique des Hé-
breux , tels qu’ ils sont, exprimés dans
Eusèbe et dans Philon, avec ceux des
Platoniciens, dont nous venons d extraire'la
doctrine, et si l’on comp. re les
uns et les antres , Hébreux et Platoniciens
avec les Sages de l’Egypte, et leur
doctrine avec celle qui est attribuée
aux Egyptiens , dans les ouvrages connus
sous Je nom des Trismégistes , on
verra, que cri st absolument la même
chose , et que la doctrine du.Diëu pire,
de l’intellect ou du Logos son fils , et
du Spiritus ou» de î’ame universelle,
vient des sources les plus anciennes,
et se troùvbit déposée dans les écoles
où le Législateur dés .Juifs et le Philosophe
Grec ont été ton» deux étüdier.
Les Docteurs Hébreux admettent ce
second principe émané dti Père , sa
première production, le coopérateur des
conseils de son Père, l’image de Dieu, la
force de Dieu, la sagesse de Dîen , et sa
raison éternelle; le guide des armées
puissantes du Seigneur , Pange,de son
grand-conseil.... ils lui donnent le nom
de Lumière vraie , de Soleil de justiëe.
.Après cette seconde substance, il en
vient un e . troisième , qu’ils placent dans
(i) Euséb.piæp. Ev. 1. > e. iS. p. 325.
le lieu de la Luné ou des géiïérations-
ei’est celle de l’Esprit-rSaint, qu’ils associent
néanmoins à Ja première cause.
Cette idée revient assez à celle de Mu-
rrobe , qui'place le «S'piriius près de
la matière,, qu’il anime ,''-occupant k
troisième place dans la série des êtres
premiers. 11 eonnliunique aux êtres, qui
lui sont inférieurs et. qnisoïitJsoumisà son
action, lésdoüsprécieux qu’il reçoit lui-
même du Logos ht du premier principe
ou du Dieu suprême, dont le >,iyn
Jai-même reçoit sa lumière. Ce principe
incréé de tous les biens est source
de divinité, de lumière et de vie; trois
attributs, que la Théologie d’Orplite
donne au Dieu inaccessible, lequel de soit
sein Lit faillir le premier rayon lumineux,
qui éclaire le chaos.
Ainsi tons les Théologiens Hébreux,
continue Eusèbe M l placent après le
Dieu suprême , d’abord sa sagesse , sa
première production , et ensuite udc
troisième f-culté, qui partageas na tare
divine, cet esprit sacré , qui a éclairé
les Prophètes. On retrouve dans ce pas1-
sage d’Eusèbe les expressions Plafoii!-
ciennes sur la Lumière intellectuelle,
sur It s animai* intel lec tact- et; rai sonna-
blés, soumis au fils et à l’esprit 5.au-
1 dessus de tou t émit Je Père. -
Le juif iPhilompdont Eusèbe à rapporté
plusieurs passages, et dont d’ailleurs
nous avons tons les ouvrages,
eiûploie par-tout les divisions et les expressions
Platoniciennes sur les premiers,
principes et sur les deux mondes
intellectuel et visible; et. Sur leurs rapports.
Il nom m e ;V 1 a t é te H e 1011 s 1 e s p r in -
cipes l’Etre , celui que Platon appelle
la première cause, qfi’il est difficile à
l’homme de comprendre. Si la raison
humaine ne peut y atteindre, l’hoinme
1 doit chercher au moins à contemplit
son image vc’cst-à- dire, sa raison , son
intelligence sacrée. Cet intellect, fils “«
Dieu, suit les mutes que lui trace son
n
■ Ve et fixant ses regards sur le modèle
KncliétVpe $:Wl Etres , il dessine leurs
■ formes d’après cet exemple. Toutes ces
Bjdtes sont exactement Platoniciennes-,
f et ressemblent à ce passage de Je..n ,
,,ii il dit, que rien c’a été.fait sans le
f;i, et ailleurs : que le fils ne peut rien
■ fa i re , quil n ait vu le père agir le pre-
micr.
[ C’est ce que dit egalement Platon,
■ sav* ii',uttefc Logos divin a disposé et ar-
■ rangé l’ordre du monde. Eusèbe joint à
■ cestémoignagesceluide Plotiu,quc nous
■ avons déjà cité, sur -ce monde arché-
■ type , lequel dans son intelligence et
■ dans.sa vie ét-irhellé invita erat lu x ,
■ ct lux erat vita } renferme l’ordre ifl-
■ frii'cctuel ; et. il lui donne le.ticm d’in-.
■ telligenre pure ct de sagesse urdina-
■ iriee : toutes idées qui conviennent au
■ idgos, par.qui tout a été.fait et or-
- 0 donné. A proprement parler, dit Phi-
B Ion, ce monde inilellecuel n’est antre
^»cliose, que la raison, ou l’intelligence de
■ Lieu , organisant l’univers. C’est .cet
^■ archétype, ce lieu premier des idées;
■ qui est le Logos de Dieu. Il a donné
■ au Spiritus et à la Lumière une préé-
minence et une n-ture distinguée au-
■ dessus du reste des choses. Il a appelé
^ B ’un 1 esprit de Dieu., parce qu’il est
k soulien de la vie , dont Dieu est le
■ principe; et l’autre, la Lumière, à cause
i’éclataute beauté qui la fait re-
; marquer. Mais la Lumière" iutellec-
|.J»iK'lle l’emporte autant sur celle, qui est
■ Vis.ble , que le jour l’emporte sur la
■ ■ ®uii. Cette Lumière intellectuelle et
^■ nvisible est l’image rie lu raison di-
■ j’ine. C’est cette Panaugeia, dont le
^■ oülei] et tous les Astres- empruntent
^Bkur lumière. Gu donneit a cette Ln-
BjnièreJe nom de Lumière vraie. C’est
■ P'iur cela que Jean dit « il étoit la L11-
■ mière vraie , qui éclaire.
I Ceux qui voudront suivre plus loin
détails , peuvent lire .Philon lui-
■ riicrne, et ils verront , que la .ihétw-
I (!) Eusef. itiit, c. 29-32-33-34-35-37-30.
physique des Hébreux a absolument
le même caractère , que celle de Platon.
Eusèbe , frappé de ces rapports ,
s’est étudié à faire voirla ressemblance
dis idées rhéologiques de Moyse avec
celles du Philosophe Grec. Il prétend
prouver, (i)que leurs idées sur Li création
se ressemblent ; qu’ils péri soient de
mêmes« rl’al té ïationdu mon de,sur la résurrection,
sur la tin du inonde, sur les
morts ressucités , sur la patrie céleste,
sur le jugement quisuit. lamorf : enfin,
que l’on trouve chez les Hébreux, chez
les Chrétiens et chez Platon , disciple
des Egyptiens, à-peu-près les mîmes
principes théologiques : ce qui doit être,
si les ChrétieiiS'Oiit pris la plupart des
idées des Hébreux,-et si le Législateur
des Hébreux a eu les mêmes maîtres
que Platon. Car ilest naturel de ero r ,
que la ressemblance de doctrine dans
les disciples est-fondée sur lu ressemblance
des principes puisés dans les
mêmes écoles. O rron nous dit que le
Législateur des Juifs, étoit savant dans
la science des Egyptiens ;-et il est certain
, que Platon a été puiser sa doc-
triueen Egyptc.ll nousrestedoncàfaire
voir, parle peu qurndusâété kisséde
Ja doctriue des Egyptiens, queles idées
sur le Père, sur le Logos cl le Spiritus
ne leur.étoient pas-étrangères.Voici
tui oracle rapporté dans (ridi enus,!:;)
qui contient oiae'répense faite-à- nu rot
d’Egypte , lequel voulait Savoir, si jamais
puissance avoit été égale à la
sienne ? L ’Oracle lui répond *
Que la souveraine puissance est en
Dieu , ensuite dans son Logos ; et que
le Spiritus la partage avec eux ; qu’ils
ont une commune nature et une puissance
éternelle. Cet Oracle contient de
la manière la plus précise les trois premiers
principes de la théologie des
Chrétiens , eeux que Philon et Eusèbe
retrouvent dans la métaphysique des
Juifs , ceux que nous avons retrouvé
dans Platon , et -qu'on trouvera par-
(v.j Cedrec. p. ao.