» ligibie ( c’ est le ASi des Phéniciens ) , telle qu’ elle
» doit être pour la félicité des natures raisonnables
» et invisibles, qui aiment le Seigneur ». Saint
Jérôme a pensé de même dans son comment, sur
i’épître à Tite ( c. i , p. 108. ) On peut consulter ,
sur cette opinion, le Père l'étau ( de opif. in proem.
p. n 8 ) , et Thomas Burnet Archceolog. 1. 2 , 8,
p. 51 ï , etc. ) On voit que les pères ont cru que
1rs Anges existe ient dans le monde intellectuel, bien
des siècles avant notre monde visible (ï).’
Synesius hym. 4 , v. 7 , parle aussi de ces deux
mondes , de l’intellectuel , et du visible.
Chalcidius , philosophe Chrétien du quatrième
siècle (in n°. Tim. 275 ) admet cette même distinction
des deux mondes. Il avoit pris ces idées
chez les Juifs et surtout dans Philon.
Clément d’Alexandrie ( Strom. l."5 , p. $93 )
appuyé cette opinion sur le témoignage de l ’écriture
et sur celui des philosophes barbares. « La
» philosophie barbare, dit ce père , a connu un
» monde intelligible, qui ne peut être apperçu que
» de i’espnt, et un monde sensible. Le premier est
» l’Archetype , l’original. Le second est la copie ,
» l’imitation. Cette philosophie aitribue le premier
» à laN Monade, paree qu’il ne peut être découvert
» que par l ’esprit ; mais elle attribue le second au nombre 6. Les Pythagoriciens appellent de la
» sorte le mariage , ce nombre étant celui de la
»•génération. La même philosophie établit dans la
» monade , le Ciel invisible , la T erre-Sain te, la Lu -
» mière intelligible ( c’est celle de l’Apocalypse. )
» C ’est cette terre invisible, dont parie Moïse, et
» qui fut,faite au .commencement. Mais dans la
» création du monde sensible, Dieu forma un
» Ciel solide, parce que tout ce qui est solide est
» sensible. 11 fit aussi une terre visible et une lu-
» mière qui est apperçue des sens ».
Beausobre (ibid. p. 283 ) observe, avec raison,
que la Monade, ou l'Unité est un des noms , que
les philosophes ont donné à la nature divine.
Il y a de l’apparence , que lés Grecs avoient pris
dans la philosophie barbare leur idée d!un monde
intelligible. Platon la tenoit vraisemblablement de
Pythagore , et celui-ci des Chaidéens ou des Egyptiens.
Les Platoniciens la gardèrent et en furent enchantés.
Proclus(in theol. Plat. 1. II, 11 ) loue Dieu,
non de ce qu’il a tait le Ciel et la Terre etc. mais de
ce qu’il a fait auparavant toutes sortes de Dieux
ifiEçiiigibles , et intelligens ; de ce qu’il a formé tous
ceux qui sont au-dessus du monde (c e sont les esprits
purs) , et tousceux qui sont dans le monde
( les intelligences du Soleil et des astres ) , car il
est Je Dieu de tous les Dieux, Xunité des unités ,
celui de tous les êtres le plus impossible à comprendre
, plus ineffable que le silence même, et
plus inconnu que toutes les substances.
(1) Ibid. p. îga. ii) Beausob, r. 1, p/ ytfo.
» 8J7*
Origène, Com. in Joan. p. 19 , commentant *e
verset in principio , etc. traduit ce mot grec Aoyoç , quae ratio etiant dicitur sapientiam et sectindum figuras c, oullte csteiocinmisc iiiinv-i tOeplliingoern teinat nriam , s,i cquuta ed os munuts ine.t i pnsaâv\i sf ifaabnrti ccmatnuira \ tvieblu sa eedorifuicma,t nqru ijsutrxutcdtu friageuprraase siedte nfotrmas men- domo , conceptas figuris , ent arvaiqtiuoen ibpurisn cqiupeitu msu nstu rinne natirbtuifsi cea b: bsuis: ruantiivoenressa jfaamct aa nftueiàs sme anjuifxetsdta traesr uàrn dfeuot uirna rsuam- pientiâ. Dicendumque est D.eum , cüm ani-
matam sapientiam ( peut être la mère de la
fvigieu)r isc reeta sspseecti, ebilulisus curae permisisse, ut ex tentiam et plasmat,i oq'uneams ipesta f ohrambaebs aptr, aseubbesries-t entibus et materiis , etc.
(w) Plusieurs savans anciens et medernes ont
confondu le Saint Esprit avec Yame universelle. Et
d’autrès croient, qut c’est la mère de la vie du
système Manichéen, t. 2 , p. yiz (2).. '
Simplic. ( p. 188 in Epictet. ) dit que les Manichéens
prétendoient, que le premier bien , ou
'Dieu ( 3 )', lu mère de la vie ( lux et vita ) , et 1*
Créateur, sont d’une bonté inaltérables. Le Créateur
est le même que l’esprit vivant. Le chapit. S
du liv. 2,6, de Beausobre, ibid. p. 358, roule sur
la création du monde risible par l ’esprit vivant,
. (n) Empedocie et Héraclite appeloient Dieu ,
le feu intellectuel de la Monade première ( 4 ) ,
v( oéOforvi g.t ovP h&isloovsopha 49 ) , et Héraclite orvp , ibid. p. 54.
C ’est cette lumière intellectuelle , dit Origène,
comment, in Joh. p. 25 , qui est la lumière vraie ,
par opposition à la lumière sensible , qui, parce
qu’elle touche sur les corps terrestres et les illumine,
n’est pas proprement la vraie lumière. C’est Christ
qui est la lumière du monde intellectuel, la lumière
primitive et vraie, par opposition à la lumière
sens ble. Cette dernière idée est toute Platonicienne.
Macaire d’Alexandrie prétend , que Taine estpaf
elle-même lumineuse et pure , comme un écoulement
de la lumière immortelle (5). (o) Origène , com. in homil. 14 Jeremiæ , p.
D13e8l,, dqiuta àe- pileluum-pirnèâst loam mntêmm eh ocmhionstem: .L Quuixc uvue rqaufei liru*s- atiuotneaml ios rensati s, Hpaomrtoic.eps verte lucis cjjïcitur. Rationalis
Plusieurs Pères , dit Beausobre ( t. 1 , p. jo7 ) , ce ont pensé à-peu-près, comme les philosophes
» païens , sur l’illumination universelle. Us conci-
>3 déroient l’esprit, la raison humaine, comme un » rayon » comme une lumière, qui sort du verbe,
» ou de la raison divine ; ce qui a fait dire à Justin
<4) Orig. Philosoph. p. 49—ji.
Macar. p. ly-f.
» martyr, que le Christ a été connu en partie de
» Socrate , parce que le Christ est le . Verbe, et
n que le Verbe (Aoyoe ) , est dans tous les hommes ;
» que tout le genre humain y participe. Car tous
» ceux qui vivent suivant la raison , sont Chré-
» tiens ». Tels ont été , parmi les Grecs, Socrate,
Héraclite etc. Justin concevoit que toutes les lumières
viennent de Dieu , qui en est la fource,
mais qu’elles en viennent par le Verbe , qui
émane du père, et qui éclaire immédiatement les
esprifs.
(p) Comme on ne peut rien appcrcevoir dans
l’ordre corporel, qu’en y introduisant la lumière,
©n ne peut rien comprendre dans l ’ordre intellectuel,
qu’en y portant le flambeau de l’intelligence;
et celle-ci est dans le monde intellectuel, ce que
la lumière physique est dans le matériels II y eut
donc une lumière corporelle et une lumière intellectuelle.
Celle-ci étoit l’esprit, Tiütelligence. On dit
tous les jours, la lumière de l’esprit. (q) Ces principes sont d’accord avec ceux de
Plotin ( ï) , suivant l’explication que son commentateur
Marsile Ficin nous en donne. Voyez comment
iigl npiasr l,e idde elast Lucmaeilèir feo. rLmuamnetn, pqroufaescit às iets siem vazgsolt vqiutaâd aesmt ivnitteee llceacteulai,l eadeo ut quod in cdelesti luminosum , sit in caelesti corpore prtiecipuà. . . . Intellectualis lucis pulcfiritudo nobis repr,a easbe nedta qtuurae videtur in lumine, imagine men. em formam ip.s.a. mut Pleastsoen icpèu llocqhuraitru, dipinsaistn ; icphsruitmud ivneirsà gbeonnituomre mmentisque patrem esse puladtniraberis
et patrem ; asmic abeits iinn fpilâitore filium (2;.
(r) Quand les Galiléens ( 3 ) , dit Valentin ,
affirment qu’il y a deux natures dans Christ , ils
nous font éclater de rire; car ils ne savent pas que
la nature delà lumière ne peut jamais être mêlée
avec la matière. Elle est simple, exempte de
tout mélange, et bien qu’ elle semble être unie à
une autre substance, elle ne Test point en effet.
( Phot. cod. 230 ) On voit que Valentin étoit persuadé
que l’essence de Christ étoit la lumière , qui
ne peut se mêler réellement aux ténèbres. Mais ici ,
dans le système chrétien , c’est la lumière intellectuelle
qui s’unit à la lumière corporelle dans le
corps du Soleil, et cette incarnation n’est pas contradictoire
comme l’ autre. Hiérocies, dans son commentaire
sur les vers dorés de Pythagore, distingue
deux sortes de lumières , l’une pure et sans
mélange,dont sont composées les substances intelligentes
; et l’autre que in tenebris lue et, ou qui est
liée à la matière. Comment, in 1 v. WTrafipov
Ktu Kctà&çov , p e ü 0 e'rivoencLt ro tv rn ta <p«* kcli
to v'roffvp.p.iyeç yueooptnv. Ce qui pour-
(1) Ennead. 1 , 1. 6, c. 5.
(2 ) Ibid. c. 4.
roit bien expliquer l ’idée dé Jean sur le Verbe et lux in tenebris lue et etc.
Suivant le système Manichéen (4), le Soleil et
la Lune étoient formés des parties du bien , au lieu
autres astres etoient formés d’une matière un
peu gâtée par le mauvais prir.cipe.C’est là,sans doute,
huonneo drâest Msoaunrcieehs tudes leur respect pour le Soleil. Soient habere mixtiontm m ,a eltt., ut txistimavit, dictrnit non Tite dé B: sire , p. 021.
C est cette lumière unie à la matière , appelée
ténèbres per les métaphysiciens anciens , matière
dont est composé notre monde, qu’on dit fguré-
ment luire au sein des ténèbres, sans éprouver cepine
ntednaenbtr idse lulecuetr part aucune atteinte. Erat lux quoi etc. Origène,' com. in Joh. p. 70 ,
idni tt eqnue’bilr isy luac eutne différence entre la lumière-, que. qua haudquaqu a,m n ute naebb reeise aspupnttthenditur , et lux in. etc.
(j) Libaniusdit, que les Manichéens adoroient le
Soleil , sans lui offrir de viciimes ( Liban. 1. 4 , ep.
140 ) ; et qu’ils l’honoroient comme le second
Dieu.
Saint Grégoire de Nazianze dit du Soleil,
« qu’il est dans le monde’ visible, ce que Dieu est
» dans le monde intellectuel n.
Suivant Hiérocies, le créateur de toutes choses,
slee nDsiibelue intelligible, est l’auteur du Dieu céleste et , c’est à-dire du Soleil ( Hierocles in carm.
H a 3 °* )
Htrmes Trismégiste, apud Stobaeum, p. 40 , nous
dit qu’il adore la vérité du Soleil, et qu’il le recon-
noît pour créateur , après celui qui est le premier
et qui est unique. Le même auteur, c. 16 ,dit «que
» toutes les bonnes qualités sont dispensées par
» le Soleil, et qu’il y a une substance intelligible ,
» c’est le Soleil , qui dans son globe en est le
» réservoir ».
Agapius Manichéen ( 5 ) déif oit le Soleil et la
L u n e , et disoit que leur lumière étoit consubstantielle
a Dieu. Mais il s’explique en disant, que
cette lumière consubstantielle n’est pas une lumière
visible, mais une lumière intellectuelle. Il s’agitdu.
efiolnss, iqstueer tFauste dit in secundo, et visibili lute hâc ( apud Augi 1. 20. )
tiesL edse lMa alunmicihèéree.ns (6) appeloient nos âmes les par
Ils pensoient que les parties de la
lumière ont essentiellement la vie et la pensée , et
ne la perdent jamais.
Ils plaçoient Christ dans la substance Iumineuss
qui brille dans le Soleil, et que la Lune réfléchit.
C est ce qui a fait dire a Alexandre d e Lycople (7 ) ,
que de tous les Dieux, les Manichéens n’honoroient
que le Soleil et la Lune ( Alex. Lycop» p, 7. )
Ils dqnnoient à Christ le titre de Roi des lu.
mieies (8) ( secunda epist. ad August. ) Uspréten»
s (ç) Photius codex 179.
(6) Beausob. t. 1, p. 21a, f7) Ibid. p. 236.