liation et leur ordre gradué , mais d’un
ordre intellectuel, comme l’unité abstraite
l’étoit elle-même. Ce Dieu des
Platoniciens et des autres Spiritualistes
est aussi celui des Chrétiens, qui Font
admis avec toutes les divisions intellectuelles
de son unité purement intellectuelle.
Nous avons vu alors le Logos devenir
l’intelligence pure de Dieu, et le
plan archétype de tous les êtres , idée
commune aux Platoniciens et aux Chrétiens
, et par laquelle s’ explique le passage
de Jean, qui suppose que l'ordre
du monde et son organisation est. l’ouvrage
du Verbe , ou de l’intelligence
divine , qui réside primitivement en
Dieu, et qui brille secondairement dans
le monde son ouvrage. Nous avons vu,
que les idées théologiques sur les trois
principes n’avoient point changé en se
spiritualisant, si ce n’est qu’elles avoient
rendu incorporel tout ce qui étoit corporel
auparavant:mais que chez les Spiritualistes
des deux Théologies Payenne
et Chrétienne , tout étoit absolument
semblable. Nous avons cité à l’appui
de notre théorie le fameux hymne de
Martianus Capella, dans lequel toute
la mysticité de la Théologie du Soleil
se trouve réunie à la partie Cosmique,
rapportée plus haut. Nous l’avons fait
suivre de plusieurs passages de Ma-
crobe , dans' lesquels on retrouve les
trois principes, Père, Logos, et Spiritus
avec leur unité originelle, dont ils ne
se séparent jamais , et avec leur filiation
naturelle , et on y voit le Spiritus,
procédant du L ogos, que le père engendra
, enfin le même dogme et le
même langage, qu’on retrouve chez les
Théologiens Chrétiens. Nous avons fait
voir ensuite, que cette Théologie n’étoit
pas celle de Macrobe seulement; qu’elle
se retrouvait chez tous les Platoniciens,
et qu’elle avoit donné lieu à une foule
de subtilités métaphysiques, beaucoup
plus compliquées et plus difficiles à
entendre, que la Trinité Chrétienne,
qui paroît inintelligible à ceux qui ne
se sont pas bien pénétrés du génie d’ahs.
tractions, qui a présidé au système théo-
logjque des Platoniciens.
Nous avons vu cette Théologie dé-
velsppée sur-tout dans Platon et dans
Son Commentateur , qui appellent le
premier Dieu le Lien , en style Pla.
tonicien , ou le Père. Au - dessous ils
placent l’intellect , ou l’intelligence
première , à qui ils donnent le nom
de fils , et enfin la première ame, ou
le Spiritus, principe de mouvement et
de vie , comme l’intelligence est le principe
de l’ordre et des formes du monde
matériel, ainsi que du monde archétype
; et la tendance de l’un et de l’autre
vers le bien , ou vers l’unité première,
qui est leur centre. C’est ce qu’on an.
pelle , dans la Théologie ancienne, le
système des trois principes rappelés à
l’unité , et ce dont les Chrétiens ont
fait leur Trinité. Nous avons remarqué,
que par-tout le second principe, le Logos
, ou l’intelligence du Pere, y est
désignée par le nom de Lumière, comme
elle l’étoit par la lumière dans le
système des Matérialistes , ou dans le
grand Dieu , nature universelle , et
comme le Logos, ou le Verbe , l’est également
dans l’Evangile de Jean, dont
la Théologie appartient aux Spiritualistes
, lesquels ont conservé les mêmes
divisions, le même nom et les mêmes
graduations admises entre les trois principes
du matérialisme. Nous avons vu
également, qu’ils placoient au-dessus df
tout l’Unité souveraine , ou la Monade
paternelle, et que toute leur Théologie
se rapportait, suivant Plotin, aux trois
principes..
Nous avons ensuite fait voir cette
universalité du système des trois principes
dans Platon, Porphyre , Amelius,
Numenius , Philon, Proclus, Macro b e,
chez les Pythagoriciens, chez les Platoniciens,
et sur-tout chez les Egyptiens
leurs maîtres : doctrine expliquée
manière claire et précise dans les vers
d’un ancien Oracle Egyptien et dans
u pimander de Trismegiste. Nous avons
.sur-tout, remarqué, que cette universalité
du dogme-des trois principes et sa
conformité avec les nôtres n’avoient
point échappé aux Docteurs Chrétiens,
uni eux-mêmes non-seulement en ont
rassemblé les preuves, mais qui en ont
avoué la parfaite ressemblance avec
leur Trinité, et qui ont reconnu les trois
personnes, ou les trois attributs personnifiés
de l’Etre unique Dieu , dans les
trois principes Bon, Intellect et Spiritus
ou père , fils et ame universelle
de la Théologie des Fayens. Nous avons
fait observer, que la eonnoissance d’une
prétendue révélation , à laquelle ils
avoient recours pour expliquer cette
singuliere conformité-, étoit une idée
non - seulement absurde , mais inadmissible
, par cela même que cette
supposition étoit inutile , puisqu’on
avoit d’une manière claire et précise
1a génération de cette idée dans la Métaphysique
des Anciens. Nous avons
: conclu, qu’elle étoit aussi humaine chez
les Chrétiens-que chez les Payens, et
que les Payens en étoient lés véritables
créateurs , puisqu’eux seuls en avoient
[conservé la véritable filiation, et nous
| donnoient non - seulement la clef de
[ cette idée métaphysique, dont les Chré-
j tiens se trouvoient dépositaires sans l’en-
i tendre, mais encore plusieurs échantillons
de différentes triades et de com-
[ binaisonsencorepluscompliquéesd’abs-
Itractions de ce genre; d’où nous avons
l enfin conclu en dernière analyse, que la
! Théologie des Chrétiens ne leur appar-
[ tient pas plus en propre, que leur my sti-
I cité sur le Dieu Soleil mort et ressuscité,
[pour réparer le mal de la nature. Donc
Christ, considéré ou sous les rapports
1 théologiques de Verbe, ou sous les rapports
allégoriques d’homme né au sein
d’une Vierge le a5 décembre , et triomphant
des ténèbres le 25 mars*, sous
fa forme d’Agneau,. est absolument le
Soleil , c’est-à-dire , le seul être qui
r puisse réparer le mal introduit dans
l’univers par le Serpent d’antomne.
Donc Christ, tel que nous venons de le
peindre, et tel qu’on nous le propose
à adorer, n’a jamais existé que dans
le Soleil, non plus que le cortège des
douze n’a jamais existé, que dans les
douze intelligences des douze signes et
des douze mois que parcourt le Soleil ;
ni sa mère n’a existé ailleurs, que dans
le Ciel astronomique où elle est encor®
tenant son jeune fils, et fuyant devant
le grand Serpent. C’est la seule Vierge,
qui allégoriquement puisse devenir
mère, sans cesser d’être vierge : c’est
le seul Serpent,.qui puisse produire
l’hiver et le mal de la nature,, comme
le Bélier, ou l’Agneau équinoxial est
le seul Agneau , qui puisse réparer les
malheurs du monde, et nous soustraire
à l’empire des ténèbres. Donc toute
l’histoire d’Adam, d’Eve et du Serpent ;
donc celle de l’incarnation du Christ
au sein d’une Vierge , et son triomphe
sur. ce même Serpent à Pâques-, n’est
qu’une allégorie sur le Soleil : donc les
Chrétiens ne sont, comme le disoient,
les Payens , au rapport de Tertullien,
et comme le disoit Adrien , que les
adorateurs du Soleil. La légende, qui
en fait un homme, ne change pas plus
la nature de ce Dieu universel, que
celle qu’a faite l’Evêque Synesius sur
Osiris , n’empêchera dé reconnoître
dans Osiris le Dieu Soleil , comme
tous les Anciens IV ont vu. Donc nous
conclurons avec Martianus Capella, en.
apostrophant le Soleil ;.
Sic variocunctus te no mi ne convocat orbis,
En vain on voudrait opposer à notre
conclusion les prophéties , qui. annoncent
Pavénement de Christ. Outre que
la plupart des passages , que l’on applique
à Christ, peuvent s’appliquer à
tout autre qu’à lui ret ue signifient pas-
tout ce qu’on veut leur faire signifier, il'
çst encore clair, que celles mêmes-, qui.
semblent désigner le Fils de Marie, telles,
que dans ce passage, Virgo pariet^etc.