où l’ancienne année commençoit. On
prétendoit, suivant Ovide, qu’elle étoit
la même que Thémis ( i ) , ou que la
Vierge céleste qui porte ce nom , et
qui ouvroit effectivementl’année, lorsqu’elle
commença au Solstice d’hiver,
comme nous l’avons vu.
Si notre théorie sur la mère de Christ,
ou sur la fameuse Vierge céleste, qui lui
donne le jour, est vraie, il s’ensuit que
la Vierge céleste doit par-tout la représenter.
Donc au bout de huit mois ,
lorsque le Dieu Soleil devenu grand
viendra à parcourir le huitième signe ,
il l’absorbera dans ses feux , et elle dis-
paroîtra au milieu des rayons lumineux
et de la . gloire de son fils. Ce phénomène
, qui se renouvelle tous les ans
vers le milieu d’août , donna effectivement
lieu à une fête, qui subsiste encore
, et dans laquelle on suppose que la
mère du Christ, dépouillée de sa vie
mortelle, est associée à la gloire de son
fils, et placée à ses côtés dans les cieux.
Le Calendrier Romain de Columelle (2)
marque à cette époque la mort' ou disparition
de la Vierge. Le Soleil, dit-il,
passe dans la Vierge le 13 avant les Ka-
Jendesde septembre. Les Chrétiens y
placent l’Assomption (p), ou la réunion
de laVierge à son fils. Les anciens Grecs
et Romains y fixoient l’Assomption
d’Astrée, qui est encore cette même
Vierge. Au bout de trois semaines ou
environ , le calendrier marque la naissance
de cette même Vierge-Constellation
, ou son dégagement des rajons
solaires. Le 3 avant les Ides , dit-on ,
le milieu de la Vierge se lève. Nous fixons
à la même époque la naissance, on
la nativité de la Mère de Christ, ensorhe
que la même Constellation, qui naît en
septembre , préside à minuit à la naissance
de Christ, le a5 décembre , ou
•semble l’enfanter, et se trouve réunie
à lui et éclipsée dans sa gloire au milieu
d’août. Ainsi, sans rieji changer, cette
Q) QriLïast. 1.3.y. 636,
Vierge éprouve absolument tout ce
qu’éprouve la Mère de Christ et au*
mêmes époques du temps où sont fixées
les fêtes, dans lesquelles on célèbre ces
divers événemens. Voilà un accord bien
singulier , et qui ne pourroit exister,
s’il n’étoit fondé sur une théorie vraie
dans tous ses points , tant pour la mère
que pour le fils.
On retrouve encore aujourd’hui sur
les frontispices des temples de cette
même vierge tous les caractères Astronomiques
( q ), qui appartiennent à la
constellation qui ouvroit l’année et les
saisons, etquidonnoit naissance au Dieu
Jour. Un de ces monumens précieuxdu
culte rendu à Isis, déesse des mois et de
l’année, estsur une des portes latérales
de Notre-Dame de Paris, sur celle qui se
présente à gauche en entrant, du'côté
du cloître, ou au nord. Les douze signes
du Zodiaque sont sculptés sur le,contour
du quadrilatère qui forme le cadre de
la porte, et rangés six par six perpendiculairement
de chaque côté , suivant
l’ordre correspondant des domiciles. Au
haut d’un côté , c’est le côté droit et la
place d’honneur , on voit le Lion , domicile
du Soleil, del’autrecôté à gauche
le Cancer, domicile de la Lune. Au dessous
du Lion , «en descendant, on re-
marquèles Gémeaux, domicile de Mercure;
le Taureau , domicile de Vénus;
le Bélier, domicile de Mars,les Poissons,
domicile de Jupiter, et le Verseau,
domicile de Saturne. Dél’autre côté, au-
dessous du Cancer, correspond aux Gémeaux
la case, qui devroit être occupée
par la Vierge ; au dessous est la Balance
portée par une femme, c’est le domicile
de Vénus; ensuite leScorpion , domicile
deMars; au dessous le Sagittaire, domicile
de Jiipiter , et un peu plus,bas le Capricorne
, domicile de Saturne ; ensorte
que les cinq domiciles des Planètes sp
correspondent de chaque côté.
Ce qu’il y a de plus singulier dans ce
(2) Coltunellé, 1, 11, c. 2, p. 429.
jnonwneül)
monument, c’est que la Vierge céleste
ne se trouve pas à la suite de la Balance,
du Scorpion, ni dans aucune des douze
cases des animaux célestes« Le Statuaire
s’est mis à sa place, entre le Cancer et
la Balance : on l’y voit représenté avec
le tablier, le marteau et le ciseau à la
main , taillant et sculptant la pierre.
Pourquoi cette singularité ? pourquoi
de toutes les constellations, la Vierge
i seule ne se trouve-t-elle pas en rang avec
les autres ? en voici la raison. Comme
la Dame du lieu , comme là déesse
à laquelle le temple est consacré, on l’a
[séparée de la foule et placée au centre
■ de la porte et des douze divisions dès
signes, tenant entre ses bras le Dieu Lu-
xnière enfant, qu’elle vient de mettre au
jom\ayant sous ses pieds un serpent, qui
[s’entortille autour d’un arbre , tel enfin
que le Coluber arborera coascendens
tde la sphère, ou que le dragon des Hes-
pérides, le Dragon ou Python, que tue
Ile Dieu de la lumière, Apollon. Ce Dra-
: gon monte dans les cieux à la suite de
la Vierge et avec la Balance , comme
(on peut le voir avec un globe, et comme
l’annoncent les sphères Persiquè
[et Barbare , imprimées dans les notes
sur Manilius par Scaliger. ( 1 ) A côté
du serpent sont les figures d’Adam et
d’Eve. Elle est ici telle que l’Apocalypse
l’a désignée, avec la couronne de
.douze étoiles ( r ) , représentatives des
douze mois, dont elle ouvre la marche; et
■ ■ dç£ douze signes, quiyrépondent.Cesym-
,bole est absolument le même, que celui
des dou^e autels de Janus, qui a son siège
dans ta meme constellation. Cet te Vierge
(!e,^AP0CalfPse a afec elle l’image du
boleil et de la Lune, dont elle ouvre là
■ révolution, et ressemble eu cela à là far
meuse Latone, mère d'Apollon et de
[Diane , qui ,_au moment d’acçoucher ,
est poursuivie par le fameux serpent
Python, nom du Draco, coluber arborera
coascendens T qui se lève toujours
n sa suite et la poursuit.
G ) Scalig. pot. ad Manil, p. 341,
Relig. Uniy. Tome l l l l
Nous n’insisterons pas plus fong-tems
sur ce rapport. Quant à l’enfant ou au
Dieu Lumière, dont elle porte l’image
entre ses bras , on le représente sur le
monument non-seulement enfant, mais
avec six graduations d’âge correspondantes
aux six mois, durant lesquels l’année
gradue sa lumière, depuis son état
d’enfance jusqu’à sa vieillesse. On volt
sur les côtés intérieurs du piiier, qui
porte cette vierge et l’enfant, un jeûné
homme de 12 ans; au dessus, un de
dix-huit ; plus haut, un jeune homme,
qui à peine a dé la barbe ; an dessus ,
un homme fait, avec la barbe; plut
haut, un homme d’un âge plus mûr et
d’une barbe plus forte; enfin le délniér
est un vieillard dans la décrépitude. De
l ’autre côté on a marqué la gradation dé
la chaleur. Au haut est un jeunehomme
nud absolument, qui est à l’ombre d’un
arbre, pour représenter les chale urs Sols-
titiales. Au dessous il n’est couvert qué
d’un voile léger, depuis la ceinture jusqu’en
bas. Plus bas, pour représenter
le passage de l’équinoxe ; celui de la
jeunesse de la nature à sa vieillesse, c’est
un jeunehommeàdeux visages,tels que
ceux de Janus, l’un jeune et l’autrevieux.
U est incliné obliquement à l’horison, et
comme cou cité, de manière que la figuré
jeuiieregardelapartiesupérieureduciel,
où est la jeunesse de la nature, et la figure
du vieillard regarde la terre, ou la
partie inférieure des signes , où est le
siège de l’hiver qui approche. Ici il a un
manteau, mais il ne couvre que la moitié
de son corps prise dans la longueur
et que la partie vieille, de façon que le
bras et l’épaule, lé côté et la cuisse, qui
regardent la partie supérieure , et api
partiennent à la figure qui a tous les
traits de la jeunesse, soient absolument
découverts. Au dessou s de ce Janus on re-
trouveleméme homme à un seul visage,
bien enveloppé dans un manteau. Au
dessous , il est représenté courbé sous
le fardeau d’un fagot, qu’il emporte chez
G