Q # A' T R I . È M. E,
O R I O N .
L a constellation d’Orion est incontestablement
la pins belle de tontes. Elle,
renferme deux Etoiles de la première
grandeur et plusieurs de la seconde. Elle
occupe un champ très-vaste auxCieux,
au Midi du Taureau et des Gémeaux.
Elle a trois belles Etoiles vers le milieu,
qui sont de . seconde grandeur , et posées
en ligne droite , l ’une près de
l’autre. Le peuple les appelle les trois
Rois, ?
On fait Orion fils de Neptune et
d’Euryale , fille de Min os ( 3 ) . Son
père lui avoit accordé la faculté de
marcher sur les eaux , comme sur la
terre ; de même qu’il avoit été donné à
Iphiclus de voler sur la surface d’une
moisson, sans briser les épis.
Ceux - ci le font naître d’Hyrée ,
ceux-là de Caubrisa, d’autres de Musée
Roi des Bistoniens, et racontent ainsi
sa naissance (2). On dit que son père,
soit Hyrée , soit Caubrisa, reçut chez
lui deux Dieux , Jupiter et Mercure;
d’autres disent trois , en y ajoutant
Neptune. Il n’avoit pas d’enfans , et il
pria ses hôtes de le rendre père; il venoit
d’immoler un Boeuf , qu’il leur avoit
servi à table. Les Dieux s’en firent apporter
la peau, et ayant uriné dedans ,
ils lui recommandèrent de l’enfouir en
terre. Au bout de quelque temps , il en
naquit un enfant mâle, qu’Hyrée nomma
Urion, dont on fit par la suite
Qrion. Ç’est lui qui fut placé aux deux,
dans la belle constellation ,. qui se lève
à la suite du Taureau , et qui se nomma
d’abord Urion,dit Germanieux^),
ab urina , à cause de l’abendance des
eaux qu’elle fait naître. Car, par son lever
d’Hiver , elle bouleverse la terre, la
mer et les eaux. On ne doit voir dans
tout cela qu’un mauvais ' conte , fait sur
une étymologie également mauvaise ; le
nom d’Orion vient de la même racine,
que celui d’Orus, dont il est l’astre. Sa
filiation d’un Taureau est simple ; puisqu’il
se lève toujours à la suite du Taureau
céleste , sous lequel- il est placé.
Son influence sur les mers en fit un fils
de Neptune ; car on appela astres de
Neptune , suivant Théon , ceux qui
exerçoient leur influence sur les
eaux (4). R étoit,ajoute Théon, singulièrement
observé par les navigateurs ,
à cause de sa position dans l’Hémisphère
austral, d’où partent les tempêtes. Cette
influence \ qu’avoit Oriori sur les eaux
de la mer, et sa position sur le fleuve
Eridan, qui sort de son pied gauche,
fit dire , que ce fils de Neptune et du
Taureau marchoit sur les eaux. C’est
ainsi que nous verrons bientôt , que sa
position, relativement au Scorpion, auquel
il est opposé, et qui le fait tous
les jours coucher, lit dire qu’il mou-
(1) Hyg. 1. s , c. 3 ; . Germ. c. 51. Eratosth. c. (3) Germ. ibid. Isid. 1. 3 , c. 47,
3«. Theoa, p. 14®. (4) Theon, p. 18a.
(a) Germ. ibid. Hyg. ibid, et Fab. ip 5 .
E T D Ë S E S
rut piqué par le Scorpion de no’s Constellations.
■
Orion devenu grand quitta Thèbes ,
patrie de Bacchus Taureau , pour se
rendre à Chio,chezle Buveur de vin, ou
chez OEn opion, dont il voulut, dans un
moment d’ivresse, violer la fille appelée
Mérope , du nom d’une des
pléiades placées sur le Taureau , et
qu’Orion semblé toujours poursuivre.
OEnopion , piqué d’un semblable outragé
, punit Orion, en lui faisant crever
les yeux ; et il le chassa de son île.
Orion se retira à Lenmos, île consacrée
an Dieu du feu, ou à Vulcain,
qui lui donna un certain Cédalion pour
le conduire. Orion le mit sur scs épau-
les, comme pour lui servir d’yeux et le
guider. Il marcha ainsi Vers l’Orient^
et vint s’unir au Soleil, qui lui rendit
1a vue ( 1 ) > et -bientôt il retourna à
LemrioS, pour Se Venger.
On apperçoit- aisément l’origine d'è
celte fiction. Orl'oH se couchant avec
lés Pléiades, et cotiséqu'etoihent avec
Mérope / aux approches -du Printemps;
disparaît à nôtre vue, par son coucher
Héliaque. Mais aü bout de quelques
mois, lorsque lé Soleil- approche' du
. Solstice; Orion se lève Helïâqüément ;
et rèparoît le matin, au bord oriental.
Aussi le Calendrier "dés Pontifes fixé f
au quinzê dés Calendes de Juillet,
l’éntrée du Soleil âu signe du Cancer,
et le lendemain le lever Héliaque d’O-
Hofl (•?). Il marqué , huit jours après(3) ;
lé levéV Héliaque des Etoiles de la Ceinture'dü
même Orion, et il annonce
pffitt'ee jour - là l'e Solstice1 d’Eté. Le
fflêuie Ovide avoit marqué le Coucher
d’Otteri, deux mois et demi auparavant,
au huit des-rides d’Avril (A ),
bnze jours avant l’efitrée du Soleil âut
Taureau, et quatre jours après, un lever
des Pftû'âdès ; aü nombre desquelles il rhèt
(1) Erntosth. c* 31.
(1) Ovid. Fast. 1. 6; c. 717.
(3) Idem. y. 7B8. . 1 ,■ . .v. .
(4) Ovid. F ast. 1. 4 y Y- (389..
..(SJ Ibid. v. 175.
Mérope (5). Alors se cbufc'hoit lâBalàrice,
signe -consaéré à Vulcain, qui donne
un guide à Orion. i l marque nu autre
coucher; aü sept déS'Nônes fie Mai (6),
■ cinq jours avant le lever dés Pleïades.
C’est à cette occasion , qu’il rapporte
la naissance d’Qrion , fils du' Boeuf, et
des deux Dieux, Jupiter et Mercure,
et sa mort parla piqûre du Scorpion.
Lbrsqu’Oriôri retourhâ à Ohio, OEnopion
s’étoit caché Sous la terre, pour
échapper à sa vengeance. Peut-être que
cet OEnopion est le Bootès, Icare, le
fameux inventeur du vin,, quf est alors
effectivement couché. Théon nous apprend
, qu’OEnopion1 étoit fils de Bacchus,
et de la Couronne d’Ariadne,
qui suit le Boôtès, et qui se lève au
moment d'és Vendanges ( 7 ) ; il régnoit
sur 1 île de Cliio, fameuse par ses bons
vins. Cétteî'fe étoit infestée de Serpens,
'd’6ùvëlle prit le nom d’Ophiusa; c’é-
toit pour la purger dé'ces reptiles, qü’O-
riori étbit venu tfàbord de "Be'ùtie, à
la sollicitation d’OEnobion. Dans ce second
voyage, Orion venoit pouf- së
vengër ; mâis désespérant de trouver
son ennemi , il passa1 en Cr'ète. Là il
sé mit à chasser avec Diane, sur le
mont Chélippion (8) ', et il lui promit
dé 'détruire-Tous lëê animaux, et de n’en
laisser aucüh srir là terre.' D’àütres aü
contraire prétendent, qu’il voulut faire
violence à la chaste Diane ( 9 ) ; que
cêtte Déesse le perçà de ses traits ; et
qu’élle lé plaça dans la suité aux Cieux,
à êavrsë de là réàsétnblânce des goûts;
Certains Auteurs disent , qu’il étoit
éhért tie1 Diâné , cjbi pensa l'épouser }
ce qui fâcha Apollon. Un jour ini’O-
rion hageoit, Apolloù' àppérçut sa tête
S’élever aù-fiesstri‘dèss flots, ‘et lie, rêî
connût: Tl pfcindià '1’ 'Diàné mi dwi]
c-’ëtoit de pfbuver' Soir ' kd'fès'Sè a urer
dfe Tâfq ; éti déèdchahfnh trâit Surfin
(6) Ovld. Fast. l. 3, v. 493— .345— 6pe.
(7) Tileon, p. 170—3pr. -■
Gerfiïati. fi.-, ; 1 - . .
(9) Hygin. ibid. Horace 1. 3 ,'O d . -j}',' V. f i