circule. On lui donne le nom d’Atta
ou de Papa, qui tous deux reviennent
à celui de-Père , titre d’honneur , qui,
comme celui de Seigneur, a été donné
chez tous les peuples à la Divinité et
au Soleil , Roi et pire de la nature.
C’était le titre de Jupiter chez les By-
thiniens qui l’appelloient Atta et
Poppa, comme les Scythes l’appeloient
Poppoeus. . ,
Cybèle, fille d’un Roi de Phrygie ,
devient amoureuse d’Atys ( i ) , et a un
commerce secret avec lui. Le pire de
la Princesse , qui l’avoit toujours crue
vierge,ayant su qu’elle etoit enceinte, la
chasse de son palais , et fait, périr Atys
son amant, dont le corps reste sans sépulture.
Cybèle est tellement affligée
de cette mort, qu’elle court éploree
dans les campagnes et sur les montagnes
, qu’elle fait rétentir de ses liurle-
mens et du son bruyant des cymbales.
Elle fuit jusque chez les Hyperboréens,
où Apollon l’accompagne.
Les terres des Phrygiens avoient été
frappées de stérilité depuis la mort d’A-
*fs. Ils consultent l’oracle du Dieu Sole
il, qui leur ordonne de faire les funérailles
d’Atys, et de rendre à Cybèle
les honneurs divins , s’ils veulent faire
cesser la stérilité de leurs campagnes.
On cherche les membres d’Atys, qu’on
ne retrouve plus. On y substitue son
image , à laquelle on rend les honneurs
funèbres : on pleure sa mort, on verse
deslarmes sur son tombeau : on lui élève
des autels conjointement avec Cybèle:
on établit des fêtes anniversaires (2),
dans lesquelles , après l’avoir fleuré ,
on chante son retour a la vie et a 1 empire
des Dieux ; et tous les ans, lorsque
Je Dieu Soleil rejoint l’Agneau de Pé-
quinoxe ! Atys , pleuré pendant trois
jours, ressuscite et entre dans la gloire
de sa divinité.
( 1 ) p i o d . S i c . 1 . 3 . c . 3 g .
K us:,'b. P ræp. E v. 1. a. c. r,
( 3 ) J u l i a n . H ÿ m n . 5 . p. 318,
(3) Julian, Orat, 5, ibid. p- 313.
D’autres légendes supposent , que le
jeune Atys s’étoit refusé aux sollicitations
de la Déesse , et qu’il ne trouva
pas d’autres moyens de réprimer ses
désirs et d’éluder ses poursuites, .que
de se faire à lui-même ce que le sanglier
fit à Adonis , en retranchant
de son corps ce qui pouvoit plaire a son
amante.
Cette dernière version est ta plus
connue. Elle fait le fqnd des explications
des mystères d’Atys et de Cybèle
par l'Empereur Julien (3 ) : elle
est aussi celle qu’adopte Julius Pir-
micus. Ce dernier ajoute (4) , que les
Phrygiens , voulant perpétuer le chagrin
qu’avoit eu la Déesse de se voir
méprisée , ont établi des fetes de deuil
annuel, et qu’aliu de consoler la douleur
de cette Déesse , après avoir donna
la sépulture à son amant, ils chantent
sa résurrection et lui élèvent des temples.
Tous les ans on renouvelle le souvenir
de ces funérailles. •
Damascius dans l’histoire de la mère
des Dieux (5 ) et de son amant, qu’il;
nomme Esmun ou Esculape , a adopte
aussi la dernière tradition,et la Dresse j
rappelle à la vie son amant en lui rendant
la chaleur. Il a conservé sur l’amant
de Cybèle untraitcaractéristique,
qui lui est commun avec le Soleil et
avec Christ; il dit qu’il a allumé une
grande lumière au sein des ténèbres.
C’estce que dit ausside Christ leProp hete
Isaïe (6). « Le peuple qui marchoit dans
» les ténèbres a vu unegrande lumière».
Cet endroit du Prophète juif a été toujours
regardé comme une prédiction sut
la naissance de Christ.
Julius Firmicus convient, que Je«
Payens rappeloienttoutecette aventure
à des causes physiques, et en donnoien
des explications tirées delà Nature. 11
combat ;,et effectivement celles (luU
(4) Juli. Eirm. de prof. Relig. p. 7.
(5) Damasc. apudPliot. Cud. 242,
ï® I s a ïe , c- 9- Y. 2,
I rapp0rt® ne sont pas admirables ; mais
■ les mauvaises explications ne. détrui-
I sent pas la force des véritables. Il est
■ toujours constaté par-là, quel’onn’a.voit
■ point oublié qu’on devoit les chercher
B dans la Physique; ce que iious.faisons
■ dans cet ouvrage.
S. Athanase (1) ,en parlant de cette
I fable et d’autres aventures monstrueu-
Hses des Dieux , reconnoît aussi, que les
■ gens, les plus instruits parmi les Payens
B justifioient ces absurdités apparentes ,
B en soutenant, qu’elles n’étoient que des
■ allégories relatives au Soleil, aux As-
jlires et à la Nature. S. Augustin con-
■ vienf (2) aussi , que , suivant Varron,
■ toutes ces fictions se rapportaient à
■ l’ordre du monde.
| Parmi les différentes explications
■ physiques, que lesAnciens nous ont lais-
i *ées sur la fable d’Atys , la seule vraie
■ est celle de Macrobe yqui la range dans
classe des résurrections d’Osiris,
■ d’Orus, d’Adonis, etc., et qui la rap-
■ porte toute entière à la marche du
■ Soleil dans le Zodiaque, suivant que
^B>ar son approche ou sa retraite il abandonne
la terre au deuil et à la stéri-
■ lité ,. pour lui rendre ensuite sa force
^Béconaeainsi qu’au jour son empire
^Bur les nuits. Ce savant auteur (3) nous
dit, que toutes ces cérémonies reli-
jsjpuses, dans lesquelles le deuil et la
i-B°ie se succédoient alternativement ,
»voient pour objet le départ et le re-
,»our du Soleil vers nos climats, et il
Jhxe la fameuse fête de ce retour au
jknême jour où .les premiers Chrétiens
■ »voient fixé leur Pâque, au 8 ant.
'Wal- Aprïl. , ou le 2 5 de mars, à trois
(■ nois-, jour pour jour, de distance de
^■ époque de la naissance du Soleil et de
'■ ®elie de' Christ, arrivée le 8 ant. kal.
mf.inuar. , ou le 2 5 décembre. C’est à ce
ant. kal. A p r il., que les calendriers'
B CO Ahanas. Conîr, pen t. p. 27-28.
H (2) Auiust. Givit.Dei. 1. 7- c. 25-
B (3) Matvob. Sut. 1. 1. c- 21-
anciens fixent le commencement du
printemps (4). C’està ceinêmejour que
sont aussi fixées les Hilaries ou fêtes
de joie pour la résurrection du Soleil
et pour son triomphesur les nuits, dans
le même calendrier où nous trouvons
le natalis invicti Solis placé au 8 ant.
kal. Januar. Ainsi la marche de Christ
suit celle du Soleil et celle de la nature
absolument. Il naît et triomphe aux
mêmes époqutte de l’année, auxquelles
on fêtait la naissance du Soleil et le
triomphe du Dieu du jour sur les nuits,
de'ce Soleil qu’on avoit peint comme
un jeune enfant au Solstice d’hiver (5 ),-
et qu’on représentait comme un jeune
héros vigoureux au printemps.
Lafête.dePâqne , que nous célébrons
le même jour que les Anciens célé-
broient les Hilaries en mémoire du
triomphe delà Lumière,ou du Prince de
la Lumière sur le Prince des ténèbres ,
du jour sur la nuit, est la plus gaie de
toutes nos fêtes. Tous ses chants sont
consacrés à la joie : alléluia est un cri
de joie , et ce cri est répété sans cesse.
On y chante : « Voilà le jour qu’a fait
» le Seigneur, réjouissons-nous, etc. »
Hoec dies , etc. On y répète sans cesse
le nom d’Agneau : on parle de ses noces ;
on invite les jeunes garçonset les jeunes
filles , comme Horace dans sou peëme
séculaire en honneur d’Apollon, à
chanter le Roi du Ciel vainqueur des
ombres de la nuit, et qui entre dans se
gloire. O j i l i i et Jiiioe , etc. Les Prêtres
sont vêtus de blanc , couleur favorite
du Dieu de la Lumière r et qui contraste
avec les couleurs lugubres, qu’on
avoit prises le jour delà mort du Dieu,
dont on célèbre le retour au règne de
la lumière. On multiplie les cierges ;
les temples brillent de nouveaux feux :
enfin tout exprime la joie d’un triomphe.
Et quel est ce triomphe ? celui
(4) E e ta v . U r a n o l. T . 3. p . 6 1 . 68,
(5) Mtcrob. Suturn. 1. j . c , 18.