N E U Y I È M E.
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L E C O R E E A U.
L e Corbeau est aussi placé sur l’hydre,
à la suite de la Coupe; Voici ce que l’on
débite à son sujet (1). On dit qu’Apollon,
sous la tutelle de qui il étoit , le chargea
d’un message, et que youlant faire un sa-
crijice, il l’envoya chercher de l’eau pure
à une fontaine. Le Corbeau, dans son
message , rencontra plusieurs figuiers ,
dont les fruits n’étoient point murs. Le
Corbeau resta perché sur un des figuiers,
en attendant la maturité des figues. Au
bout de quelques jours , elles mûrirent,
et il en mangea ; après quoi , il retourna
vers Apollon , avec une coupe pleine.
Ce Dieu, piqué de ce qu'il l’avoit fait si
long-temps attendre, et qu’il l’avoit obligé
ae se servir d’autre eau , lui infligea
pour punition de ne pouvoir boire d’eau,
durant tout le temps que les figuiers mûriraient
; et pour perpétuer le souvenir
de ce châtiment, Apollon figura aux
Cieux le Corbeau et la Coupe , sur une
Hydre, qui lui empêche de boire. Le
Corbeau semble lui becqueter l’extrémité
de la queue , comme pour se venger
de la résistance qu’il lui oppose.
Germanicus ajoute quelques circonstances
( a ) , qui diffèrent un peu. Il
prétend, que le Corbeau, qui avoit manqué
l’heure du sacrifice , avoit retourné
à la fontaine chercher de l’eau , et qu’il
y avoit trouvé une Hydre, dont la vue
l’avoit effrayé , de manière qu’il étoit
revenu avec son vase vide ; et qu’il
(i) Hygin. I. a , c. 4 <>
(s) Germ. c. 40.
Eriioith. c. 41.
avoit menti à Apollon , en lui disant,
que toute l’eau s’étoit échappée du vase.
Apollon, quin’ignoroit pas de quelle faste
il s’étoit rendu coupable, l’avoit empêché
de boire , durant le temps où les
figues mûrissent, et l’avoit ensuite placé
aux Cieux, où une Hydre, dont il becqueté
la queue , l’empêche dé boue.
Eratosthène (3 ) prétend , qu’il avoit en.
levé de la fontaine , dans ses serres,
l’Hydre et la Coupe , en disant que
c’étoit ce reptile , qui buvoit journellement
l’eau de la fontaine. Théon adopte
à-peu-près cette dernière tradition fi) a
excepté qu’il en fait un esclave d’Apollon,
qui ayant ainsi menti à son maître fut
changéen Corbeau, etplacé aux Cîeux.11
ajoute, que c’est pour cela que cetl
oiseau est altéré au commencement de
l’Automne. Elien (5), au lieu de figues,1
met des épis de blé , dont cet esclave
d’Apollon attendit la maturité , et qu’il
mangea. De-là vient, qu’il esttrès-altére
dans le temps de la moisson. Ceci contient
une allusion à la Vierge et à
son épi , qui sont placés sur le Corbeau.
Enfin il est des traditions , qui portent
, que Coronis la Pléiade, fille du
brûlant Phlegyas , eut d’Apollon Escu-
lape ou le Serpentaire; que dans la suite
Ischys , le fort, fils d’Elatus coucha avec
elle (6). Le Corbeau l’ayant apperçu 1
en instruisit Apollon, qui, mécontent u*
Theon, p. i5i.
(5) AElian. de Anim. 1. i , c. 47.
(6) Paus. Cprinth. p- 68.
L nouvelle , et de celui qui la lui apportât
; changea le Corbeau en noir , de
blanc qu’il étoit, M perça Ischys de ses
mèches. Peut-être cet Ischys, le fort, est-il
Orion. Elatus étoit fils a’Arcas, ou du
jiootès. ■ ■ 'ï 1 V
On ajoute (1) qu’ Apollon avoitdonné
(Coronis, son amante, en garde au Corbeau;
que Jupiter, mécontent d’un gardien
aussi négligent, foudroya Ischys.
Apollon tua Corûnis , 1 retira dé soif
sein Esculape , et changea en noir le
Corbeau , qubjusqueslà étoit blanc.
Les Arabes nomment le Corbeau Al-
\gorab (1) , Algorabo, Agjaz, AL azad,
I (1 ) Hygin. Fab. 102.
I ; (1) A -, ; h. p. a3Q, -Hyd. Gomin. UIug;Beigh
I p, 65. Bay. tab. 43. Aifrag. c. az. Ces, c. 9.
Clunes Leonis , Arsh a l slmak , Solium
efferentis Inermem , Alchiba ,
T/entorium (3 ). Les Hébreux l’appellent
Corab (d), Orev.
La première Etoile, celle du bec, est
MinkaralGordb. Celle de l’aile, Gjenâh
a l Gorab a l Aîman. Le Corbeau , par
sa couleur noire , dit Théon , indique
le N il, qui se retire (5). On Parais sous
la tutelle d’A pollondit Fulgence
parce que ‘seul, contre la nature , il fait
éclore ses petits, au milieu des ardeurs
brûlantes de l’Eté ; d’autres disent, par-
cè que1 son Ofi sert d’augure pôui la
divination.
(3) Hyd- P- 6 5.
(4) Kirk. p. 199. Hyd. ibid.
(5) . Thson, p. s jo .