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CONSTELLATIONS BORÉALES.
P R E M I È R E .
L A G R A N D E O U R S E .
T jes premières constellations Boréales,
qui se présentent au Nord, sont les
Oui ses, la grande et la petite , placées
près du Pôle ou du pivot, sur lequel la
Sphère étoilée semble rouler. La plus
éloignée des deux et la plus apparente
est la Grande Ourse , connue vulgairement
sous le nom de. Chariot. Hésiode
prétend , quelle est la fille de Lycaon ,
Roi d’Arcadie , qu’aima Jupiter (1) , et
qu’il métamorphosa ensuite en Ourse.
Son amour pour la chasse l’avoit fait
s’attacher au cortège de Diane , et la
ressemblance des goûts l’avoit rendue
chère à cette Déesse. Elle n’osa avouer
à Diane sa faute ; et elle ne put longtemps
en cacher les fuites. La grosseur
de son ventre la trahit bientôt, lorsqu’elle
voulut descendre au bain avec la Déesse,
qui s’apperçut, qu’elle avoit perdu sa
virginité (2). Elle en fut punie ; elle perdit
safigure de fille, etprit celle d’Ourse.
Ce fut sous cette forme, qu’elle accoucha
d’Areas. On prétend que Jupiter ,
pour la séduire , avoit pris la forme de
Diane ( 3 ) , et qu’interrogée par cette
Déesse, sur l’aventure qui lui avoit ra-
( t ) Hygin. 1. a , c. 2.
: (2J Eratesth. c. 1. Theoa, u o — n i .
vi sa virginité , elle s’en étoit prise à h
Déesse ; et que pour cette réponse,
Diane la métamorphosa sous la forme
d’ourse, qu’elle a aux Cieux. Elle erroit
dans les forêts , avec les autres bêtes
farouches , lorsqu’elle fut prise avec Son.
fils Areas par un chasseur Etqlien, qui
en fit présent à. Lycaon. Elle se réfugia
avec Areas dans le Temple de Jupiter-
Lycéen , où la loi défendoif d’entrer.
Les Arcadiens se mirent en devoir de
la tuer (4) ; mais Jupiter , pour la sous- |
traire à leurs coups, l’enleva et la pla- :
ça aux Cieux avec son fils. Là elle devint
l’Ourse céleste , et Areas le gardien
de l’Ourse , Arctophylax. Quelques-uns
prétendent, que Jupiter ayant fait violence
à une des Nymphes de Diane,Cal-
listo , Junon indignée l’avoit changée
en Ourse. Diane l’ayant rencontrée,
sans la reconnoître , la perça de ses
traits, et l’ayant ensuite reconnue , ed®
la plaça aux Cieux. D’autres racontent,
que Jupiter ayant poursuivi Calnsto
dans les forêts , Junon soupçonnât
son dessein, et l’événement, qui etoitar
rivé , chercha à le surprendre dans ses
(3) Germ. c. a. Ovid. Mctam. 1. 2, V. 435'
(4) Eratosth. ibid.
E T D E S E S P A R T I E S.
jouissanees j niais que Jupiter, pour la
tromper, changea en Ourse son amante.
Junon, trouvant à la place d’une jeune
(ilie une Ourse , l’indiqua à Diane, qui
la p erça de ses traits. Jupiter en fut af~
fljiré , et par compassion pour le sort de
son amante, il en plaça l’image aux
Cieux. Cette constellation ne se couche
jamais, etThétis, femme de l’Océan;'refuse
de la recevoir au fond des eaux , où
descendent les autres astres à leur coucher
: et cela , parce que Thétis était la
nourrice de Junon, dont Callisto fut la
rivale (1). ,
D’autres appellent cette Nymphe (2) ,
mù-Callisto , ou la très - belle , mais
Mégis to , ou la très-grande; deux dénominations
, qui conviennent également
à la belle et vaste constellation
du Chariot. On fait Mégisto fille , non
pas de Lycaon, mais de Cetée , et pc-
i tite-fille de Lycaon. Cetée est le nom
(l’Hercule ' Jngeniculns, situé près du
; Pôle, comme elle. On place le lieu de
la scène de cet événement en Arcadie,
j sur le Mont Nonacrien ; ce qui lui a
fait donner l’épithète de Nonaorina (3 ) ;
elle prit aussi celle de Parrhasis (4) , de
ProiesLycaonia (5 ). Ovide prétend que
I Ce fut son fils Areas, qui devenu grand
! chassoit dans les forêts, et qui, ne con-
fioissant pas sa mère , alloit la tuer ,
lorsque Jupiter , pour lui épargner un
crime, les enleva tous deux de la terre,
| et les plaça au Ciel , l’un à côté de
l’autre (6).
Aratus (7) d it, que les deux Ourses
forent les nourrices de Jupiter, et que
| c’est à ce titre, qu’elles ont été mises
: aux Cieux.
LesGrétois a voient consacré chez eux
un Temple aux Ourses , sous le nom
de Temple des Mères , où ils portaient
de riches offrandes , et qu’ils honoraient
du culte le plus religieux (8). Ce
culte avoit pour objet de révérer les
nourrices de Jupiter, placées aux Cieux,
dans les deux constellations de la grande
et de la petite Ourse.
Elles sont communément connues,
sous le nom de grand et de petit Chariot
(9J. La grande s’appelle, par excellence
, le Chariot. C’est lé nom qu’elle
portait déjà du temps d’Homère ( to ).
Ce nom lui fut donné, à cause de sa res-
semblance(ii).
On lui donna le nom de Septemlrio
major (12) où des sept Boeufs de l’attelage
du grand Chariot. Car on appeloit
en langage Rustique , chez les Latins ,
Teriones , les Boeufs employés au labourage
( i3 ) , si l’on en croit Loelius et
Varron. Comme l’attelage est de sept ,
on en fit le mot Septem-terio ou Sep-
temtrio , nom qui est resté à l’Ourse ,
et qui a été donné au Pôle , près duquel
cette constellation est placée. Delà
aussi le nom de Boeufs d’Icare (14) ,
donné aux mêmes Etoiles , parc»
qu’Areas, ou le Bootès, Arctophylax ,
le gardien de l’Onrse , qui les suit ,
porte entre autres noms celui d’Icare ,
père de la moissonneuse , Erigone.
D’autres ne donnoient le nom de Boeufs ,
qu’aux deux premières Etoiles du timon
, et faisoient des cinq autres le
char (15 ). ■ ,*
On l’appela aussi Hélice , ou Eli-
cé (16) , nom tiré de son mouvement,
Emxsîi' , autour du Pôle , autour duquel
elle tourne, et semble faire la roue (17)..
( 0 Ovid. Metam. t. 1 , v. 510— 503.
Is) Hygin. 1. 2 , c. 2.
(3) Ovid. Motam. 1. 2 , v . 409.
U) ibid. v. 460. Norm 1. 1 , v . 167.
(D Ovid. ibid. v. 496.
(<) Ovid. Fast. 1. 2 , v. 138. Isidor. Orig.I. 3 ,
S 47-
(le) Hygin. 1. 2 , c. 3.
(11) Aulug. 1. 2,' c. 21.
(12) Hyg. Fab. 177.
(13) Aulug. ibid. Varro de Ling. Eat. 1. 6 ,
p. 84. Isidor. I. 3, c. 47,
(14) ’ Propere:
0 5 ) Hyg. 1. 2 , c. 3 .
(16) Hyg. Fab. 177. Hipp. c. 2.Germ. c. 2;
Arat. v. 37.
(»7) Hyg. 1. 2, c. 8.
Jv X