marche du temps et de la fatalité, dont
le livre va s’ouvrir aux yeux du Prophète.
Il est bon en effet d’observer, que le
destin ou la fatalité résultoit de l’action
combinée des sept Planètes avec
Jes Etoiles fixes , et sur-tout avec les
figures ou signes' du Zodiaque, Aussi
dans 1e poème de Nonnus (r), où l’on
voit Cérès qui va consulter l’Astrologue
Astrée , celui-ci, commence par bien
établir la Sphère sur ses points principaux
, et il jette ensuite ses regards,
dit le Poète I sur le Zodiaque et sur
» les sept Planètes , et sur les fixes ».
C’est, ce que fait ici le Prophète Jean,
qui jette d’abord les yeux sur le C iel,
en haut et en bas, comme Astrée , qui
observe le Soleil au méridien inférieur,
Mars au couchant, et qui consulte les
points principaux , que les Astrologues
. appeloient Centres, et sur lesquels Jean
place les quatre signes, ou les quatre
animaux, lion , taureau, etc. en mettant
le Lion au mérdien supérieur. Nous
le verrons bientôt les jeter aussi, sur le
système planétaire désigné dans le chapitre
suivant ( 2 ) , sous le nom dp Livre
aux sept Sceaux, d’où il tire , comm,e
Astrée , des conjectures de ce qui va
arriver. Ces points cardinaux, sur lesquels
nous disonsquele Prophète Âstro-
loguepose sa Sphère,comme sur les quatre
signes fixes , sont le méridien supérieur
, le couchant, le méridien inférieur
, et l’orient. Ces quatre points
s’appellent Centres et Gonds , ou Car-
dines par tous les Astrologues anciens;
et ils étaient comme la base et la position
fondamentale desGénethliaques
et des spéculations Astrologiques, comme
on peut s’en assurer par la lecture
des Astrologues et desAuteurs, qui
ontparlé des principes de cette science.
Origène, dans son commentaire sur la
( 1 ) -ïïonnus Dio'nys. 1. 6. v . 68.
(2) Àpocalyp. c. 5. v . 1.
(3) Commerrp. in Genes i, p. U . idem apud
Euseb. Pr:»-n. E v . L 6. p. 291.
Genèse (3) , dit, que le fondement dt
toute observation astrologique était
l’inspection des Astres ..et des Signes
qui occupent le levant, le coùoham
le méridien supérieur et le .méridien
inférieur. C’était dans ces quatre points
principaux, que,se concentr.oit la. plns
grande, force des. influencés ;, .et les
Egyptiens, dit Kiiker (4), y fixoioient
La demeure principale de leurs Génies
ou de leurs Dieux. Ou lesappelloit angles
, centres , gonds , rayons.. On y
plaçoft les Génies présiflens et arbitra
souverains de la'.fatalité. Souvent oji
donnoit* aü milieu du Ciel , spiviaik
.Saumaise (5 .), la première placeysur
les autres points cardinaux , ét.voilà,
sans doute , pourquoi ici le Lion, signe
du Dieu Soleil,, se. trouve nommé i?
premier , etta’est lurajspri, qui noiislf
'fait placer ai! haut du trône,, -Jcindij
que les trois antres,Animaux eu occu;
peut lescontours- Isaïe ^6), qui.dans s®
cliap. 6. nous peint Dieu assis sur son
trône, près duquel §ontvaussi dés Génies
ayant six ailes , comme.ceux de
Jean ,. et. qu’il, nomme Séraphins,,
Gënies,qui, comme ceux déJean, répètent
le Trisagion, ou trois fois saint, dit
que le bruit de leur voix ébrânle Car-
dînes, ou les gonds du temple de
Divinité. Ce temple de la'Divinité
le Ciel, dont les quatre points çàjdi-j
’baux, orient, occident , 'méridien®!
périeur et inférieur s’appellent ttyv
dînes Ccèli , et c’est, a eux'que ss
trouvent ici attachés les. quatre animaux
aux six ailés , Lion , Boeuf,
Homme 'et Aigle.
Quant à, ce dernier animal, .qui gf.
s.e trouve pas dans le Zodiaque aùf
les trois premiers , il est à-propos j>f
.donner la raison de la siihslilutr“';
qui en a été. faite, à la place du Scoi-
pion avec lequel il (se lève , et
(4) Kirkerq. CEdip. T.; 2. p.. 2. p. IJ1*1
194.
(5) Sulmasi. A nn. Clim. p. 130.
(6) Ïsàïe , c. o. p. i.'e.étif.
Rûiellïnient devroit être la quatrième ,
K dès raisons mystiques ne l’eussent
R ollyent fait écarter. Le Scorpion était,
Bans les principes des Astrologues, un
K<me malfaisant et de mauvais augure,
■ fies Egyptiensy plaçoient le siège deleur
CiailvâlS principe Typhon^quituaOsiris
■ ju le-'Die.iï à tète de boeuf, pendant
E. mois ’où le Soleil:, ( 1 ) dit Plu-
Earque, 'parcôuroit le Scorpion Les
Hébreux : l’àVrfierit affecté à la Tribu
■ de Dan ,.d’où devoitnaître l’Antéchrist,
■ iîivâint leurs traditions ; de Dan ,' que
■ jaeob", dans sa prophétie, compare au
■ Sergeiit, où au Ceraste [d ). Ces raisons
pnystiqüës lé firent écarter , comme
■ étant.ap mauvais augure',' et lui firent
lubsti'tiier la Lyre ou le Vautour Céles-4
■ te,Belle-Etoile qui monte surl’Horizon
■ n même temps que le Scorpion , et qui
■ e trouvé'à l’orient avec lu i, mais plus
§nVnSrd'.' Cette substitution nous est
i'tfeA'éëqiaf Kirker , qui nous, a donné
■ me'désfcription du camp des Hébreu,
■ font Jes ’ douze Tribus et lés douze pa-
Hilionj-’étôient sous l’inspection d’uu
■ ligne , et en portaient l’empreinte dans
fjcurkdrapêânx.
■ Kirker (2) s’appuie de l’autorité d’A-
■ èti-Kzr.'i, dans ia description qu’il nous
Hponne dé Cette distribution calquée sur
»Zodiaque, et des-enseignes de char
t une Tribü (ê1). Le drapeau de la Tribu de
Hiiben , suivant ce savant, portoit pour
; jnipreinte une figure d’Homme. Sur
■ duflde Jtïdà était, peint un Lion. Sur
Helui d'EpWaïrn étbit dessiné le Boeuf,
drapeau de Dan devoit représenter
Serpent où Ceraste. Mais, Suivant les
■ fcxjteurs Juifs, le refus que Dan fit de
■ jet emblênie engagea à y substituer la
ogurede l’Aigl e ou du Vautour, animal
Bèjhqueu’x/ Aben -Ezra observe ; avec
B lsqh ,’que'Ces'cjùatre emblèmes sont
B y ssi Ls figures des quatre 'animaux ,
■ Cii'iiè'ïsà:';
■ ( 2) Kii-kar, :(Ed,;p, 2. 1 .p. 20.
^■ (3) Sext. Einpir. 1. 5. .Ttolemée Tatrabil,
ip-.fàgs • .,
I. .i ofààummAi^lSuM
qu’Ezéchiel désigne , sous le nom de
Chérubins dans sa vision. Effectivement
ce sont, eux , etseonséquemmeiit
ce sont aussiles quatre animaux de l’A pocalypse
, ouvrage, composé clans les
mêmes principes , et qui, en général,
n’est qu’une copie du premier,ou peut-
être qu’une copie d’un ancien ouvrage
qu’Ezécltiel lui-même compila. Cè qui
me paroît aussi vraisemblable ; car il y
a plus d’exactitude dans l’Apocalypse,
qui donne six ailes à .ses Chérubins ,
comme Isaïe six ailes à ses Séraphins,
que dans Ezéchiel, qui n’en doime que
quatre. Ce qui me feroit croire, que
l’ouvrage d’Ezéchiel n’est pas l’original,
puisqu’il s’accorde si mal avec la
nature et la Sphère à cet endroit,
tandis qu’ailleurs tous ces deux ouvrages
y ont des rapports marqués^
Ces quatre animaux caractérisent
les signes du Zodiaque, appelés
solides (3): et fixes -, dans lesquels les
Anciens plaçoient le commencementdes
saisons, comme on peut le voir dans
Varron (4), et où brilloient les quatre
Etoiles de première grandeur, appelées
Royales par les Astrologues ; dénomination
qui est restée à une seule,
à la première , ou à celle du Lion ,l ie -
gulus. Ces quatre animaux forment
aussi les quatres angles du quadrilatère,
dans lequel étaient,distribuées les
douze tentes du camp des Hébreux,,
dont chacune étoit casée soufoun signe
-céleste. On trouve dans Kirker ,(S) le
plan gravé, de celle distribution mystérieuse.
Le Tabernacle du Seigneur
est au milieu , environné des quatre
Elémens , des sept Planètes et de fout
le Zodiaque , rangé sur les, quatre faces
d’un quadrilatère , tel à-peu-prps que
la ville Sainte de l’Apocalypse, et. telle
que l’est l’année , distribuée en quatre
saisons , de trois signes et de trois mois
: (4) Varr. dere Rust. 1. i. c. 28.
Isidor. 1. 5 . ¥irmic. I. 6. c. 1.
(5) Kirker ,OEdip. T. 2. pars. 1. p.21.