Esprits, l’un bon, l’autreméchant, dont
le premier étoit comme la main droite
de Dieu, et le second comme sa gauche.
Ces deux Esprits sont le fils de Dieu et
Satan. Ces deux Principes contraires
sont évidemment ceux de Zoroastre ,
la Lumière et les ténèbres , au premier
desquels la droite étoit affectée , tandis
que la gauche l’etoit au second (i) :
c’est l’Ormusd et l’Ahriman des Perses.
Ce sont là ces deux Principes , dont les
deux chapitres, que nous expliquons,
vont nous représenter les combats. L’un
s’appelle le Verbe, et l’autre Satan.
Ormusd (2), par sa science universelle,
c.onnoissoit ce que maehinoit Ahriman.
Il forma le Peuple céleste , et fut trois
mille ans à le former. Ahriman, toujours
opposé au bien , ignorait ce que savoit
Ormusd.
Ormusd , éclatant de lumière, étoit
pur et faisant le bien ; il pouvait faire
tout ce qui est pur. Regardant ensuite
au-dessous de lui, il apperçut Ahri-
man qui étoit noir, et qui faisoit le mal.
Lorsqu’Ormusd vit cet ennemi, il pensa
eu lui-même , et dit: il faut que je
fisse disparaître cet ennemi du milieu
< ès êtres. Nous voyons effectivement
dans l’Apocalypse , "que tel est l’e'lètde
la victoire de "l’Agnean (3). Il n’ y aura
plus, dît l’Auteur, de malédiction ; il
n’y aura plus de nuit; il n’y aura plus
ni pleurs , ni cris, ni affliction ; la
moi tne sera plus.
Le Génie lumineux (4) monté sur le
cheval blanc,cpii va combattre la Bête,
ne se propose d’autre but que la destruction
des Génies compagnons du mauvais
Principe ou du Dragon, qui va lui-
même être enchaîné dans l’abyme.
Lsrsqu’Ormusd (5 ) eut produit tout
ce qu’ ii y a de bien et de pur dans le
monde , son ouvrage fut gâté par
son ennemi , qui s’étant levé et appro- .
(1) Plutarq. Isid, p. 360.
(2) Zei:d. Avest. Ibid. p. 345.
(3) Apoe. c. 22. v. 3. v. 5. c. 21. v. 4.
(4) ll.id. c. l'j. v.'il. etc, .
ché de la Lumière, «voit couru dans le
monde pour en corrompre l’éclat. Maj„
effrayé de sa clarté , il étoit retourné
dans les ténèbres épaisses qu’il habitoit
et avoit fait un grand nombre de Dews
ou de mauvais Génies, qui devoienttour.
menter le monde.
Nous voyons dans l’Apocalypse (6)
ces mêmes Génies, souslenom deRois
et de compagnons de la Bête , qui se
sont assemblés pour faire la guerre à
■ celui qui est sur le cheval blanc, et à
son armée, montée pareillement sur des-
chevaux blancs , et vêtue d’un lin blanc
et pur. C’est ce Génieque l’Auteur ap-
pelle le Verbe de Dieu, ou le Logos,cetl e
Lumière qui éclaire tout homme venant
au monde. Cette armée est véritablement
ce que le Zend Avesta appelle
le Peuple céleste d'Ormusd, que va
combattre Ahriman avfcc les Dews ou
avec les Génies malfaisans , qu’il a formés
au sein des épaisses ténèbres, et
qui doivent être précipités avec lui
dans l’abvme , après sa défaite..
Ormusd (7), par sa science souveraine
savoit, que dans le cours de neuf mille
ans , lui Ormusd»devoit maicber seul,
pendant trois mille ans ; que pendant
trois mille autres , ses opérations seraient
mêlées à celles d’Ahriman: mais
qu’à la fin Ahriman serait sans forces, ■
et l'Auteur du mal éloigné des créatures.
Ormusd savoit, qu’à la fin il serait
victorieux , qu’Ahriman et les Dews
sans force disparoîtroient ; et qu’à la
résurrection des morts, et au rétablissement
des corps , le monde seroit délivré
de Petiarê ,ou dAhriman, pendant
la durée des siècles:
Cetteqpinion philosophique faitexac-
tement la base ou la matière du viïig- 1
tième chapitre , qui nous retrace la ■
captivité, la délivrance, les combats
d’Ahriman et de son Peuple , pendant
(5) Zeud. Avest. p. 346.
(6) Apoc. c. 20. v. iy . et 10.
(7) Zeud. Avest. 1’. 2. p. 346.
jveau libre il s’ unit aux Dews oii aux
[mauvais Génies , pour faire la guerre à
Ormusd pu au Dieu Lumière , qui en
triomphe à la fin (2).
Il est dit dans le 'Boundesh, ou dans
Sla Cosmogonie des Perses, qn’Ahriman
qui étoit sans force,et quêtons les Dews
virent l’homme pur , et qu’ils en furent
abattus : qu’Ahriman fut lié, non pas
[simplement mille ans, comme dit l’Apocalypse;
mais, ce qui est plus conforme
à l’esprit de cette théologie et à la divi-
[sion des douze mille ans, pendant trois
[mille ans ; que pendant qu’il étoit lié ,
chacun des Dews lui dit : levez-vous
avec moi ; je vais faire la guerre à Or-
nmsdyou au Dieu Lumière: Avec les
iDews je corromprai la Lumière. Ahriman
pénétra dans le Ciel, sous la forme
; d’un Dragon ; il sauta du Ciel sur la
lierre dans le mois Farvardin , le jour
[Orrmisd ; il courut du coté du Midi.
Les Dews ou mauvaisGéniesfirentla
fjiierre aux Etoiles fixes (g'1, et Ahriman
■ iorina le dessein de détruire le -monde
■ .entier. On voit, que dans ces combats ,
Ids’agitsouveut d’Etoiles et de Constellations
, et que ce u’est pas saiis raison
y ) A p * . e. 20. v,
(2 3 4) Zond, Ave st. T.
f3) Hfl, p, 3^5,
I-2- 3-7-
2 . p. 350. I,
que nous expliquons ici, par clés aspects
de Constellations, les combats et les
victoires des agens des deux Principes
Ormnsd et Ahritifan. Dans les combats
de Typhon contre Jupiter , décrits
par Nonuus (4 ) , on voit aussi celui-
ci attaquer le Ciel des Fixes, et livrer
des Combats contre différentes
Constellations, soit du Zodiaque , telles
que le Bélier, soit hors du Zodiaque,
tellesqu’Orion,Sirius, etc. Il n’est donc
pas étonnant ici de voir la Baleine, Méduse
, le Dragon, agens des ténèbres,
s’unir contre l ’Agneau de la Lumière ,
qui va triompher dù mauvais Principe ,
et préparer la régénération de la Nature
au Printemps. Dans la fiction Théo-
logique des.Mages, sur les deux Principes
Ormusd et Ahriman , et sur les
vingt-quatre Génies attachés à chacun
d’eux (5 ) , on voit qu’Ormusd établit
Sirius chef des Astres , ou des Intelligences
qui y résident; ensorteqnel’Ai-
tronomie se trouve essentiellement liée
à cette théorie sur les combats et les
victoires des deux Principes , et conséquemment
ils doivent être niisen scène.
Nün-senlementie Ciel, mais la l'erre
est le théâtre deces combats;et.,comme
le Typhon de Nonuus , Satan attaque
toute la Nature.Alors, dit l’Apocalvpse,
jj Satan sera délié ; il sortira de sa pri-
î) Son, séduira les Nations qui sont aux
» quatre coins du Monde, et il les assem-
u blera pour combattre. Leur nombre
u égalei'a celui du sable de la xuer. Je
jj les vis se répandre sur la surface de
jj la Terrei, environner le camp des
jj Saints et la Sainte Cité.
La Théologie des Perses suppose pareillement
, qu’Abriman et son armée
infestent toute la Nature, le Ciel, la
Terre et tous les élémens. Ahriman,
.disent-ils (6), alla sur le Feu et en fit
sortir une fumée ténébreuse ; il se mêla
aux Planètes et se mesura avec le Ciel
(4) Bîonys. -1. 1. v. 178. etc. jusqu'à 253.
(5) De Isid. p. 37.
(6) Boundesh , ibid. 335,